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Dépotoir de Dresden : les résidents « épuisés » et « frustrés »

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Debout devant la vieille clôture de la décharge de Dresden, Dave Willson dirige son regard vers l’autre côté de la route. Le petit bungalow où il a élevé ses enfants avec sa femme Sheri s’y dresse.

Je dirai qu’on est à peu près à 150 pieds de ma porte d’entrée en ce moment. Cinq chambres, une belle maison de campagne construite par mon beau-père, dit-il par-dessus le bruit des voitures qui foncent le long de la route de campagne.

Dave travaillait à la décharge il y a 10 ans, c’est lui qui a coulé l’entrée en béton à travers laquelle pousse aujourd’hui une constellation de mauvaises herbes. Le terrain n’a jamais été utilisé comme dépotoir, selon lui.

Dave Willson devant son bungalow où flotte un drapeau canadien.

Dave Willson craint pour la valeur de sa maison, qui est située en face de la décharge de Dresden.

Photo : Radio-Canada

Ce n’était pas le genre d’endroit où tu arrives avec ta camionnette pour lancer tes déchets domestiques, dit Dave. Sauf peut-être dans les années 80, quand tout le monde faisait un peu n’importe quoi, ajoute-t-il, sourire en coin. Le site aurait plutôt été utilisé pour enterrer les cendres issues de l’incinérateur municipal.

Depuis désaffectée, la décharge a été rachetée par le conglomérat York1 qui veut en faire un dépotoir industriel. La province veut accélérer sa construction afin de réduire sa dépendance sur les décharges américaines, mais les résidents s’interrogent sur l’avenir de leur communauté.

York1 s’attire maintenant leurs foudres, ainsi que celles du conseil municipal de Chatham-Kent et d’un groupe d'activistes déterminés à stopper le projet à tout prix.

Une prise de vue de drone montre un terrain vague parsemé d'arbres entouré de champs.

Cette étendue verte bordée d'arbres est le site du futur dépotoir de York1 au nord de Dresden.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

La vie rurale menacée

Dresden est une petite ville d’à peine 2000 âmes située au cœur du terreau fertile qu’est le Sud-Ouest de l’Ontario. La seule congestion routière qu’on y retrouve, c’est celle causée par un tracteur qui passe d’un champ à l’autre.

Depuis des générations, les agriculteurs cultivent le blé le long de la rivière Sydenham, qui se jette dans le lac St. Clair. Les vieilles maisons de brique rouge baignent dans la lumière du soleil au son des criquets.

Cette atmosphère pastorale, c’est ce que recherchait Becky Badder en déménageant à Dresden il y a 5 ans. Mère monoparentale, elle voulait donner à ses deux enfants le même style de vie qu’elle a eu la chance de vivre non loin de là.

C'était censé être notre maison pour toujours. Nous avons essayé de rénover et de vivre dans cette maison historique et le fait que [la décharge] sera sur le pas de notre porte sans savoir ce que l'avenir nous réserve, c’est très frustrant et très difficile à vivre, dit-elle, le regard porté sur le champ qui borde sa cour arrière.

 les épis sont toujours verdissants.

Ce champ de blé borde le terrain où sera étendu prochainement le dépotoir de Dresden.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

York1 compte y construire un parc industriel. Le dépotoir lui-même sera un peu plus loin au nord, de l’autre côté du ruisseau Molly, tributaire de la rivière Sydenham. La proximité du cours d’eau inquiète beaucoup Becky, qui y fait du kayak une fois par mois.

C’est bien trop proche de plusieurs zones inondables, de trop nombreux cours d'eau. Ça doit être déplacé quelque part plus près d'une autoroute, là où il n'y a pas tous ces dangers pour l'environnement, dit-elle.

C’est également l’une des préoccupations principales du groupe d’activistes Dresden C.A.R.E.D., mené par Stefan Premdas. Transfuge torontois, il vit à Dresden avec son partenaire et ses deux chiens depuis une dizaine d’années.

Stefan Premdas pose à côté d'une pancarte s'opposant à la décharge.

