Les services d'un exterminateur ont été demandés à plus de 185 reprises en cinq ans en raison de la présence de coquerelles au 1701, rue Parthenais, l'adresse du Grand quartier général de la Sûreté du Québec (SQ), à Montréal, a appris Radio-Canada.

C'est ce que nous révèlent des documents, obtenus au moyen de la Loi sur l'accès aux documents des organismes publics, faisant état des demandes pour les services d'un exterminateur depuis janvier 2020, la plupart liées à la présence de coquerelles.

Les documents précisent les étages, les lieux, les dates et un descriptif pour chaque plainte du personnel policier ou civil. Ils concernent l'ensemble de l'édifice, qui sert de quartier général principal à la SQ depuis 1968.

Sur plus de 200 demandes pour les services d'un exterminateur formulées à la Société québécoise des infrastructures, 95 % concernaient la présence de blattes sur plusieurs étages du 1701, rue Parthenais, l'adresse du Grand quartier général de la SQ, à Montréal.

Photo : Gracieuseté

Quand on discute avec des gens qui travaillent à Parthenais [le Grand quartier général], on entend des histoires qui ont eu lieu sur plusieurs étages au cours des dernières années, corrobore Dominic Roberge, président de l'Association des policiers et policières du Québec (APPQ), en réaction à notre reportage.

Selon la Loi sur la santé et la sécurité du travail, l'employeur a l'obligation d'offrir aux travailleurs, pour leur santé physique ou psychologique, le droit de travailler dans un milieu sain et sécuritaire.

Or, la présence de ces coquerelles pose d'importants défis liés à la santé, affirme un exterminateur contacté par Radio-Canada.

Les blattes sont porteuses de bactéries et contaminent généralement la nourriture. Leurs excréments et leur urine, en grande quantité, peuvent causer des troubles respiratoires et d'autres [réactions du corps], affirme le président d'Extermination Pro-Nature, Martin St-Jacques.

La situation fait bondir le président de l'APPQ, qui réclame une intervention immédiate pour régler le problème, au nom des 5700 policiers de la SQ et du personnel civil à l'édifice Parthenais.

C'est problématique. Nous, ce qu'on demande, ce sont des lieux de travail sécuritaires et salubres pour nos membres, a réagi le président de l'APPQ.

Vous savez, il y a des interventions dans des restaurants quand il y a des problèmes de salubrité. Malheureusement, on a des policiers et des employés civils qui doivent travailler dans ces conditions-là. [...] On aimerait que la situation soit corrigée.

La SQI se mure dans le silence

Il importe de préciser que c'est la Société québécoise des infrastructures (SQI) qui est non seulement propriétaire de l'immeuble du 1701, rue Parthenais, mais aussi responsable de son entretien. La SQ n'est que locataire de cet espace.

Lors d'un premier reportage sur le problème en avril 2019, la SQI considérait que le problème était maîtrisé.

Comme en font foi les documents consultés, rien ne s'est réglé depuis. À preuve, de janvier 2020 à mai 2025, pas moins de 95 % des demandes pour les services d'un exterminateur formulées à la SQI étaient liées à la présence de coquerelles. Le reste des demandes concernait des rongeurs ou des punaises de lit à la morgue.

Comme c'est un problème qui dure depuis longtemps [...] les blattes développent des résistances, ajoute le président d'Extermination Pro-Nature. Martin St-Jacques évoque la nécessité d'un traitement-choc qui nécessiterait de condamner les étages et les secteurs un à un pour éradiquer les coquerelles.

L'édifice de la rue Parthenais abritant la SQ a plus de 50 ans. À l'image des écoles et des hôpitaux, c'est le parc immobilier appartenant au gouvernement du Québec, incluant les locaux qu'occupent la SQ, qui souffre d'un sous-financement, croit le syndicat des policiers provinciaux.

Ça prend des investissement sur le plan des infrastructures, autant au Grand quartier général, au 1701, rue Parthenais, que dans nos postes ailleurs en province. Il y a plusieurs endroits qui sont désuets. Ça prend des investissements de l'État [québécois] pour maintenir nos infrastructures, martèle Dominic Roberge.

À la publication de ces lignes, la SQI n'avait toujours pas donné suite à nos demandes d'entrevue, malgré nos relances et les cinq jours de délai accordés.