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Plus de 600 000 véhicules électriques circulent actuellement sur les routes canadiennes. Pourtant, il n’y a pas de cadre légal fédéral pour recycler leurs batteries une fois qu’elles arriveront en fin de vie.
Il n'y a vraiment aucun régime réglementaire ou politique sur le sujet en Amérique du Nord, a déclaré Mark Winfield, professeur de changement environnemental et urbain à l'Université York de Toronto et coprésident de l'Initiative pour l'énergie durable de l'université, lors d'une entrevue avec CBC.
M. Winfield étudie les réglementations autour des batteries de véhicules électriques. Selon ses calculs, basés sur les nouvelles immatriculations annuelles de véhicules électriques (VE) au Canada depuis 2011, au moins 93 000 batteries de VE seront prêtes pour le recyclage d'ici 2040. Puis, entre 2040 et 2045, 500 000 batteries supplémentaires qui arriveront en fin de vie. Ces projections supposent une durée de vie de 12 ans dans un véhicule et une deuxième vie de 10 ans.
Les ventes de VE continuent de grimper au Canada. Les véhicules électriques représentaient 17 % de toutes les nouvelles voitures vendues en 2024. L'année dernière, plus de 270 000 nouvelles immatriculations ont été émises au Canada pour des véhicules électriques ou hybrides rechargeables.
Or, l’industrie du recyclage au pays est en situation précaire, si on en juge par la faillite de Li-Cycle. L’entreprise basée à Toronto était l'un des plus gros acteurs du recyclage de batteries de véhicules électriques en Amérique du Nord. Elle a délaré faillite le mois dernier aux États-Unis et au Canada.

Des batteries de VE en attente de recyclage à l'usine Li-Cycle de Kingston, en Ontario, en 2022. L'usine, qui a ouvert en 2019, a fermé en 2024. L'entreprise basée à Toronto a demandé la protection contre la faillite aux États-Unis et au Canada en mai.
Photo : Radio-Canada / Carly Thomas/CBC
Un « Far West »
La faillite de Li-Cycle est un signe que le marché ne peut pas soutenir l'industrie sans un cadre légal gouvernemental approprié, selon certains experts. Ils suggèrent que ce cadre offre une structure, mais aussi force une demande, ce qui devient un incitatif pour les entreprises qui peuvent offrir ces services.
« C'est un Far West », selon M. Winfield. Ce qui pousse généralement le type de stabilité et la fondation pour ce genre d'entreprise n'est tout simplement pas là.
Or, le Canada s'est donné pour cible en 2023 de ne vendre que des véhicules neufs électriques à compter de 2035. Le professeur ajoute que dans une décennie, il y aura des dizaines de millions de batteries de VE en fin de vie à l'échelle mondiale.
Sans supervision
Les constructeurs automobiles affirment qu'ils s’occupent déjà du recyclage eux-mêmes. La plupart offrent des services de récupération des batteries de VE à l'échelle du pays. Plusieurs se sont associés à des usines de recyclage. Cependant, certains observateurs doutent du succès de ces initiatives en absence de supervision.
Au Canada, une poignée d’entreprises travaille à recycler les batteries usagées afin de retirer et réutiliser les matières premières qui sont si coûteuses.
Par exemple, la compagnie québécoise Lithion Technologies est devenue le partenaire principal et officiel pour la collecte des batteries et modules de véhicules électriques en vue de leur recyclage de Hyundai en fin 2024.
Electra Battery Materials, basé en Ontario, mène aussi un essai de recyclage réussi depuis 2022. L'entreprise n'a cependant pas encore atteint la production commerciale. Elle vise à construire une nouvelle usine en coentreprise avec Three Fires Group dans le Nord de l'Ontario. Cette installation pourrait commencer à recycler des batteries de VE en 2027, selon l'entreprise.
Autre exemple : en Colombie-Britannique, RecycLiCo Battery Materials Inc. affirme avoir vérifié de manière indépendante que son matériau récupéré répond aux exigences de qualité pour la fabrication de batteries. Elle n'en est cependant pas encore au stade de vendre ses minéraux recyclés dans la chaîne de fabrication.
Comment est-ce que ça fonctionne?
Le recyclage des batteries lithium-ion qui alimentent les VE se déroule en deux étapes. D'abord, les batteries sont déchiquetées en une substance appelée masse noire. Cette substance contient des minéraux critiques comme le cobalt, le nickel et le lithium. Ensuite, les minéraux sont extraits de la masse noire, raffinés et vendus pour fabriquer de nouvelles batteries.