Stefan Premdas est tombé amoureux de Dresden il y a une dizaine d'années. Il se porte aujourd'hui à la défense de sa ville d'adoption.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

Stefan a pris conscience des intentions de York1 l’année dernière, par hasard, en recherchant l’histoire locale de son patelin d’adoption. Il tombe alors sur l’application du conglomérat sur le site du Registre environnemental de l’Ontario. Le lendemain, il mettait sa machine de contestation en branle.

Nous avons fait des centaines de prospectus, et nous avons littéralement parcouru tout le quartier en frappant aux portes, en distribuant des dépliants pour informer le voisinage de ce qui se passait, se souvient-il.

Deux jours plus tard, son groupe, aujourd’hui composé d’une trentaine de bénévoles, tient une rencontre pour informer ses voisins : la décharge située sur la route Irish School sera bientôt remise en activité.

Des palettes de bois sont empilées sur un terrain vague.

Lors de la visite de Radio-Canada en juin, les seuls déchets visibles dans la décharge de Dresden étaient des palettes de bois et quelques morceaux de métals épars.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

La transformation de la décharge

York1 achète la propriété située à moins d’un kilomètre au nord de Dresden en 2022. Le site désaffecté était toujours désigné comme une décharge, avec les autorisations environnementales nécessaires pour un total d’environ 8,8 hectares.

Le conglomérat signifie alors son intention au conseil municipal de Chatham-Kent, qui comprend la ville de Dresden, d’y construire une installation de recyclage régénératif. Par courriel à Radio-Canada, sa porte-parole Laryssa Waler réitère que York1 compte transformer du bois propre trié en paillis, en compost, en matière première pour la fabrication de panneaux de particules ou de papier.

Notre site ne sera pas un lieu de décharge pour les ordures ménagères et les déchets. Cela n'a jamais été le cas et ne l'est toujours pas.

Les résidents ne le voient toutefois pas du même œil. Début 2024, les pancartes hostiles au projet se multiplient sur les pelouses de Dresden.

Prise de vue aérienne de la rivière Sydenham qui se glisse un chemin entre deux quartiers résidentiels

La rivière Sydenham traverse Dresden de part en part avant de se jeter dans le lac St. Clair.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

Lors d’une élection partielle dans la région en mai, le porte-étendard du parti progressiste-conservateur Steve Pinsonneault fait campagne, comme la plupart de ses adversaires, sur la nécessité d’une évaluation environnementale pour le projet. La ministre ontarienne de l’Environnement à l’époque confirme que l’expansion de la décharge de Dresden en fera l’objet.

Cependant, le gouvernement de Doug Ford a adopté un an plus tard un controversé projet de loi lui permettant d’exclure des entreprises de son choix de toute évaluation environnementale. Conçue pour accélérer le développement de grands chantiers d’infrastructure, la loi 5 inclut également la décharge de Dresden.

Prise de vue aérienne du château d'eau de Dresden

Le conseil municipal de Chatham-Kent s'oppose au projet d'expansion de la décharge de Dresden.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

Le premier ministre ontarien a défendu cette décision lors d’une conférence de presse en mai. L’hostilité récente du président américain l’a poussé à prendre cette décision, dit-il, alors que l’Ontario envoie un tiers de ses déchets au sud de la frontière depuis 2006.

Il s'agit d'un site existant. Nous devons l'agrandir, et je ne vais pas compter sur le président Trump plus longtemps. Nous devons être responsables de nos propres déchets, affirmait Doug Ford le 13 mai dernier.

Talonné à de nombreuses reprises par l’opposition à l’Assemblée législative, le ministre de l’Environnement Todd McCarthy a asséné deux semaines plus tard que l’expansion du dépotoir de Dresden sera sujet au processus d’autorisation environnementale.

Todd McCarthy se gratte l'oreille assis à son bureau dans l'Assemblée législative.

Le ministre de l'Environnement, Todd McCarthy, affirme qu'il faut équilibrer l'économie et l'environnement. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Chris Young

Mais l’autorisation environnementale n’a pas le même poids qu’une évaluation environnementale, souligne le professeur en changements environnementaux et urbains à l'Université YorkMark Winfield. Le processus d'autorisation se limite à la conception et à une approbation technique très étroite de l'ingénierie d’un projet, souligne-t-il.

