La période estivale approche à grands pas et la température monte entre les murs des établissements scolaires du Centre de services scolaires (CSS) des Rives-du-Saguenay. Avec la chaleur, deux mères d'enfants vivant avec un handicap dénoncent l'absence de climatisation dans les locaux qu'ils fréquentent.

À plusieurs reprises, Karolane Potvin et Marie-Ève Thibeault ont dû retirer leurs enfants, Eliott Girard, 8 ans, et Rosalie Thibeault-Foster, 7 ans, afin d’éviter les répercussions sur leur santé.

Les deux enfants fréquentent le Centre ressources de l’École secondaire L’Odyssée-Dominique Racine depuis deux ans. Ils font partie de la première cohorte d’élèves du primaire à intégrer l’établissement.

Eliott est atteint d’une maladie génétique rare, l'épilepsie dépendante à la vitamine B6. Il est également autiste et atteint d’une déficience intellectuelle.

Rosalie est quant à elle non verbale, autiste et épileptique, en plus d'avoir un système immunitaire et un système respiratoire déficients. Elle est aussi atteinte d’une atrophie musculaire.

Lorsqu’ils sont exposés à une chaleur excessive, l’état de santé des deux enfants se détériore, occasionnant entre autres des crises d’épilepsie, des malaises, des vomissements.

En raison de la récente vague de chaleur au Saguenay-Lac-Saint-Jean, les enfants ont été retirés de l’école par leur parent en mesure préventive. L’an dernier, à pareille date, les deux enfants ne se sont pas présentés au Centre Ressources à plusieurs reprises.

La seule méthode pour aider ma fille a été de me la renvoyer à la maison , déclare la mère de Rosalie, Marie-Ève Thibeault. La direction et le centre de service sont aux courants des problèmes de santé de nos jeunes et malgré tout ça, ils ne font rien!

Les deux mères rappellent que l’accès à la climatisation dans les écoles est un débat qui revient chaque année dans les médias.

La chaleur est pénible pour tout le monde, mais imaginez quand ce sont des enfants qui ne peuvent pas parler, qui ne peuvent pas dire qu’ils ont soif, qui sont obligés de rester dans leur fauteuil roulant ou leur poussette adaptée, que les impacts sont tellement forts que nous devons les retirer de l’école, insiste la mère d'Elliot, Karolane Potvin.

Le personnel enseignant est aussi sollicité pour trouver des solutions. L'année dernière, pour rafraîchir les élèves, l'enseignante de leurs enfants avait installé une piscine en plastique remplie de glaçons au centre de la classe, racontent les deux mères.

Malgré ces efforts, le retrait des enfants est parfois nécessaire, ce qui amène plusieurs contraintes et une charge supplémentaire sur les épaules de leurs familles. L’école est souvent leur seul moment de socialisation et notre seul moment de répit, soulève Karolane Potvin.

Les deux femmes lancent un cri du cœur, mais Marie-Ève Thibeault assure qu'elle ne veut pas partir en guerre contre le CSS.

Ce qu’on veut, c’est le bien-être de nos enfants. Je pense que tout ce qu’on veut c’est qu’ils soient bien. On leur demande d’agir avec leur cœur. Il doit y en avoir qui sont parents, s’ils avaient des enfants [avec des besoins particuliers], ils feraient le même combat que nous, lance-t-elle.

Pas possible de climatiser, selon le CSS

Des parents ont sollicité à plusieurs reprises la direction de l’école et le CSS des Rives-du-Saguenay pour trouver une solution face à la chaleur. Aucune école du Centre n’a de système de ventilation en raison de l'ancienneté des bâtiments.

Afin de subvenir aux besoins de leurs enfants, des parents ont offert de payer pour un climatiseur, mais l’offre a été refusée par le CSS.

C’est une très belle initiative de leur part. On sait qu’ils font ça de bon cœur, mais malheureusement, le système électrique de l'établissement fait en sorte qu’on ne peut pas accueillir un système de climatisation. Il y a aussi un enjeu de fournisseur et il faut aussi avoir l’équipement de réparation s’il y a des bris, explique la conseillère en communication du CSS, Léanne Châteauneuf.

Léanne Châteauneuf est conseillère en communication au Centre de services scolaire des Rives-du-Saguenay. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Myriam Gauthier

Mme Châteauneuf indique que le CSS achète des friandises glacées, des caisses d’eau pour les élèves et des ventilateurs portatifs. Les fenêtres sont ouvertes le matin afin de faire circuler l’air frais dans les classes et les toiles sont baissées toute la journée.

On est vraiment à la recherche de solutions. Il est vrai que pour nos élèves à besoins particuliers, c’est une situation qui est assez complexe. On sait que la chaleur dans les écoles, quand l’été s’en vient, c’est très présent. Il y a des mesures d’atténuation qui sont mises en place, précise-t-elle.