La masse noire est un mélange de lithium, de nickel et de cobalt obtenu en déchiquetant et en broyant les batteries de VE. Ici, un employé présente la matière à l'usine de Li-Cycle de Kingston en 2022.
Photo : Radio-Canada / Carly Thomas/CBC
La clé est de vendre dans la chaîne d'approvisionnement des batteries, a expliqué Maria Kelleher, consultante environnementale qui a déjà travaillé avec Environnement et Changement climatique Canada sur la gestion du recyclage des batteries de VE. Elle note que le matériau recyclé extrait de la masse noire doit être de qualité constante pour que les fabricants l'utilisent.
Le recyclage peut devenir vraiment lucratif si les entreprises peuvent garder une excellence de manière constante, selon Mme Kelleher.
L'extraction de minéraux à partir de la masse noire pour fabriquer de nouvelles batteries reste principalement concentrée outre-mer. Elle se déroule surtout en Chine et en Asie du Sud-Est, où l'industrie du recyclage des batteries de VE s'est développée en parallèle de sa fabrication.
Une deuxième vie
Mme Kelleher ajoute que l’avalanche de batteries en fin de vie qui attend le Canada n’est pas pour demain.
Lors de leur construction, les premières batteries de VE devaient durer huit ans. Maintenant, elles ont une durée de vie de 12 à 15 ans. Et même après avoir été retirées des véhicules, ces batteries conservent 80 % de leur capacité. Elles peuvent être utilisées pendant une dizaine d'années supplémentaires lorsqu'elles sont réaffectées, selon des rapports de l'industrie et les experts.
C'est ce que Moment Energy, basée à Vancouver, tente d'accomplir. L'entreprise s'associe avec des constructeurs automobiles et des concessionnaires pour réaffecter les anciennes batteries de VE à des systèmes de stockage d'énergie.

Les systèmes de stockage d'énergie par batterie Luna de l'entreprise britanno-colombienne Moment Energy sont faits de multiples batteries de VE. Ils peuvent fournir une alimentation de secours pendant les pannes, gérer la demande de pointe d'électricité et stocker l'énergie intermittente du vent et du solaire. (Photo d'archives)
Photo : offerte par Moment Energy
Pour que cela soit vraiment rationalisé, je pense qu'avoir une politique fédérale aiderait beaucoup, a déclaré Sumreen Rattan, cofondatrice et directrice de l'exploitation de Moment Energy, lors d'une entrevue avec CBC.
Mme Rattan affirme que la demande pour leurs services est en hausse et s’attend à un important pic en 2030.
Des gouvernements reculent
Par courriel, Environnement et Changement climatique Canada explique que la gestion des batteries de VE en fin de vie relève des provinces et territoires. Le ministère a ajouté que les projets de recyclage de VE sont admissibles à un crédit d'impôt pour la technologie propre. Ils peuvent aussi recevoir du financement fédéral par le biais du Fonds d'innovation stratégique, qui a défini les minéraux critiques comme une priorité.
En 2021, la Colombie-Britannique avait décidé d’ajouter les batteries de VE à son programme obligatoire de responsabilité des constructeurs d'ici 2026. Or, la province a changé d’idée.
Le ministère provincial de l'Environnement et des Parcs a expliqué par courriel que le changement est venu après consultation avec l'industrie et d'autres parties touchées . Il cite aussi des changements mondiaux importants dans le marché des batteries de véhicules électriques en évolution rapide. Le ministère a aussi dit qu'il pourrait explorer une consultation supplémentaire.
Environnement et Changement climatique Canada a aussi souligné un programme volontaire de récupération de batteries lancé au Québec en 2023. Ce programme permet aux consommateurs de contacter des constructeurs automobiles partenaires pour qu’ils récupèrent les batteries.
Du côté de l'Ontario, un porte-parole a déclaré par courriel que le gouvernement provincial n'a pas de plans pour inclure les batteries de VE dans les exigences imposées aux constructeurs. La province dit que ces batteries sont détournées des sites d'enfouissement grâce à des initiatives volontaires.
Un modèle européen
Le professeur Mark Winfield dit que les réponses des gouvernements sont vraiment très choquantes et qu’elles démontrent que la situation est encore pire qu'en 2023, période à laquelle il travaillait pour la première fois sur un rapport évaluant le cadre légal de gestion de ces batteries.
Il veut voir le Canada suivre l'exemple de l'Union européenne. En 2023, celle-ci a créé des exigences : une déclaration d'empreinte carbone pour les batteries de VE, des responsabilités pour les constructeurs et un passeport de batterie pour établir un dossier numérique transparent pour le cycle de vie de chaque batterie, entre autres.
L'Union européenne a aussi imposé des minimums pour la quantité de contenu recyclé qui doit être incluse dans les nouvelles batteries à partir de 2031.
Cela fournit un cadre de stabilité pour le secteur, un ensemble de règles qui disent : "Oui, il y aura un besoin pour ces types de services, et il y aura des règles pour les encadrer", a déclaré M. Winfield.
Mme Kelleher ajoute que la mise sur pied de ces réglementations stimulerait l'investissement et aiderait les projets naissants à se développer commercialement au Canada et en Amérique du Nord.
Si le gouvernement dit que vous devez avoir du contenu recyclé [dans les nouvelles batteries], cela fournit aux recycleurs une certitude, parce que les entreprises [doivent acheter un tel] produit.
M. Winfield conclut que nous devons agir maintenant pour avoir l'infrastructure nécessaire pour traiter les batteries usagées qui sont sur le point d'entrer dans l'univers du recyclage : il y en a beaucoup et elles atteindront la fin de vie toutes en même temps.
Sinon, ce serait un manque de prévoyance monumental.
D'après les informations de Alexandra Mae Jones de CBC