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À la pourvoirie du lac Holt, il fait beau « presque tous les jours » selon le gérant de l’endroit, Luc Brousseau. Sauf que le 20 juin, le vent tourne. L’hôte se retrouve aux premières loges d’un drame face auquel il déploie toute son humanité.
Le lac Watshishou, blotti au cœur de la pourvoirie du lac Holt en Minganie, jouit normalement d'une quiétude sans égale. Située à 40 kilomètres du fleuve et bordée par les montagnes, la pourvoirie est seulement accessible par hydravion. Les gens y viennent pour pêcher – la ouananiche, entre autres, tel que l’explique Luc Brousseau.
Je les accueille comme de la visite. On n'est pas là pour être millionnaires, on est là pour avoir du plaisir, mentionne-t-il au micro de Bonjour la côte vendredi.
C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’il accueille à la mi-juin un couple venant de Old Orchard, aux États-Unis. Luc Brousseau rapporte que leur séjour est rapidement freiné lorsque la femme perd pied dans un escalier et se blesse, au point où elle reste alitée pendant deux jours, incapable de se lever.

C'est la chute d'une patiente dans ce chalet de la pourvoirie du lac Holt qui a forcé un transport pré-hospitalier d'urgence d'une équipe d'Airmedic.
Photo : Gracieuseté / Luc Brousseau
Le gérant d’expérience n’avait jamais eu à appeler Airmedic auparavant, mais ce jour-là il saisit le téléphone. C’est le lendemain que l’équipage de l’entreprise de transport médical, composé de quatre membres, atteint la pourvoirie secouée par des conditions météorologiques peu favorables.
Luc Brousseau assiste alors au travail de l’équipe de secours, qui transporte la patiente à bord de l’hélicoptère.
Dehors, la pluie et le vent s'abattent sur le lac Watshishou. C’était comme un noir total, on ne voyait rien, se rappelle l’homme de 60 ans.
L’hélicoptère et ses cinq passagers quittent alors Luc Brousseau, qui du balcon de son chalet d’accueil voit l’appareil décoller, éclairant autour de lui la cime des arbres.
Puis, il assiste à l’écrasement. Même pas une minute après le décollage, l'hélicoptère est descendu directement dans le lac, environ 700 mètres en avant de mon pavillon d’accueil, raconte-t-il.
Et le temps s’est arrêté.
Le choc laisse toutefois rapidement place à l'action. Le réflexe que j'ai eu à ce moment-là, c’est [de me mettre] à la place de la personne qui est de l’autre côté, réaction forgée par des années de travail en milieu éloigné, au cœur de la forêt.

Selon le guide et gérant de la pourvoirie Holt Luc Brousseau, le territoire entourant le lac Watshishou est montagneux et très boisé.
Photo : Gracieuseté / Luc Brousseau
Luc Brousseau ne tarde donc pas à se diriger vers le lac, plongé dans la pénombre bien installée. J'ai démarré une chaloupe. C'est la nuit, on ne voit rien. La seule chose que j'ai aperçue, c'était une petite lumière qui clignotait. J'ai su à ce moment-là qu'il y avait quelqu'un.
Guidé par cet espoir à travers la houle et la pluie, Luc Brousseau retrouve un homme tellement en état de choc qu’il ne s’était pas rendu compte que j'étais là. Après que le rescapé soit monté à bord, le duo se met à tourner en rond, à scruter, à chercher les autres passagers, en vain.
Il n’y avait rien, il n’y avait plus rien. Aucune personne qui essayait de rejoindre la rive. Juste des vagues et la pluie.
Les deux hommes reprennent alors le chemin du chalet, où une longue nuit les attend. Une nuit que Luc Brousseau a passé à réchauffer le pilote qui a réussi à s’extirper de l’appareil, en état d'hypothermie. Le guide lui offre une douche, du café, la chaleur de son poêle à bois, mais aussi du réconfort.
J’en ai pris soin toute la nuit. On a vécu un moment assez intense.
Tout déboule par la suite. L’arrivée des renforts dès 2 heures du matin. Les recherches de l’armée et de la Sûreté du Québec. Le transport du pilote et du mari de la patiente. L’attente.
Et pendant ce temps, Luc Brousseau reste sur place. Entre autres pour guider les équipes de plongeurs sur son lac, qu’il connaît si bien, et parce qu'il ne se voit pas faire autrement.
J’ai voulu rester pour contribuer, et j’ai voulu rester aussi parce que la vie continue.
C’est d’ailleurs ce qui arrive dans les jours qui suivent l'incident. Les équipes de recherche trouvent un premier corps le 24 juin, puis le lendemain, les trois dernières personnes qui manquent à l’appel. Ensuite, les spécialistes quittent la pourvoirie, qui retrouve un peu de sa quiétude.
Que je sois n’importe où, quand on a une peine, on ne peut pas se débarrasser de cette peine là.
Alors Luc Brousseau fait le choix de demeurer sur sa pourvoirie, de continuer à se tenir occupé avec des petits travaux. Et entre les coups de pinceau et de marteau, il reçoit quelques clients qui sont pour lui un baume, comme son récit des événements.
Maintenant, le beau temps est de retour à la pourvoirie du Lac Holt depuis l’incident. C’est toujours beau ici, répète Luc Brousseau. Oui il y a des vies qui ont arrêté, mais la mienne continue.
D’après une entrevue de Mathieu Pineau à Bonjour la côte