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Plus d’une centaine de familles portneuvoises en situation de précarité ont accès cet été à des coupons nourriciers qu’ils peuvent utiliser dans des marchés publics de la région. Au-delà d’une aide financière, cette initiative novatrice au Québec leur permet de découvrir les bienfaits d’une alimentation saine et de tisser de précieux liens avec les producteurs locaux.
Les coupons sont distribués en collaboration avec des organismes communautaires implantés dans le milieu. Des dizaines de familles moins nanties ont ainsi été approchées, et chacune d’entre elles peut recevoir jusqu’à 60 $ par semaine, selon la taille du ménage, pour un total de 720 $ pour l’été.
Les billets peuvent être dépensés dans les kiosques des marchés publics de Saint-Casimir, de Deschambault-Grondines et de Saint-Raymond ainsi qu’auprès de certains marchands participants, une façon d’encourager l’achat local.
Un tel programme existe depuis quelques années en Colombie-Britannique, au Manitoba et en Nouvelle-Écosse, mais est testé pour la première fois sur le territoire québécois cet été dans le cadre de deux projets pilotes régionaux qui se déploient dans la MRC de Portneuf et dans le Bas-Saint-Laurent.
Nancy Ward est l’une des personnes ayant été ciblées dans le cadre de cette initiative. L’obtention de coupons nourriciers lui permet de découvrir l’univers des marchés publics, où elle admet apprendre plusieurs choses en lien avec l’alimentation.

Nancy Ward a pu effectuer des achats au marché public de Deschambault-Grondines grâce aux coupons nourriciers.
Photo : Radio-Canada / Jérémie Camirand
L’épicerie est chère. Quand tout est payé, il n’en reste pas pour manger. Ces coupons-là, c’est bien fait, exprime la résidente de Donnacona en entrevue à Radio-Canada.
Je vis seule, donc ça nous permet de sortir de la maison, de notre coquille, de voir de nouvelles personnes et de faire du social.
C’est justement l’un des objectifs de ce projet pilote. Le coordonnateur régional du programme de coupons nourriciers dans Portneuf, Jérôme Thivierge, estime que cette nouvelle initiative aura d’importantes retombées d’un point de vue social.
Ce sont souvent des gens qui n'oseraient pas aller dans les marchés publics. [...] Donc ça leur permet de découvrir les marchés et de s’inscrire dans le tissu social qui se crée autour de l’alimentation locale, soutient le maraîcher.

Le coordonnateur régional pour le programme de coupons nourriciers dans Portneuf, Jérôme Thivierge
Photo : Radio-Canada / Jérémie Camirand
Le directeur du laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire à l’Université Dalhousie, Sylvain Charlebois, abonde dans le même sens. L’expert parle d’un programme porteur qui, même s’il ne permet pas de payer l'entièreté des frais alimentaires des ménages ciblés, fait une grande différence pour les participants.
Dans un marché public, on développe des relations et des connaissances, on échange de l’information. Est-ce qu’on peut monnayer ça en dollars? Pas vraiment, mais c’est un gain assez important, au-delà des 60 $ que les familles vont obtenir, fait-il remarquer.
Rencontré lors de la visite de Radio-Canada à l’ouverture du marché public de Deschambault-Grondines samedi, le producteur Félix Dumas, qui tient un kiosque chaque semaine au marché, affirme avoir remarqué plusieurs nouveaux visages parmi les visiteurs.
Le cofondateur de la ferme La Baigneuse voit l’initiative des coupons nourriciers d’un très bon œil, puisqu’elle permet de favoriser l’accès à une alimentation saine et biologique auprès d’une clientèle qui n’a peut-être pas souvent l’occasion de savourer ce type de produit.
Ce sont des gens qui vont plus venir au marché, qui vont réseauter et qui vont peut-être se rendre compte que les produits locaux ne sont pas nécessairement plus chers qu’en épicerie. Les marchés, ce sont les nouveaux parvis. Ce sont des lieux pour se rencontrer et pour connecter, et ça, je pense que c’est intéressant pour tout le monde, note le maraîcher.
Déstigmatiser l’insécurité alimentaire
En parallèle à l’aide apportée aux familles en situation de précarité, les coupons nourriciers sont également disponibles au grand public dans le cadre d’une campagne sur le site de La Ruche Québec. Pour un montant de 20 $, les personnes intéressées peuvent se procurer un bon d’achat d’une valeur de 30 $ utilisable dans l’un des trois marchés publics participants.
Comme ces coupons sont identiques à ceux distribués par les organismes communautaires, les bénéficiaires de cette aide alimentaire peuvent donc effectuer leurs achats sans être identifiés comme vivant une situation de précarité.

Ce samedi marquait l'ouverture de la saison du marché public de Deschambault-Grondines. Plusieurs visiteurs se sont rendus sur les lieux, malgré la pluie.
Photo : Radio-Canada / Jérémie Camirand
Quand le marchand reçoit le coupon, il ne sait pas si ça provient d’une famille à faible revenu, ou de quelqu’un qui a tout simplement l’achat local à cœur, explique Jérôme Thivierge.
En plus de soutenir les producteurs locaux, cette initiative permet donc de déstigmatiser les usagers qui vivent de l’insécurité alimentaire, renchérit Jean-Nick Trudel, directeur général de l’Association des marchés publics du Québec.
Dans un contexte où on veut favoriser l’achat local et nourrir les gens dans la dignité, ce type de produit est tout désigné, estime-t-il.
Une initiative à pérenniser
Plusieurs intervenants rencontrés espèrent que le projet pilote de cet été reviendra dans les années à venir et fera des petits dans d’autres régions du Québec. Pour ce faire, l’implication des décideurs publics sera essentielle, soulignent-ils.
Il est grand temps, surtout avec l’insécurité alimentaire qui progresse, de pouvoir se doter d’un outil supplémentaire, soit d’un programme de coupons nourriciers à travers le Québec, pour nourrir les personnes les plus vulnérables et aussi, soutenir l’écosystème des producteurs locaux, soulève le directeur général de l’Association des marchés publics du Québec.

De nombreux ménages ressentent les contrecoups de la hausse du prix des aliments. (Photo d'archives)
Photo : iStock
S’il espère que le gouvernement québécois emboîte le pas pour que ce projet s’étende à l’échelle de la province, Jean-Nick Trudel insiste toutefois sur l’importance d’impliquer les différents intervenants locaux dans la mise en place d’une telle initiative.
Piloté notamment par le Centre d’innovation sociale en agriculture du Cégep de Victoriaville et l’Association des marchés publics du Québec, le projet pilote de coupons nourriciers est possible grâce à une collaboration étroite entre de nombreux partenaires et organismes communautaires.
Avec la collaboration de Jérémie Camirand et Marie-Ève Trudel