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Dans leurs livres, Gabrielle Boulianne-Tremblay et Anuja Varghese font plus qu’aborder la diversité, de genre et culturelle, dans toutes ses nuances et réalités. Elles donnent à leurs personnages le droit plein et entier de sortir de l’ombre pour exister en pleine lumière.
Une transition vers l’amour de soi

«La fille de la foudre» permet de suivre la suite de la quête de bonheur de la protagoniste de Gabrielle Boulianne-Tremblay.
Photo : Radio-Canada / Valérie Lessard
La trajectoire par moments torturée et tortueuse de la protagoniste de Gabrielle Boulianne-Tremblay lui avait d’abord permis de naître à sa vraie nature dans La fille d’elle-même.
Cette fois, son alter ego nous revient dans La fille de la foudre, qui, tout en s’avérant une suite du premier titre, peut assurément s’apprécier indépendamment.
Ainsi, après avoir dans un premier temps répondu à la question Qui es-tu?, Gabrielle Boulianne-Tremblay et son héroïne trans apprivoisent comment être dans cette deuxième autofiction. Comment être femme, bien sûr, mais aussi comment être actrice et autrice, puisque son personnage est ici en pleine promo du long métrage dans lequel elle tient l’affiche et du processus d’écriture de ce qu’on devine être La fille d’elle-même.
Or, cette dernière a beau porter le pendentif de quartz rose de sa grand-mère et s’entourer d’autres pierres censées l’aider à voir clair en elle et chez les autres, elle apprend à la dure à assumer toutes ses facettes. Comme si elle n’arrivait pas encore vraiment à croire qu’elle mérite d’être aimée et de vivre dans une certaine sérénité.

Gabrielle Boulianne-Tremblay et sa protagoniste sont toutes deux fascinées par les pierres et leurs potentielles propriétés.
Photo : Gracieuseté des éditions Marchand de feuilles / Isabelle Lafontaine
De sa plume aussi crue que poignante, Gabrielle Boulianne-Tremblay nous fait d’ailleurs pleinement ressentir à quel point sa protagoniste n’a pas nécessairement trouvé la paix intérieure comme par magie, à la suite de sa transition.
Au contraire, elle n’est pas La fille de la foudre pour rien : son parcours demeure parsemé de violentes tempêtes, qui la rendent, oui, électrisante, mais qui la laissent aussi souvent électrisée.
Oui, je suis une femme trans. Oui, on me considère souvent comme moitié homme, moitié femme. Mais ça ne fait pas de moi pour autant une femme à moitié digne d’être aimée.
Plusieurs de ces tempêtes relèvent de l’intime, passant de sa dépendance aux hommes à sa dépendance à l’alcool, dont elle tente de se sevrer dans les deux cas.
D’autres tempêtes relèvent toutefois de la sphère publique, et témoignent de la lutte parfois épuisante contre la transphobie et le jugement des autres que ses ami.e.s, allié.e.s et elle doivent mener.
Mais si elle peut faire des ravages, la foudre permet aussi, heureusement, des rencontres éclairantes et apaisantes, porteuses de beauté et de calme. Ces rencontres font d’ailleurs autant de bien au lecteur qu’à l’autrice et son alter ego littéraire, laissant éclore l’espoir d’une vie dans laquelle les deux femmes aux trajectoires si intrinsèquement liées peuvent enfin aspirer à briller de tous leurs feux.
Tenir le premier rôle dans sa vie

Le recueil de nouvelles «Chrysalide» d’Anuja Varghese est maintenant disponible en français, dans une traduction signée par l’écrivaine Mélissa Verreault.
Photo : Radio-Canada / Valérie Lessard
Publiée en 2023, la version originale anglaise de Chrysalide, le tout premier livre d’Anuja Varghese, lui a notamment permis de remporter un Prix du Gouverneur général.
Et on comprend rapidement pourquoi, quand on plonge dans les foisonnants univers érotico-fantastico-féministes et queers dans lequel elle fait évoluer sa galerie de personnages. En plus de représenter les diverses réalités de la communauté LGBTQ2+, toustes partagent un autre point commun : incarner celles, tout aussi variées, de la diaspora sud-asiatique, soit indienne, pakistanaise et sri-lankaise, par exemple.
Il y a des personnes qui le font : ouvrir leur couple et négocier des règles et s’inscrire dans un conte de fées polyamoureux où même les méchants ont le droit de vivre heureux jusqu’à la fin des temps. D’autres personnes. Pas les personnes à la peau brune. Pas les personnes comme nous.
Anuja Varghese propose 15 nouvelles, grâce auxquelles elle explore les coûts émotionnel et physique de l’immigration, des attentes familiales, de la tradition, de la religion, des mariages interraciaux – sans oublier l’idée même du couple monogame – pour mieux témoigner des désirs de liberté, voire de libertinage, des personnages peuplant ses histoires.

En 15 nouvelles, Anuja Varghese explore les nombreuses facettes de la diversité, y compris de genre.
Photo : Gracieuseté de VLB Éditeur / Jesse Valvasori
L’autrice ontarienne le fait avec intelligence et aplomb. En évoquant et convoquant par la bande l’esprit littéraire d’une Alice Munro et d’une Margaret Atwood. En jouant avec les codes hollywoodiens et bollywoodiens des comédies, ici plus ou moins romantiques. En flirtant allègrement avec l’horreur, des maisons hantées aux pulsions meurtrières de quelques protagonistes. Ou encore en revisitant carrément le conte de Cendrillon. Tout ça dans le but avoué, assumé, de donner des rôles de premier plan à des gens issus de diversités marginalisées ou carrément invisibilisées.
Bref, Anuja Varghese manie une plume joyeusement transgressive, dont les effets sont d’ailleurs finement rendus par la traductrice et écrivaine Mélissa Verreault, dans Chrysalide.