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Il y a quelques années, la fête du Canada traversait une grave crise identitaire.
En 2021, les appels à annuler la fête du Canada (#CancelCanadaDay) se multipliaient après que des résultats préliminaires d’une étude par géoradar menée sur un ancien pensionnat en Colombie-Britannique eurent révélé quelque 200 tombes possibles non marquées sur ce terrain désormais classé lieu historique national.
Quelques années plus tôt, en 2017, des manifestants du mouvement Idle No More (Fini la passivité) s'étaient rendus sur la colline du Parlement, demandant une journée nationale d’action baptisée UNsettling Canada 150 à l’occasion du 150ᵉ anniversaire du pays.
Mais en janvier dernier, Donald Trump a menacé d’annexer le Canada si celui-ci ne devenait pas volontairement le 51ᵉ État – une affaire qui a dominé l’actualité cette année.
Il y a un revirement soudain, cette année, remarque l’historien Matthew Hayday.

Deux feux d'artifices avaient été tirés à Ottawa le 1er juillet 2017, malgré les demandes d'annuler la célébration.
Photo : La Presse canadienne / Justin Tang
Cette menace envers la souveraineté canadienne a galvanisé la population, poursuit le directeur du département d’histoire de l’Université de Guelph. Cette année, il s’attend à des célébrations marquées par toute une rhétorique de "jouer des coudes" et de défense du Canada.
Les moqueries de Trump et ses tarifs douaniers bien réels alimentent peut-être un regain de patriotisme, mais alors que certains Torontois se rendent à Ottawa pour célébrer, des Autochtones affirment que leurs préoccupations demeurent et ne doivent pas être oubliées.
Le 1er juillet peut, d’une certaine façon, être un microcosme d’une année donnée, révélant l’humeur nationale, résume ainsi Matthew Hayday.
Une journée marquée par les tensions du moment
Plus tôt cette année, des Canadiens de partout au pays se sont mis à boycotter des produits américains ou à annuler leurs vacances aux États-Unis. Cette tendance est peut-être moins forte aujourd’hui, mais elle persiste.
Yao Ameyaw dit, par exemple, qu’il évite toujours de dépenser de l’autre côté de la frontière et qu’il se rendrait à Ottawa pour la fête du Canada. Il y a une certaine rancune, qu’elle soit exprimée ou non, entre nous et les États-Unis, dit-il.

Les propos de Donald Trump sur le Canada en début de l'année, et le fait qu'il vient de rompre les négociations commerciales avec le pays à quelques jours de la fête nationale insuffleront peut-être du patriotisme pour le 1er juillet.
Photo : Getty Images / Chip Somodevilla
Patrick Shea et sa femme se rendront eux aussi dans la capitale nationale. Il reconnaît que les relations entre le Canada et les États-Unis ont ravivé [chez les Canadiens] leur sentiment national et d’appartenance, mais espère que les tensions s’apaiseront bientôt. Ça passera peut-être comme un calcul rénal, mais ça va passer.
Pour Tira Cardinal, qui est Autochtone, ce jour férié est une occasion de passer du temps avec ses amis, mais elle ne célébrera pas.
Je vais porter un t-shirt orange le jour de la fête du Canada, dit-elle, ajoutant qu’elle n’est pas surprise que les questions autochtones ne soient pas au premier plan pour beaucoup de Canadiens, cette année.
Les gens suivent souvent les mouvements populaires. Malheureusement, je pense que c’est comme ça que la société fonctionne.
Brianna Olson-Pitawanakwat, membre de la Première Nation non cédée de Wiikwemkoong, explique qu’elle passera la journée à soutenir sa communauté et à mettre en lumière sa résilience et sa résistance.

Des marches Chaque enfant compte s'étaient tenues en 2021, comme ici, au centre-ville de Toronto.
Photo : La Presse canadienne / Christopher Katsarov
Elle est cofondatrice de la Native Arts Society à Toronto, une galerie et un atelier d’art consacrés à la célébration et à la présentation d’artistes autochtones, dont beaucoup sont survivants des pensionnats ou de la rafle des années 1960.
[Ces artistes] luttent contre le déracinement et méritent d’être honorés en ce jour, dit-elle.
Avec ce qui se passe aux États-Unis, il y a une forte poussée pour que le Canada se complaise dans cet hypernationalisme.
Je pense qu’il est vraiment important de reconnaître que les frontières du Canada d’aujourd’hui n’existeraient pas sans les peuples autochtones, poursuit-elle.
Des projets de loi récents vus comme défavorables aux Premières Nations
Déjà, ce regain de patriotisme – et de protectionnisme – a mené à des menaces contre la souveraineté autochtone, affirme Mme Olson-Pitawanakwat.
Elle compare le projet de loi 5 en Ontario au projet de loi C-45 de Stephen Harper, un projet de loi omnibus controversé qui modifiait la Loi sur les Indiens, la Loi sur la protection de l’environnement et la Loi sur la protection de la navigation, afin de faciliter l’approbation de pipelines sur les terres autochtones sans le consentement des Premières Nations visées.
Ce projet de loi de 2012 avait en partie déclenché le mouvement Idle No More, qui avait mené à des manifestations à travers le pays et aux appels à annuler la fête du Canada.

Des Snowbirds des Forces armées canadiennes volent à Ottawa, le 1er juillet 2024.
Photo : La Presse canadienne / Spencer Colby
Mme Olson-Pitawanakwat affirme que, comme le projet de loi C-45, le projet de loi 5 du gouvernement Ford permettra également d’accélérer et d’approuver des projets énergétiques sur les territoires autochtones sans l’aval local, notamment en matière d’exploitation minière dans le Cercle de feu.
Nous ne pouvons pas approuver ces projets sans un consentement libre, préalable et éclairé, dit Olson-Pitawanakwat.
Au fédéral, le premier ministre, Mark Carney, a indiqué que le projet de loi C-5 pourrait servir à approuver et à accélérer de nouveaux projets énergétiques, notamment des pipelines, des mines et d’autres initiatives liées aux ressources.
Il y a déjà des craintes et des oppositions dans certaines communautés autochtones quant à ce que cela signifiera pour le processus de consultation – même si MM. Carney et Ford promettent que leurs gouvernements feront une consultation.
En ce moment, il y a beaucoup plus de marge de manœuvre pour que divers acteurs agissent au nom du Canada, explique l'historien Matthew Hayday. Et par conséquent, les préoccupations autochtones, de façon plus générale, sont quelque peu mises de côté, ajoute-t-il.
D'après des informations de Britney Bilhete