En même temps qu'elle encourage l'augmentation de la capacité des décharges, la province semble également agir de manière très agressive pour affaiblir son cadre de détournement des déchets, qui est précisément conçu pour réduire le besoin de décharges, souligne le professeur Winfield.

La question qui se pose, c’est de savoir quel est le besoin exact pour ce projet. Malheureusement, l’allégement du processus d'évaluation environnementale nous prive des processus et des structures permettant de poser ces questions de manière rigoureuse, dit-il.

Des pancartes en contreplaqué exhortent le promoteur York1 à abandonner son projet.

Ces pancartes sont installées devant une propriété qui fait directement face à la décharge de Dresden.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

Le combat s’intensifie

L’adoption de la loi 5 a été vue comme un coup de trop à Dresden. La municipalité de Chatham-Kent, qui avait pourtant échangé avec York1 lors des balbutiements du projet en 2022, a maintenant fait tomber les gants.

Lors de la plus récente réunion du conseil municipal, les élus ont adopté une motion à l’unanimité pour identifier quelles autres parties ont l’intention de contester la loi, dans le but éventuel de se joindre à un tel effort.

Nous ne voulons pas de cela. C'est juste le mauvais endroit, le mauvais emplacement.

Stefan Premdas, lui, se dit prêt à contester devant les tribunaux. Il a d’ailleurs interpellé la ministre fédérale de l’Environnement pour lui demander de désigner le projet en vertu de la Loi sur l’évaluation d’impact.

Par courriel, le ministère confirme avoir reçu la demande, qui est en cours d’analyse.

York1 se réjouit de l’adoption rapide de la loi 5. Nous sommes impatients d'aller de l'avant avec notre projet de construction d'une installation de recyclage régénératif de pointe pour les déchets de construction et de démolition dans le Sud-Ouest de l'Ontario, a affirmé le groupe dans un communiqué.

Le poids de l’incertitude

Devant son porche, entouré de ses chats rescapés du cimetière voisin, Becky Badder soupire, fatiguée. Elle ne veut pas vivre à côté d’une décharge.

J'avais prévu de vivre ici pour le reste de ma vie et le fait de devoir essayer de redémarrer ailleurs… c’est tout simplement inimaginable à ce stade, laisse-t-elle tomber. Elle s’inquiète d’ailleurs du prix qu’elle pourrait obtenir pour sa maison, en raison de son futur voisin industriel.

Becky regarde l'objectif devant sa véranda de bois.

Becky Badder a voulu rentrer dans la région de Chatham-Kent qui l'a vu grandir, pour le bénéfice de ses deux enfants.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

À deux kilomètres de là, Dave Willson tient le même discours.

Il y a [des rénovations] que l’on voulait faire. [Ma femme] a dit non, on ne dépense plus un sou. C’est sa maison d’enfance, elle est très très contrariée.

Comme la plupart des propriétés rurales de Dresden, la maison des Willson tire son eau d’un puits. Du méthane s’est infiltré dedans il y a quelques semaines, il a alors fallu le faire ventiler. Facture : 5000 $.

Dave et Sheri craignent que l’activité industrielle de York1 ne perturbe les nappes phréatiques, et le puits qui les abreuvent.

Un puits est entouré d'un cabanon fait de tôle de métal.

La plupart des propriétés qui bordent le site du dépotoir de Dresden tirent leur eau à même le sol, grâce à des puits comme celui-ci.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

Par courriel, York1 assure qu’elle travaillera avec ses voisins pour s’assurer que leurs puits ne sont pas touchés par son projet, et que des études approfondies seront réalisées afin de garantir la protection de l'aquifère.

Mais Dave Willson n’en est plus à l’étape des discussions. Il ne veut tout simplement plus en entendre parler.

Il faut bien que ça aille quelque part. Je comprends que notre recyclage et nos déchets doivent aller quelque part, mais ce n'est pas l'endroit où il faut les mettre.

Il faut que ça cesse, lance-t-il avant de fermer d’un coup la portière de sa camionnette noire.

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