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Destruction d’un pont d’exception à Potton

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Un rare pont couvert centenaire situé sur le chemin Bellevue à Potton, le pont dit de « Province Hill », sera démoli avant la fin de l’année par le ministère des Transports et de la mobilité durable (MTMD). Cela, même si l’ouvrage a été classé il y a moins d’un an pour justement assurer sa protection par le ministère de la Culture et des Communications (MCC).

Seulement cinq ponts de ce type subsisteraient encore au Québec, avait indiqué le MCC au moment de classer la construction, en octobre 2024. Celui-ci date de 1896. À l’époque, il servait à gagner les États-Unis. D’où son appellation de pont de la Frontière.

L’ouvrage avait besoin de travaux de restauration. Un fait connu lorsque le MCC a décidé de le protéger, en raison de sa haute valeur patrimoniale. Au même moment pourtant, le ministère des Transports entendait de son côté détruire l’ouvrage afin de ne pas risquer d’affecter un autre pont en service situé à quelques mètres.

Pourquoi avoir classé ce pont d’exception si c’est pour le détruire moins d’un an plus tard ? Le MCC répond au Devoir que « des menaces importantes pesaient alors sur le bien, particulièrement depuis l’abrogation du règlement de citation de la municipalité en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel à l’hiver 2024. En posant ce geste exceptionnel, le ministre mettait tout son poids pour tenter de revirer la situation, qui était jugée critique ». Le poids de l’État et de la loi n’aura donc pas été déterminant.

En vertu d’un appel d’offres que Le Devoir a pu consulter, l’État québécois entend désormais accorder cet automne un contrat de démolition du pont couvert patrimonial. Ce contrat entre dans la catégorie des soumissions devant coûter moins de 1 million de dollars.

Cette destruction programmée avant la fin de l’année survient alors que le ministre Mathieu Lacombe vient d’annoncer qu’il renonçait à protéger deux autres biens patrimoniaux eux aussi classés : un violon Stradivarius et son archet, acquis au sortir de la guerre à la suite d’une souscription populaire nationale, ainsi que le Château Beauce, une œuvre du réputé architecte Jean-Omer Marchand.

Des actions réclamées

Selon Pierre L’Heureux, vice-président de l’Association du patrimoine de Potton, une protection et des actions pour cet ouvrage sont réclamées depuis des années. « Comme il coûtait moins cher apparemment de détruire, on détruit ! Nous avons eu une rencontre avec les services régionaux de l’Estrie du ministère des Transports et ceux du ministère de la Culture. Il s’agissait pour eux de simplement nous informer par courtoisie de la destruction prochaine. »

Pour lui, il s’agit d’une attitude inacceptable devant un bien collectif de cette importance.

Toujours selon M. L’Heureux, le MTQ devait détruire pour éviter de devoir fermer le pont adjacent en décembre. « J’habite sur ce chemin. C’est le seul moyen d’accès. Mais ce qu’on comprend, c’est que tandis que le ministère de la Culture classait le bâtiment, celui des Transports organisait sa destruction. Pourquoi les efforts ne sont pas coordonnés ? Personne à la Ville ne veut s’occuper de ce pont. Alors, c’est un pont orphelin… Pourquoi n’avons-nous pas été informés avant ? » M. L’Heureux considère qu’il s’agit d’un patrimoine collectif, qui mérite d’être préservé dans l’intérêt national.

Même son de cloche de la part de Julie-Anne Côté, une autre résidente des environs. Pour elle, ce pont constitue un élément fondamental du paysage. « Quand j’ai appris qu’il y avait déjà une compagnie de construction en vue pour la démolition. Je suis allée à l’hôtel de ville, plutôt choquée. On m’a dit qu’on ferait un communiqué pour informer les gens. »

À qui la responsabilité ?

Le maire de la municipalité de Potton, Bruno Côté, a rappelé plus d’une fois que le pont fut entretenu par le MTMD jusqu’à ce que celui-ci, dans les années 1960, décide de l’abandonner en le déposant sur deux rives de terrains qui ont deux propriétaires différents.

Pour le maire, Québec doit « prendre ses responsabilités » puisque la facture d’une restauration d’un ouvrage pareil, devenu fragile à la suite de son abandon par le MTMD, serait importante. « Les propriétaires privés concernés et le Canton [de Potton] ne prendront pas le relais », a-t-il souligné au journal local.

Un nouveau déclassement ?

Le ministre Lacombe en est-il à déclasser un troisième bien patrimonial en quelques jours seulement ?

Pas besoin de déclasser pour détruire, répond le service de communications du MCC. Il suffit d’invoquer la sécurité.

« Le MCC a multiplié les démarches pour rassembler les conditions afin de préserver ce pont patrimonial. Toutefois, et après de multiples analyses, les experts du MTMD ont conclu que l’état du pont représente un enjeu de sécurité nécessitant sa démolition. » C’est donc aux experts d’un autre ministère que le MCC s’en remet. « Le MCC doit ainsi malheureusement prendre acte de ce constat et des conclusions du MTMD. »

Le pont de la Frontière ne sera donc pas déclassé en vue de sa démolition. Ce qui ne changera rien à la conclusion.

Un symbole

Environ 1500 ponts couverts ont été construits au Québec. Il en subsiste moins d’une centaine. Le pont couvert de la Frontière est l’un des plus anciens encore existants, selon les mots mêmes de l’État. Ce pont couvert est soutenu par des fermes d’un type qui remonte au début du XIXe siècle, le « Town simple », breveté en 1820 par l’architecte américain Ithiel Town.

Sur la petite centaine de ponts couverts subsistant au Québec, seuls cinq d’entre eux présentent des fermes de type « Town simple » du type du pont que Québec s’apprête à détruire.

Selon Pascal Conner, un spécialiste des ponts couverts québécois joint par Le Devoir, le pont de la Frontière, à Potton, serait encore plus rare que ne l’affirme le MCC. « Je pense qu’il y en a peut-être seulement encore un semblable encore debout. Je suis allé voir le voir au moins trois ou quatre fois. Il y en avait des semblables du côté des États-Unis, construits selon les mêmes plans, mais ils ont été détruits. »

Pour M. Conner, c’est une situation inadmissible. « Je ne vois pas l’idée de classer ce pont pour le protéger si, quelques mois plus tard, on veut le démolir ! J’espère que ça ne se concrétisera pas. »

Les documents officiels de l’État québécois accordent une valeur importante de cet ouvrage ancien pour deux motifs principaux. Une valeur historique, d’une part, puisque ce bâtiment témoigne de « l’importance des ponts couverts dans l’histoire de l’occupation du territoire et le développement économique des régions du Québec ». Mais aussi une valeur technologique. En effet, comme l’observe le MCC, ce pont « compte des composantes technologiques rares, dont des contreforts, de même que des assemblages à cheville unique plutôt qu’à deux chevilles, comme c’est plutôt la norme. Il présente également des caractéristiques qui tendent à disparaître au XXe siècle, dont le portique à linteau droit et à jambages évasés, le toit aigu et les ouvertures latérales à mi-hauteur ».

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