Selon une récente étude menée aux États-Unis, un recours trop régulier aux intelligences artificielles génératives ne nous aide pas à penser, bien au contraire. Autrement dit, déléguer trop de tâches à ces IA fait que notre cerveau travaille moins, ce qui est potentiellement une source d’inquiétude.
ChatGPT modifie notre appréhension des tâches individuelles
Depuis la fin de l’année 2022, l’apparition de ChatGPT et quelques autres grands modèles de langage (LLM) a bouleversé le quotidien de nombreuses personnes. Les principales tâches assumées par ces chatbots sont : la recherche d’informations, l’assistance à la rédaction, l’aide à la programmation et au développement, le tutorat et l’aide à l’éducation, entre autres.
Dans une quête de gain de temps et de facilité, les utilisateurs ne délègueraient ils pas un peu trop, au point que ceci nuise à leur cerveau ? Peut-être, selon une étude publiée sur la plateforme arXiv le 10 juin 2025. Selon les chercheurs de MIT Media Lab de Cambridge, ChatGPT n’aide pas à la réflexion. Dans le cas d’une utilisation très régulière, notre manière d’aborder les tâches individuelles évolue et visiblement, pas dans le bon sens.
Avant d’aller plus loin, il est essentiel de souligner le fait qu’il est ici question d’une pré-publication. Autrement dit, l’étude des chercheurs étasuniens n’a pas encore été validée par des pairs et par conséquent, les résultats sont à prendre avec des pincettes. Néanmoins, ces mêmes résultats semblent assez inquiétants et devraient ouvrir la voie vers d’autres travaux du même genre sur des populations plus larges.

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Crédits : Galeanu Mihai / iStockDes connexions mentales qui s’affaiblissent
Dans le cadre de leurs recherches, les auteurs ont testé 54 adultes âgés de 18 à 39 ans sur une période de quatre mois. Une fois par mois, les chercheurs ont imposé aux volontaires un sujet à traiter en rédigeant un court texte argumentatif. Ces participants ont été dispersés en trois groupes : ceux utilisant ChatGPT en qualité d’assistant, ceux ayant seulement le droit de s’aider de Google et enfin, ceux ayant la contrainte de rédiger leur texte sans aucune aide. Lors de chaque session, les participants on vu leur activité cérébrale analysée via un électroencéphalogramme (EEG).
« Nous avons constaté que le groupe ‘cerveau seul’ présentait une forte variabilité dans la manière dont les participants abordaient la rédaction de dissertations, sur la plupart des sujets. En revanche, le groupe ‘LLM’ a produit des dissertations statistiquement homogènes sur chaque sujet, affichant des écarts significativement moindres par rapport aux autres groupes. », peut-on lire dans l’étude.
Selon les chercheurs, les connexions mentales des participants ayant recours à ChatGPT se sont progressivement affaiblies au fil des sessions, comme en témoigne l’observation d’une sous activation des réseaux alpha et bêta. Or, ces deux zones du cerveau jouent un rôle important dans l’effort de cognition, la concentration mais également, l’attention. Les résultats ont montré que les personnes de ce groupe faisaient de moins en moins appel à leur capacités mentales, comme si l’IA avait pris le relais de leur activité intellectuelle.