La fête nationale a pris une tournure différente de ce qu’avaient prévu plusieurs commerçants du centre-ville de Trois-Rivières. Une panne de courant de 12 heures de lundi soir à mardi matin a causé des conséquences importantes dans de nombreux établissements de la rue des Forges.

La propriétaire du bar laitier Le Brise-Glace, Laurie Marier, n’a pas beaucoup dormi dans la nuit de mardi.

C’est du réfrigéré, pas du congelé, évidemment, on a tout perdu, surtout avec la température qu’on a dehors, pas de climatisation dans le local, ça a affecté énormément tous nos produits, se désole-t-elle entre des comptoirs réfrigérés vidés et d’autres qui devront l’être.

Les appareils de son commerce de la rue des Forges venaient d’être remplis au maximum de leur capacité, lundi, en prévision du FestiVoix qui s’amorce jeudi.

Je suis justement en train de faire l’inventaire complet de tout ce qu’on a en pertes pour pouvoir réclamer aux assurances, je n’ai pas de montant à dire, mais on va parler certainement de milliers de dollars, indique la commerçante. On était plein, plein, plein, et on a tout perdu.

Elle a de plus été contrainte de fermer les portes de son établissement pour la journée, qui s’annonçait pourtant excellente pour les affaires avec la fête nationale et la chaleur accablante. Mais, malgré l’ampleur des pertes et le manque de sommeil, la commerçante trifluvienne conserve sa bonne humeur.

Tout le monde est en congé, on était prêt pour une grosse journée, ajoute-t-elle. Ça fait partie des défis qu’on a, on essaie de ne pas y penser, on se retrousse les manches, on ferme les yeux et on repart, honnêtement, il n’y a rien d’autre à faire.

La propriétaire du Brise-Glace, Laurie Marier, a été contrainte de fermer les portes de son bar laitier de la rue des Forges après avoir pratiquement perdu l’entièreté de son inventaire. (Photo : 24 juin 2025)

Photo : Radio-Canada / Olivier Croteau

Au Mont-Choco café et glace, à l’intersection des rues des Forges et Notre-Dame-Centre, le pire semble avoir été évité. Des employés étaient encore au restaurant lorsque la panne est survenue.

Ce n’est pas la première fois que ça arrive, relève Juliette Desbordes-Boom, gérante adjointe. Ce qu’on fait dans ce temps-là, c’est qu’on amène les gelatos dans le congélateur du bas. On pensait que ça allait revenir vers minuit, mais non. Donc, là, on va regarder si, en bas, on n’a pas eu trop de perte et on va voir ce qu’on peut faire.

On a perdu quelques affaires, mais heureusement, on n’avait pas reçu toute la commande des gelatos hier [lundi], parce qu'il y a eu des erreurs, qui font qu’on n'a pas tout reçu. Ça a bien adonné, parce que ça aurait pu être vraiment pire.

Une première journée marquante

Au centre de la portion piétonne de la rue des Forges, un nouveau restaurant vient d’ouvrir officiellement ses portes… lundi, L'Olympe taverne grecque. Les propriétaires Cindy Tse et Skander Ben Zina avaient tenté de se préparer à d'éventuels imprévus, mais une panne de 12 heures n’était assurément pas dans leur plan.

C'est sûr qu'on ne s'attendait pas à ça, reconnaît Cindy Tse. Ce matin, on pensait que ça allait être réglé, ça a quand même duré toute la nuit.

Cette jambette électrique occasionnera aussi des pertes pour ces restaurateurs arrivés de Montréal en septembre dernier, qui travaillaient depuis plusieurs mois au démarrage de leur entreprise.

Comme c’est l'ouverture, on a pas encore autant de clientèle, donc on prépare du stock pour être à l’aise pendant la semaine, indique Skander Ben Zina. Par exemple, hier [lundi], 60 kilogrammes de poulet ont été mis sous vide et congelés, et, ce matin, ça a un peu décongelé.

Le chef propriétaire devait consacrer beaucoup de temps, après le passage de Radio-Canada, à vérifier le contenu de ses différents congélateurs pour découvrir ce qu’il pouvait servir ou ce qu’il devait jeter.

La première journée d'ouverture de L'Olympe taverne grecque aura été marquée par une importante panne de courant.

Photo : Radio-Canada / Olivier Croteau

À côté, le restaurant O’Centro a dû proposer un menu réduit, mardi. Le propriétaire, Claude Masson, accueille les clients en les avisant des délais plus longs, en raison de la panne. Il s’attend à des pertes de plusieurs milliers de dollars.

Quelques heures plus tôt, sa gérante de cuisine, Élisabeth Denoncourt, ne savait pas trop ce qui allait l’attendre une fois le courant rétabli.

Ça me fait un peu peur, parce que ça fait plus que 12 heures que mes réfrigérateurs ne fonctionnent plus, que mes congélateurs ne fonctionnent plus, lance-t-elle. Mes machines à glace, c'est rendu des machines à eau. On va perdre énormément de nourriture et on va perdre beaucoup d'argent.

Tout comme plusieurs restaurateurs, elle s’interroge sur la durée de la panne.

C'est un gros stress qu'on n'avait pas de besoin et on pensait que ça serait rétabli ce matin, ajoute Élisabeth Denoncourt. C'est le centre-ville, c'est le milieu de Trois-Rivières. C'est là que tout se passe, fait qu'on est comme un peu… désemparé là.

Certains restaurants avaient même décidé de laisser les portes fermées toute la journée avant même le rétablissement du courant.