NE LAISSER PAS LE 5G DETRUIRE VOTRE ADN Protéger toute votre famille avec les appareils Quantiques Orgo-Life® Publicité par Adpathway
Assis autour d’une table au Centre multiethnique de Québec, trois hommes, chacun issu d’un pays africain différent et nouvellement arrivé au Canada, discutent des défis de la parentalité au Québec. Ils font état du cheminement qui leur a permis de mieux comprendre ce que la société québécoise attend d’eux en tant qu’hommes et pères.
Voir un enfant qui dit "non" à son père, en Afrique, ça n'existe pas, explique Aristide Kuate, un Camerounais arrivé il y a un an. Père de trois enfants entre 3 et 7 ans, il constate que les méthodes éducatives au Québec sont différentes de ce qu’il connaît.
Au Bénin, la majorité du temps, Sahadou Akidou passait à peine une heure par jour avec ses enfants. Quand il rentrait du travail, il s'installait devant ses émissions et attendait que sa femme lui prépare à manger. Au Québec, il est impliqué dans la vie de ses enfants de 13 à 18 ans au quotidien et met la main à la pâte à la maison.
En restant devant la télé, je mangeais tardivement. J’ai constaté qu’en réalité, en aidant ma femme à la cuisine, je mange vite. Les enfants mangent vite, et on dort vite. On se réveille en forme, dit-il sourire en coin. Ses confrères acquiescent un rire dans la voix.
On se rend compte que la maman au pays, elle a vraiment assez de responsabilités, ajoute Abdoulaye Ag-Ibrahim qui vit au Québec avec sa femme et ses deux plus jeunes filles. Il est en attente d’une réunification familiale avec sa fille de 6 ans.
Les hommes arrivent de pays où la famille élargie et les voisins ont un rôle important dans l'éducation des enfants. Sans ce soutien, ils galèrent a s'adapter a la vie québécoise, mais tous s'entendent pour dire que les ateliers offerts au Centre multiethnique de Québec ont servi de clé pour débarrer les secrets de la parentalité québécoise.
Ces formations nous permettent de savoir que même les vrais Québécois, ils ont les mêmes défis que nous, seulement ils ont des méthodes. Il faut maintenant prendre cette méthode, constate Abdoulaye Ag-Ibrahim.
La majorité des hommes, comme ceux rencontrés par Radio-Canada, participent aux ateliers sur une base volontaire. Mais il arrive dans certains cas que des pères soient dirigés vers le Centre multiethnique par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), par exemple.
Des ateliers sur huit semaines
Depuis 2020, le Centre multiethnique de Québec propose annuellement deux cohortes d’ateliers, explique Jean-Pierre Ndiamy. Il les anime de concert avec son collègue Marc-Antoine Barre, un intervenant en interculturalisme.

Jean-Pierre Ndiamy anime des ateliers au Centre multiethnique de Québec pour soutenir les hommes immigrants.
Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler
Le besoin est là, il est énorme, explique M. Ndiamy, un psychoéducateur qui agit comme intervenant en soutien aux hommes immigrants. Les pères doivent jongler avec les réalités de la société d'accueil tout en préservant les valeurs propres à leurs traditions.
Cette peur de perdre l’enfant en contexte migratoire et l'obligation de faire face aux méthodes éducatives de la société d'accueil fait qu’ils se retrouvent dans un gros besoin d’être soutenus.
Les ateliers portent sur plusieurs thèmes tels que les relations entre les hommes et femmes, la violence conjugale, l’insertion professionnelle, les droits des enfants, et le rôle de la DPJ.
Des membres du personnel de la DPJ et de groupes communautaires tels que le Groupe d’aide aux personnes impulsives (GAPI), et le Service d'Orientation et d'Intégration des Immigrants au Travail (SOIT) apportent leur contribution aux ateliers au cours des huit semaines d’ateliers.
À la fin du processus, les hommes sont invités à participer à des activités de groupe tels que des matchs de soccer ou des sorties familiales au musée pour maintenir un réseau de pairs, explique M. Ndiamy.
Respecter les droits des enfants
Sahadou Akidou considère que depuis qu’il est au Québec, il maintient une relation plus harmonieuse avec ses enfants et sa conjointe. Dans son pays, les châtiments corporels sont communs, mais ici, il sait que ces agissements pourraient lui amener de graves ennuis. Il réalise d'ailleurs qu’auparavant, ses enfants lui mentaient par peur de se faire réprimander.

Environ 120 hommes incluant, Aristide Kuate, Abdoulaye Ag-Ibrahim et Sahadou Akidou (de gauche à droite) ont participé aux ateliers pour hommes immigrants au Centre multiethnique de Québec depuis 2020.
Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler
[Ici], mes enfants n'hésitent pas à dire la vérité, dit-il. Tu leur poses une question et ils répondent normalement! Avant, on réfléchissait, on plaçait un mot, on tournait en rond. Mais ici, on dit la vérité!
Voilà l'une des leçons apprises lors des ateliers qu'Abdoulaye Ag-Ibrahim juge essentielle.
Si on ne les intègre pas, on ne les assimile pas, on va rester toujours avec nos pratiques du pays et ça va à l'encontre des lois du pays ici. Un père qui pense qu’il est autoritaire envers son enfant, qu’il faut le chicoter, ici, c’est complètement interdit.
Les ateliers proposent des outils aux hommes, et permettent d'agir en prévention, constate Jean-Pierre Ndiamy, qui complète actuellement un doctorat à l'Université Laval en engagement paternel.
Dialoguer avec ses enfants
Au Mali, les pères travaillent pour veiller à ce que les enfants ne manquent de rien, mais au quotidien, ils ont peu de responsabilités envers eux, observe Abdoulaye Ag-Ibrahim. Il a beaucoup appris des pères québécois.
Ils dialoguent avec l’enfant. Nous on ne parle pas avec un enfant, on ne dialogue pas, mais ici un enfant de trois ans on lui parle comme s’il était grand, dit-il.
Il entretient une relation beaucoup plus proche avec ses filles que celle que sa culture lui aurait permise. Dans ma culture, les filles, c’est la maman qui les élève. Elles prennent le caractère de la maman. Les garçons, c’est les hommes. Mais ici, c’est des choses qu’on est un peu obligé de laisser.
Maintenant, il est accueilli par de grands câlins après s'être absenté du logis familial pour quelques heures. Auparavant, une absence de plusieurs jours, voire quelques semaines, suscitait à peine une réaction.
Un cheminement professionnel à recommencer
Malgré ses études universitaires et près de 20 ans d'expérience dans le monde des finances dans son pays, Aristide Kuate a essuyé des refus d’employeurs qui ne valorisent pas ses connaissances. C'est votre ego qui est mis à l'épreuve, exprime le père de famille.

Aristide Kuate considère qu'il est un meilleur père pour ses enfants depuis qu'il est arrivé au Québec.
Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler
Je me voyais faire quelque chose de grandiose, mettre mes compétences à profit pour le Canada, pour le Québec, mais quand on arrive, c’est une réalité différente, se désole-t-il. Il est donc de retour sur les bancs d’école pour redevenir comptable agréé, et exprime de la gratitude envers le Centre multiethnique pour le soutien offert.
Malgré la déception et le stress qu’il vit pendant cette période d’adaptation, il recommencerait son projet d’immigration sans hésitation.
S'il pouvait parler à l'homme qu'il était en Afrique, je lui dirais, certes, tu étais un bon papa, mais là, tu es un papa meilleur.