Alors que la course aux armements entre grandes puissances entre dans une nouvelle ère, un rapport récemment publié par des chercheurs de l’armée chinoise révèle une avancée qui pourrait bien redéfinir les équilibres stratégiques mondiaux. Ces scientifiques affirment que la Chine est désormais capable de lancer des missiles hypersoniques directement depuis l’espace, atteignant des vitesses phénoménales et comprimant drastiquement les délais de réaction de tout adversaire potentiel.
Des missiles à Mach 20, en orbite
D’après une étude publiée dans la revue Acta Aeronautica et Astronautica Sinica, les planeurs de rentrée atmosphérique (HGV, pour Hypersonic Glide Vehicle) développés par la Force de fusées de l’Armée populaire de libération (APL) peuvent atteindre 21 000 km/h, soit près de 20 fois la vitesse du son. Une telle vitesse permettrait à ces engins d’atteindre n’importe quelle cible sur Terre en seulement 30 minutes.
Mais au-delà de la simple vitesse, c’est la capacité à lancer ces engins depuis l’espace qui attire l’attention. Selon les chercheurs, les HGV chinois pourraient être déployés non seulement depuis le sol, mais aussi à partir de satellites ou de plateformes orbitales, rendant les trajectoires de vol beaucoup moins prévisibles.
Des failles malgré tout
Cependant, tout n’est pas encore parfait dans ce système impressionnant. L’équipe dirigée par le professeur Guo Yang reconnaît plusieurs faiblesses critiques.
La principale concerne la signature infrarouge élevée de ces engins : une chaleur importante est générée à ces vitesses extrêmes, ce qui les rend potentiellement détectables par les systèmes de surveillance spatiaux ou aériens. D’autre part, leur manœuvrabilité reste limitée, en raison d’une résistance relativement faible aux surcharges gravitationnelles (3 à 5 G), ce qui pourrait compromettre leur capacité à éviter des interceptions lors de la phase terminale. Enfin, leur bande passante de communication est réduite, notamment dans les moments critiques d’approche de la cible, ce qui limite les ajustements de dernière minute.
Malgré ces limites, les chercheurs insistent sur l’intérêt tactique de ces planeurs hypersoniques : leur capacité à effectuer de grands sauts ou changements de trajectoire soudains, combinée à la rapidité d’exécution, complique considérablement toute tentative de défense.

L’Occident n’est pas en reste
Pendant ce temps, de l’autre côté du globe, les États-Unis et le Royaume-Uni poursuivent leurs propres efforts dans le domaine hypersonique. Le mois dernier, des chercheurs britanniques et américains ont annoncé avoir réalisé avec succès 233 essais sur un nouveau moteur de missile de croisière hypersonique.
Cette campagne d’essais, menée dans le cadre du programme Team Hypersonics du ministère britannique de la Défense (MOD), visait à tester un moteur aérobie à grande vitesse. Résultat : des performances validées sur toute la plage de vitesses supersoniques et hypersoniques, ouvrant la voie à un missile de croisière nouvelle génération d’ici 2030.
Contrairement aux HGV chinois, ces armes occidentales misent sur la portée et la flexibilité de propulsion, avec l’ambition d’offrir une capacité stratégique transformante aux forces armées futures.
Une nouvelle guerre des étoiles ?
Si les armes hypersoniques suscitent fascination et inquiétude, elles révèlent surtout un changement de paradigme : la militarisation de l’espace devient une réalité tangible. La Chine, en explorant les lancements depuis l’orbite, et l’Occident, en développant des moteurs à très haute performance, montrent que la technologie ne cesse de repousser les limites du possible.
Loin de la science-fiction, les armes qui défient le temps, l’espace et la gravité sont désormais à portée de main.