Les conversions d'horaire de faction en horaire à l'heure pour certains secteurs du Bas-Saint-Laurent placent le Groupe Cambi dans une situation précaire. L'entreprise s'inquiète de perdre près de la moitié de ses ambulanciers paramédicaux dans la région des Basques, toujours sous horaire de faction. Résultat : la direction craint des bris de service cet été dans la région.

Sur la vingtaine de paramédicaux que comptent les points de service de Trois-Pistoles, Saint-Cyprien et Saint-Michel-du-Squatec, entre six et huit songeraient à quitter les Basques pour travailler dans des secteurs voisins qui fonctionnent avec des quarts à l'heure, selon le directeur général de Cambi.

Les horaires de faction, décriés depuis des années par les paramédicaux, leur imposent de rester disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ils obligent aussi l'entreprise à garantir huit heures de repos pour ses employés, tout en comblant ces heures par d'autres paramédicaux.

Si je n'ai pas les effectifs pour combler un débordement, je vais être obligé de fermer un véhicule et demander aux autres entreprises autour s'ils ont la possibilité de venir nous couvrir… ou non, craint Claude Lachance, en entrevue.

Le Groupe Cambi compte une soixantaine de paramédicaux au Bas-Saint-Laurent, dont une vingtaine dans les Basques. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Francois Gagnon

Jeudi, Québec annonçait la conversion des horaires des paramédicaux de plusieurs secteurs de la province en quarts à l'heure, ce qui pourrait représenter un gain de 8 à 10 minutes dans les délais d'intervention. Avec la conversion des horaires des régions de Matane et de Notre-Dame-du-Lac, il ne reste que celle des Basques et d'une partie du Kamouraska où les paramédicaux sont encore sous horaire de faction.

On trouve déplorable d'avoir été oublié dans ces annonces. Ça crée une démotivation à l'interne.

Ce qui me fait peur avec ça, c'est qu'on vient déshabiller Jean pour habiller Jacques, renchérit Jérémie Landry, vice-président exécutif de la Fédération du préhospitalier du Québec. Il se dit tout de même heureux pour les régions du Témiscouata et de Matane, désormais mieux desservies à ses yeux.

Dans une note interne dont Radio-Canada a obtenu copie, le Groupe Cambi promet de poursuivre ses représentations auprès du gouvernement Legault pour que nos priorités soient enfin incluses dans les futurs développements.

Cette incertitude dans la région à l'approche de la saison estivale s'ajoute aux craintes de fermeture de l'urgence de Trois-Pistoles le soir et la nuit.

Photo : Radio-Canada / François Gagnon

Cette incertitude dans la région à l'approche de la saison estivale s'ajoute aux craintes de fermeture de l'urgence de Trois-Pistoles le soir et la nuit, un scénario envisagé par le CISSS du Bas-Saint-Laurent pour atteindre l'équilibre budgétaire. En point de presse jeudi, le Parti québécois a sommé le gouvernement de ne pas profiter du début de l'été pour réduire des services.

Les horaires de faction, c'est de la peste

D'autre part, le Groupe Cambi redoute de perdre sa capacité d'attraction dans les régions encore desservies par des horaires de faction, une crainte que partage la Fédération du préhospitalier du Québec (FPHQ). Elle anticipe que davantage de finissants en soins préhospitaliers d'urgence boudent les régions sous horaire de faction.

Les horaires de faction, c'est de la peste pour les jeunes et pour tout le monde, affirme sans détour le vice-président exécutif de la FPHQ, Jérémie Corneau-Landry. C'est dur pour la santé mentale des paramédicaux. Ce sont des horaires inadéquats pour rendre un service optimal à la population.

Jérémie Landry est vice-président de la Fédération des employés du préhospitalier du Québec. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Luc Blanchet

S'il est impossible d'harmoniser tous les horaires des paramédicaux d'un coup, Jérémie Landry implore Québec de fournir un échéancier pour que toutes les régions aient éventuellement un quart à l'heure.

36 millions pour améliorer la couverture préhospitalière

Sommé d'agir par la vérificatrice générale du Québec, le ministre de la Santé Christian Dubé a annoncé une enveloppe de 35,8 millions de dollars pour bonifier les services ambulanciers partout au Québec. Convertir les horaires de Matane et de Notre-Dame-du-Lac représente un investissement de près d'un million de dollars pour le gouvernement Legault.

Québec a également triplé le budget du programme pour mobiliser davantage de premiers répondants dans les municipalités de la province. 70 % des localités de la province sont dépourvus de premiers répondants, s'alarmait la vérificatrice générale dans son rapport.