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L'opposition au projet de site d’enfouissement de déchets nucléaires à Chalk River ne faiblit pas. Une coalition de leaders autochtones et d'élus s’est réunie lundi matin à Montréal pour dénoncer ce projet d’installation de gestion des déchets près de la surface (IGDPS) situé du côté ontarien de la rivière des Outaouais.
Cela fait près de 10 ans que la communauté de Kebaowek, au Témiscamingue, s’oppose farouchement à la construction d'un tel site et mène un combat devant les tribunaux contre l'organisme responsable du projet, les Laboratoires nucléaires canadiens (LNC).
Le chef de la Première Nation, Lance Haymond, a répété en conférence de presse les craintes de sa communauté quant aux risques de contamination de l’eau et aux effets sur la biodiversité d’un tel projet, qui ne respecterait pas les droits des Premières Nations, selon lui.
Plusieurs intervenants ont ajouté leur voix pour appeler les gouvernements du Québec et du Canada à rejeter le projet.
Pour le nouveau chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Francis Verreault-Paul, un tel projet constitue une menace pour nos eaux, nos droits, nos cultures, nos modes de vie traditionnels.
Où est le consentement préalable, libre et éclairé des Premières Nations, qui est au centre de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones? a-t-il demandé en conférence de presse.
Il s’agit selon lui d’un choix entre défendre la vie et l’eau ou protéger l’industrie nucléaire.
Le gouvernement du Québec interpellé
Manon Massé, porte-parole de Québec solidaire en matière d’Affaires autochtones, a profité de la conférence de presse pour interpeller directement le premier ministre du Québec, François Legault, le ministre de l'Environnement, Benoit Charette, et le ministre responsable des Relations avec les Premières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière.
Comment ça, ces gens-là ne réagissent pas à un tel projet? a-t-elle lancé. C’est immoral et c’est inhumain d’accepter qu’on mette en péril comme ça les Québécois et les Québécois.
À la publication de ces lignes, le cabinet du ministre de l’Environnement n’avait pas répondu à nos questions.
Ça n'a aucun bon sens qu'un tel projet soit aussi près d'une ressource si importante en eau, a ajouté de son côté Rébecca Pétrin, directrice de l'organisme Eau secours. Comment ça se fait que les gouvernements ne s’y opposent pas plus?
Un projet de longue haleine
Le projet d’installation de gestion des déchets près de la surface est un chantier lancé en 2016 par les Laboratoires nucléaires canadiens, un consortium du secteur privé chargé de gérer les sites nucléaires fédéraux.
Le site proposé par l’organisme accueillerait des déchets radioactifs de faible activité qui proviennent du site des Laboratoires de Chalk River, le plus grand complexe canadien de recherche scientifique sur le nucléaire, et d’autres sites canadiens.
Parmi ces déchets, on trouve notamment des sols contaminés ou encore des objets – serpillières, vêtements de protection, chiffons – qui ont été mis au rebut et qui ont été légèrement contaminés.
Les LNC soutiennent dans leur documentation que le projet ne représente pas de risque de contamination pour la rivière.
L’IGDPS est conçue pour protéger la rivière des Outaouais, et non pour lui nuire. L’eau potable en aval n’est pas à risque, peut-on lire dans le document de référence des LNC.
L’organisme assure aussi que la radioactivité présente dans le site retrouvera des niveaux présents naturellement dans une centaine d’années et que le site fera l’objet d’une supervision durant des centaines d’années.
Prévenir la contamination à long terme
Le président de la Coalition canadienne pour la responsabilité nucléaire, Gordon Edwards, a martelé lors de la conférence de presse que de tels déchets ne devraient pas être enfouis près de tout cours d’eau et a dit craindre une contamination sur le long terme.
L’activiste octogénaire a cité l’exemple d’une mine de sel désaffectée en Allemagne, qui avait été utilisée comme dépotoir de déchets nucléaires de faible activité.
Au bout de 20 ans, des particules radioactives ont commencé à s’infiltrer dans l’environnement et à contaminer l’eau malgré toutes les précautions.
Au lieu de prétendre que ce n’est pas un problème ou qu’il est résolu, nous devons considérer que nous avons une responsabilité intergénérationnelle. On ne devrait pas penser à simplement abandonner de manière permanente ces déchets. Je ne pense pas que nous ayons des connaissances scientifiques suffisantes pour faire cela, explique-t-il en entrevue.
Début 2024, des rejets d'eaux usées toxiques avaient d’ailleurs été constatés sur le site de Chalk River.
Un projet contesté en cour
En 2024, la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN) a annoncé qu'elle donnait son feu vert à la construction de l'IGPDS.
Cette décision a été contestée en justice avec succès par la communauté de Kebaowek.
La Cour fédérale a tout d’abord donné raison à la communauté à propos du manque de consentement préalable, libre et éclairé dans le dossier, ce qui ne respecte pas la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée et codifiée par Ottawa en 2021.
Nous n’avons jamais donné notre consentement au projet et nous n’avons jamais été consultés, a rappelé le chef, Lance Haymond.

Le chef de la Première Nation de Kebaowek, Lance Haymond
Photo : Radio-Canada / Pierre Chapdelaine de Montvalon
Les Laboratoires nucléaires canadiens ont porté la décision en appel, mais ont tout de même entamé un processus de consultation avec la Première Nation.
C’est difficile de discuter avec les représentants des LNC sur les paramètres d’un processus de consultation, quand de l’autre côté, leurs avocats se battent contre nous en cour, déplore en entrevue Lance Haymond.
Le gouvernement ne peut pas parler de réconciliation tout en faisant appel des décisions de justice.
Par écrit, la Commission canadienne de sûreté nucléaire indique s’être engagée à collaborer avec la Première Nation de Kebaowek et les LNC pour appliquer la directive de la cour de façon transparente et judicieuse. Nous travaillons avec la Première Nation de Kebaowek et les LNC à l’élaboration d’un processus de consultation axé sur la collaboration et conforme à la directive de la cour.
Par ailleurs, la Cour fédérale a aussi reconnu que la CCSN n’avait pas suffisamment examiné les lieux et autres options pour l’emplacement du dépotoir de déchets nucléaires, ce qui pourrait porter atteinte à des espèces en voie de disparition. La Commission a aussi porté la décision en appel.
Une troisième action en justice de groupes de citoyens et de scientifiques opposés au projet avait été rejetée par la Cour fédérale.
Neuf autres communautés anishnabeg appuient le combat de Kebaowek contre la mise en œuvre d’un tel site, ainsi que des dizaines de municipalités du Québec.
Pikwakanagan, une communauté anishnabe située de l’autre côté de la rivière des Outaouais, en Ontario, appuie pour sa part le projet.
Avec les informations de La Presse canadienne