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L’industrie touristique américaine prend les grands moyens – rabais massifs, cadeaux, publicités et offres alléchantes – pour tenter de ramener les visiteurs canadiens. Leur absence se fait sentir jusque dans les coffres.
Le début de saison de golf a été difficile pour Paul Dame, propriétaire du centre de villégiature Bluff Point Golf Resort à Plattsburgh, dans l’État de New York, situé à une centaine de kilomètres de Montréal.
Son chiffre d’affaires a chuté d’environ 30 % au cours des deux derniers mois par rapport à la même période en 2024. Il attribue cette baisse à la diminution du nombre de golfeurs canadiens, qui représentent normalement la moitié de sa clientèle.
D’anciens clients canadiens lui ont confié qu’ils évitaient les États-Unis en raison de la guerre commerciale lancée par le président Donald Trump, ses menaces d’annexion du Canada et les contrôles resserrés à la frontière américaine.
C'est décourageant de se retrouver face à un événement totalement hors de mon contrôle qui entraîne un ralentissement majeur de nos activités.
J'essaie de garder la tête haute, mais c'est très difficile, dit-il.
Cette semaine, pour montrer aux Canadiens qu’ils sont les bienvenus, le centre Bluff Point Golf Resort a commencé à leur offrir des cadeaux, y compris un coffret de balles de golf ornées de symboles canadiens. Il faut y travailler et mettre des efforts pour rebâtir cette relation, affirme le propriétaire.

Le centre de villégiature Bluff Point Golf Resort offre des cadeaux aux visiteurs canadiens, y compris un coffret de balles de golf ornées de symboles patriotiques, comme du sirop d'érable et un gilet de hockey.
Photo : Radio-Canada / Louis-Marie Philidor
Le centre de villégiature envisage aussi de leur offrir des forfaits à prix réduit lors des jours de semaine, moins achalandés.
Nous sentons déjà l’impact. Tout le monde a peur, affirme Kristy Kennedy, vice-présidente au marketing de la Chambre de commerce de North Country, qui représente les entreprises de la région des Adirondacks, dans le nord de l'État de New York.
Pour encourager les Canadiens à visiter la région, son organisation a lancé une publicité télévisée diffusée au Québec et à Ottawa et publiera dimanche un répertoire en ligne des entreprises touristiques qui proposent des offres exclusives aux touristes canadiens, y compris une réduction de 20 % pour les nuitées à l’hôtel Best Western de Plattsburgh.
Mme Kennedy estime qu’une vingtaine d'entreprises participeront à l’initiative. Nous sommes prêts à dérouler le tapis rouge, dit-elle. Nous souhaitons que cette relation perdure.
Des rabais, est-ce assez?
Bien d’autres exploitants touristiques américains espèrent un revirement de situation avant la saison estivale. Les Canadiens représentent après tout le plus gros marché de touristes de l’étranger pour les États-Unis, souligne Frédéric Dimanche, directeur de l’École de gestion du tourisme et de l’hôtellerie de l’Université métropolitaine de Toronto.
En 2024, les Canadiens ont dépensé plus de 20,5 milliards de dollars américains de l’autre côté de la frontière, selon les données de la U.S. Travel Association.
En avril, Statistique Canada a recensé une baisse de 31 % des voyages de résidents canadiens qui revenaient des États-Unis, tant en avion qu’en voiture, par rapport au même mois l’an dernier. Il s’agit du quatrième mois consécutif de déclin, selon l’agence fédérale.
Ça ne va pas prendre quelques dollars et quelques rabais, ça va prendre du temps.
L’expert estime qu’un retour à la normale des flux de touristes canadiens pourrait prendre plusieurs années et possiblement un changement de leadership à la Maison-Blanche.

Frédéric Dimanche, directeur de l'École de gestion de l'hôtellerie et du tourisme à l'Université métropolitaine de Toronto.
Photo : Radio-Canada / Dean Gariepy
Il n'y a pas un rabais assez grand pour m’inciter à voyager aux États-Unis, lance Laura Liblik. La résidente de Kingston, en Ontario, se dit mal à l'aise à l’idée de traverser la frontière en raison des politiques de Trump qu’elle qualifie d’autoritaires.
Même son de cloche pour Nilay Shah : Des rabais, ce n’est qu’un pansement temporaire, dit-il. Le Torontois, qui a l’habitude de voyager aux États-Unis, préfère dépenser dans son propre pays et songe à aller visiter l’Ouest canadien cet été.
Par contre, Maggie Hill, qui habite à Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, affirme que des offres spéciales pourraient la pousser à traverser la frontière. Surtout aux États-Unis, je pense qu’un bon rabais ferait assurément la différence, affirme-t-elle, en référence au dollar canadien, qui vaut actuellement 72 cents américains.
La faiblesse du huard est l’une des raisons pour lesquelles l’organisme Visit California a lancé ce mois-ci un site web offrant aux Canadiens des réductions allant jusqu’à 40 % sur plus de 1000 hôtels, activités et attractions touristiques en Californie.
Il fallait quelque chose de concret, souligne la PDG de l’organisme, Caroline Beteta.
Elle ajoute que son État tente de se distancier de Washington. Le mois dernier, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, a intenté une action en justice devant un tribunal fédéral pour contester les droits de douane de l'administration Trump.
Un peu plus au nord, à Seattle, une quarantaine de restaurants, d’hôtels et d’autres entreprises locales ont offert des rabais aux visiteurs canadiens de 30 % du 9 au 11 mai, alors que les Blue Jays de Toronto étaient en ville pour affronter les Mariners.
Selon Howard Wright, président du Seattle Hospitality Group, la campagne Open Arms a porté ses fruits : les Canadiens ont profité de ces offres spéciales à plus de 1000 reprises au cours de ces trois jours.

Les sénateurs démocrates Amy Klobuchar et Tim Kaine lors de leur récente visite à Ottawa, le 23 mai dernier, avec leurs collègues Jeanne Shaheen, Peter Welch et le sénateur républicain Kevin Cramer.
Photo : Radio-Canada
Vendredi dernier, un petit groupe de sénateurs américains s'est rendu à Ottawa pour lancer un message aux Canadiens : Donnez-nous une autre chance sur le plan du commerce et du tourisme.
Le démocrate Tim Kaine, de la Virginie, a souligné que son État et plusieurs autres ressentent la grogne des voyageurs canadiens, constatant une forte baisse des réservations – à Virginia Beach, par exemple.
Les Canadiens adorent Virginia Beach. C’est un endroit que nous fréquentons chaque été et nous voyons toujours des plaques d’immatriculation canadiennes. C’est une relation très importante pour nous en Virginie, a-t-il déclaré en conférence de presse.
Le sénateur républicain Kevin Cramer, du Dakota du Nord, dit avoir grandi tout près de la frontière avec le Manitoba. Je m’engage à tout faire de mon côté pour rétablir ces liens étroits, a-t-il affirmé devant les journalistes.
Avec les informations de Sophia Harris, de CBC