Alors que les services de Postes Canada pourraient être paralysés dès vendredi en raison d’une grève, les commerces de la région qui font affaire avec la société d’État n’ont d’autre choix que de se préparer une interruption de service.

La première grève, lancée au mois de novembre, a pris au dépourvu le directeur général de la librairie Les Bouquinistes de Chicoutimi, Jacob Riverin. Il se dit toutefois prêt à affronter ce second débrayage.

On est déjà outillés avec le site. On peut utiliser plusieurs transporteurs différents, donc pour nous, ça ne change pas autant que la première fois. [...] Par contre, tout comme la première grève, il faut s'attendre à ce que les autres transporteurs soient débordés étant donné qu'ils auront plus de travail, a-t-il expliqué.

Face à une possible grève, le magasin Homies a également changé d'entreprise de livraison pour pouvoir acheminer les différents colis à ses clients. Le gérant de la boutique de sport, Guillaume Boudreault, craint néanmoins que les entreprises spécialisées dans le transport augmentent leurs tarifs.

Il y a eu quelques annonces comme quoi plusieurs allaient augmenter leurs factures de deux dollars par envoi. Postes Canada est souvent le moins cher pour envoyer des colis. C'est inquiétant, parce que nous on fixe nos marges avec ça, a-t-il avancé.

Le gérant de la boutique Homies de Chicoutimi, Guillaume Boudreault, espère que la grève chez Postes Canada ne fera pas trop augmenter les dépenses de son entreprise.

Photo : Radio-Canada / Alexis Desnoyers Muckle

Cependant, plusieurs commerces comptent encore beaucoup sur les transactions en magasin, ce qui les protège des effets d'une interruption des services de la société d’État.

Selon la propriétaire de la boutique Allo Bonnie, Catherine Forgues, même si Postes Canada et le syndicat qui représente ses employés n’arrivent pas à une entente, la grève aura peu d’impact sur le chiffre des ventes.

Ça occupe 10 % de notre chiffre d'affaires, ce n'est donc pas un gros ratio. Ce sont surtout les commandes en magasin ou les retraits en magasin. Je trouve ça correct ce qu'ils font parce qu'ils se battent pour leurs droits, a-t-elle soutenu.

Le commerce en ligne représente 10 % du chiffre d’affaires de la boutique Allo Bonnie.

Photo : Radio-Canada / Alexis Desnoyers Muckle

Très loin d’une entente

Le dirigeant régional des griefs pour le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), Jean-François Simard, déplore le statu quo des négociations avec la partie patronale.

On est encore très loin d’une entente. Je dirais même qu’on est à la même place qu’on était au mois de novembre dernier, juste avant l’intervention du ministre qui a prolongé la convention jusqu’au 22 mai, a-t-il affirmé en entrevue à l’émission Place publique.

Pour sa part, Postes Canada a affirmé lundi qu'une grève pourrait aggraver sa situation financière.

C’est sûr que chaque arrêt de travail fait mal à Postes Canada. Cela étant dit, toutes les fois, on se trouve à la table des négociations avec un employeur qui est intransigeant et qui attend une intervention du gouvernement. Donc, de négocier dans ces conditions, c’est extrêmement difficile et c’est extrêmement pénible, a répondu Jean-François Simard.

La grève pourrait toucher 55 000 membres du STTP, dont 23 000 facteurs à l’échelle du pays.