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« Exploiter les grands fonds, c’est prendre le risque de voir remonter à la surface tout un tas de saloperies »

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Françoise Gaill est biologiste et océanographe. Elle a passé une vie entière à essayer de comprendre ce qui se joue au fond des eaux. Aujourd’hui, plus que jamais, elle se bat pour faire entendre la voix de la science. Et donner aux décideurs les moyens d’agir pour sauver l’océan.

Sa première campagne océanographique ne date pas d'hier, mais du tournant des années 1970... de l'époque où la France se lançait dans la recherche sur les environnements profonds... de l'époque de la découverte des sources hydrothermales. Et c'est au début des années 1980 qu'elle participe à sa première plongée, invitée par les États-Unis à l'une des toutes premières missions d'exploration dans le Pacifique. Une descente vertigineuse à plus de 2 500 mètres.

« Je menais des expériences au fond pour essayer de comprendre à quelle vitessevitesse ces cheminéescheminées se forment. Pour comprendre aussi comment le vivant s'y développe. Puis un jour, nous avons eu vent d'un programme développé par une agence américaine. L'idée : mettre deux sous-marins russes à disposition de touristes pour leur permettre de visiter des sources hydrothermales. »

À l'évocation de ce souvenir, Françoise Gaill ne trouve toujours pas les mots. « Pour moi, ça a été un coup de tonnerre. Je n'arrivais pas à y croire. Alors que nous commencions seulement à découvrir les grands fonds, quelques-uns étaient prêts à tout risquer - rappelons-nous du récent drame du submersible à visée touristique TitanTitan et des cinq morts qu'il a laissés au fond de l'océan -, y compris de détruire ces écosystèmes, que nous savions déjà fragiles. C'est à partir de là qu'est née l'idée d'un code de conduite pour l'exploration des grands fonds océaniques. »

Une Autorité internationale des fonds marins (AIFM) a alors été créée par les Nations unies en 1994. Dans les années 1990 également, la convention de Montego Bay est entrée en vigueur. Une soixantaine d'États ont signé ce texte qui fait des grands fonds, un patrimoine commun de l'humanité.

On aurait pu croire que cela allait suffire à mettre les grands fonds à l'abri. Mais cela n'a pas été le cas. Sous couvert d'urgence climatique, certains se montrent de plus en plus pressants. Ils veulent exploiter les précieuses ressources qui se cachent dans les profondeurs des océans. Pas plus tard que fin mars dernier, l'entreprise canadienne The Metals Company a demandé un permis d'exploitation minière dans le Pacifique. Un mois plus tard, Donald Trump signait, de son côté, un décret visant à faire des États-Unis - qui n'ont pas ratifié la convention de Montego Bay et « qui peuvent donc faire exactement ce qu'ils veulent » - le leader mondial de l'exploitation minière des grands fonds marins.

Le cruel besoin d’arguments scientifiques

Françoise Gaill, celle qui est devenue une experte reconnue des écosystèmes abyssaux, elle, n'a rien perdu de sa passion. Ni de son engagement. « Ce dont nous avons besoin aujourd'hui, c'est d'arguments concrets, scientifiques. D'une position commune. D'un cadre de référence sur lequel nous appuyer pour convaincre le monde qu'exploiter les grands fonds n'est pas la meilleure idée qui soit », explique-t-elle.

C'est dans cet esprit qu'un comité scientifique international (composé de biologistes, d'océanographes, mais aussi d'économistes ou de juristes) regroupé autour d'elle et de Bruno DavidBruno David, ancien président du Muséum d'histoire naturelle, vient de demander un moratoiremoratoire de 10 à 15 ans sur l'exploitation des profondeurs. « L'idéal, ce serait que 60 États au moins signent ce moratoire. Cela laisserait le temps à l'AIFM d'établir un code minier, des règles d'usage de ces grands fonds. Et parallèlement, d'aller explorer ces zones pour mieux comprendre ce qui s'y joue. C'est crucial pour mesurer les risques que nous prendrons à fouiller dans les profondeurs. Nous disposons désormais d'outils qui nous permettent d'aller bien plus loin que par le passé. Des drones, des nouveaux capteurscapteurs, l'analyse de l'ADNADN environnemental. Si nous y mettons les moyens, dans dix ou quinze ans, nous devrions pouvoir brosser un portrait assez fidèle des grands fonds marins. »

