La conception déficiente d’une enceinte de découpe est à l’origine du décès d’un travailleur, survenu chez Granite DCR en octobre dernier. C'est l’une des conclusions que dresse la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), dans son rapport.

La CNESST a enquêté à la suite de l’accident mortel qui s'est produit dans une usine de l’entreprise à Rivière-à-Pierre. Elle a pu constater plusieurs lacunes de sécurité lors de sa visite sur place.

Le 17 octobre, alors que l’employé s’affairait à découper des blocs de granite pour la fabrication de bacs d’aménagement, il s’est retrouvé coincé entre un mur et la tête d’une scie à pont, qui continuait d’avancer jusqu'à sa limite de course.

Les enquêteurs de la CNESST ont pu constater que la distance entre la partie mobile de la scie et le mur était de 22 cm. Or, avec les planches de bois qui y étaient déposées le jour de l’accident, cet écart n’était plus que de 14 cm.

Ces mesures ne respectent pas les prescriptions des normes applicables et ne permettent pas un dégagement suffisant pour éviter l’écrasement de l’opérateur de scie, notent-ils dans le document rendu public mercredi.

La scie elle-même ne répondait pas aux dispositions des normes et les dispositifs de validation lors du positionnement de la lame fonctionnaient de façon erratique , détaillent les inspecteurs.

Cette illustration produite par la CNESST permet de visualiser l'espace de dégagement insuffisant entre la scie et le mur.

Photo : Image: CNESST

Des composantes de sécurité non fonctionnelles

Lors de sa visite, la CNESST a également constaté qu’aucun dispositif de sécurité fonctionnel qui empêche l’accès à la zone dangereuse formée par la lame de la scie en rotation et le déplacement de la tête de la scie [...] par le devant de la machine.

Des composantes d’une porte de sécurité avaient été retirées, et elle permettait le passage d'un individu sans provoquer son ouverture. Un rideau lumineux délimitant la zone de découpe n’était plus fonctionnel, son circuit de commande ayant été contourné électriquement.

De plus, le rapport révèle que les procédures en lien avec l’utilisation des machines n’[étaient] pas documentées et les méthodes de travail [étaient] transmises verbalement lors de l’accueil des nouveaux travailleurs.

Granite DRC ne comptait pas non plus de comité de santé et de sécurité au travail, ni de représentant à la prévention, comme requis par la loi.

Un autre accident en 2013

Cet accident de travail mortel n'est pas le premier à survenir chez Granite DCR à Rivière-à-Pierre. En 2013, un travailleur d'une trentaine d’années était mort écrasé sous un bloc de granit dans une carrière appartenant à l’entreprise.

À la suite de la publication du rapport d’enquête de la CNESST en 2015, le Courrier de Portneuf rapportait que les inspecteurs avaient noté des lacunes dans la gestion de la santé et sécurité qui mettent en danger les travailleurs, soulignant également l’absence d'un comité santé et sécurité dans la zone où l’accident s’était produit.