Les effets de nos activités sur les fonds marins

Déjà, de premières études font état de perturbations non négligeables. Et qui plus est, durables. Des chercheurs du Centre national d'océanographie de Southampton (Royaume-Uni), par exemple, se sont rendus sur les lieux d'une expérience d'exploitation dans les profondeurs du Pacifique. Une expérience menée en 1979. Et ils ont découvert, 44 ans plus tard, que le sol ne s'était toujours pas remis de ses blessures. « Ce n'est pas très étonnant lorsque l'on sait que ces paysages mettent des millions d'années à se former. »

Ce que des scientifiques ont découvert à 5 000 m de profondeur glace le sang

Une équipe de l'université d'Utrecht (Pays-Bas) rapporte, elle, que l'exploitation minière des fonds marins donnerait naissance à de gigantesques nuagesnuages qui déplaceraient des sédimentssédiments toxiques susceptibles de gravement nuire aux animaux présents dans les quelques kilomètres alentour.

L’exploitation minière crée des nuages de poussières toxiques qui empoisonnent l’océan

Et il se pourrait bien que tout cela ne mette pas seulement en danger la vie de quelques obscurs animaux des profondeurs. « Comment imaginer qu'une exploitation minière des grands fonds puisse être sans conséquence alors que l'océan est connecté ? Il existe des courants qui remontent des choses jusqu'à la surface. Des virus pourraient être libérés. Des "saloperies" susceptibles d'affecter l'ensemble de la chaîne alimentairechaîne alimentaire. Et pourquoi pas, même, la santé humaine, prévient Françoise Gaill. Tant que nous n'en savons pas plus, le scénario reste hypothétique. Toutefois, en l'état actuel des connaissances, c'est sûr, exploiter les grands fonds reviendrait à jouer aux apprentis sorciers ».

Les moyens d’agir concrètement et rapidement

D'un point de vue économique aussi, l'idée soulève une question. « Il y a encore pas mal de choses à faire sur les terresterres émergées. Et puis, l'exploitation des grands fonds, c'est loin d'être rentable. Il n'y a que des fous aujourd'hui pour penser que c'est une bonne idée d'investir dans ces technologies », assure la biologiste océanographe.

Mais des fous, il y en a toujours eu. Alors, Françoise Gaill continue de se battre. Avec Tanya Brodie Rudolph, juriste sud-africaine, elle est notamment à l'origine de l'International Platform for Ocean Sustainability (Ipos) qui sera officiellement lancée à l'occasion de la prochaine conférence des Nations unies sur l'océan - Unoc, Nice du 9 au 13 juin 2025. Son objectif sera de proposer un panel de services aux États. « Parce que nous sommes convaincus que c'est à leur niveau qu'il faut agir. Nous voulons leur donner les moyens d'aller plus vite, vers des actions concrètes et réalisables, fondées sur la connaissance scientifique. » C'est le travail qui a été fait avec le Costa Rica, par exemple, autour des aires marines protégées et des pêcheurs artisanaux.

Le saviez-vous ?

Peu d’études se sont penchées sur l’impact sur la biodiversité des câbles posés sur le fond des océans. C’est un autre sujet qui intéresse la biologiste océanographe Françoise Gaill. Compte tenu, notamment, de leur densification continue.

« Car, à parler d'exploitation minière de l'océan, il ne faudrait pas en oublier les autres types d'exploitations auxquelles nous allons devoir être attentifs. » Et celle à laquelle pense immédiatement Françoise Gaill, c'est surtout celle qui consisterait à injecter du CO2 dans les profondeurs pour stocker l'excédent de ce gaz à effet de serre que nous continuons à émettre dans l'atmosphèreatmosphère. L'idée est d'ores et déjà testée au Royaume-Uni, par exemple : le projet Poseidon, mené par le pétrolier Perenco.

« Les États-Unis investissent beaucoup dans le domaine. Et les climatologuesclimatologues sont plutôt pour. Parce qu'ils estiment aujourd'hui que nous n'avons plus le choix face à l'urgence climatique. Mais pour nous, les biologistes, les choses ne sont pas si simples. Nous aimerions que tout le monde garde à l'esprit que le vivant est fragile et qu'il est de notre devoir de le protéger. » Le message est passé...

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