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La tendance au réchauffement ne s'est pas essoufflée dans le golfe du Saint-Laurent en 2024. Des températures au-dessus de la normale ont été enregistrées sur plusieurs mois d'affilée, compromettant la formation d'un couvert de glace et la survie d'espèces essentielles à ces écosystèmes.
Ces quatre dernières années sont vraiment au-dessus de ce à quoi on s'attendait, note Peter Galbraith, chercheur scientifique en océanographie pour Pêches et Océans Canada, à l'Institut Maurice-Lamontagne. L'automne a notamment été très, très chaud.
De mai à novembre, la température moyenne du golfe a atteint un record de 11,6 °C, soit une hausse de 1,6 °C par rapport aux données observées de 1982 à 2024.
Le mois de juillet a par ailleurs été le plus chaud jamais enregistré, avec une augmentation de 2,4 °C par rapport à la moyenne attendue.
Cette tendance a été particulièrement marquée dans le plateau madelinien, une zone peu profonde au large des Îles-de-la-Madeleine. Toutes les semaines, sans exception, ont été plus chaudes que les moyennes, de mai à novembre, selon les données de l'Institut.
Conséquence de cette hausse des températures, le golfe a connu son 7e hiver avec le plus faible couvert de glace de mer – où la glace couvre moins du quart de la superficie – depuis 1969.
Cette absence de banquise nuit à la reproduction des phoques du Groenland, qui migrent vers le Sud pour passer l'hiver au large des eaux de Terre-Neuve-et-Labrador, dans le golfe et l'estuaire du Saint-Laurent, afin de mettre bas.
Records observés dans le plateau madelinien :
- Juin : 12,3 °C (+ 2 °C)
- Juillet : 18,8 °C (+ 2,6 °C)
- Septembre : 16,5 °C (+ 1,5 °C)
- Moyenne de mai à novembre : 13,2 °C (+ 1,7 °C)
Les chercheurs de l'Institut Maurice-Lamontagne attribuent également cette augmentation des températures au déclin marqué du Calanus Hyperboreus, qui a connu un sommet en 2024.
Ce copépode herbivore fait partie de l'alimentation de nombreuses espèces fourragères, dont le hareng, le capelan et le maquereau.
Il est aussi très important pour la baleine noire; on a estimé qu'il s'agit de sa principale source d'énergie, ici, dans le golfe du fleuve du Saint-Laurent, explique Marjolaine Blais, biologiste en sciences aquatiques.
La présence de Calanus Hyperboreus dans un secteur, poursuit-elle, a une influence sur la présence de baleines noires au même endroit.
Dans l'estuaire et le nord-ouest du golfe, la situation de ce copépode est jugée précaire, alors qu'on remarque une diminution de 80 % de son abondance par rapport aux niveaux observés de 2001 à 2020, selon Mme Blais.
Bien qu’alarmante, cette situation ne doit toutefois pas laisser penser que la biodiversité du Saint-Laurent se dirige tout droit vers l’effondrement, tempère la scientifique.
Ces changements profonds vont transformer les écosystèmes et affecter les espèces déjà présentes, mais les pertes d’habitat pour certains [peuvent] se traduire par des gains d’habitat pour d’autres, nuance-t-elle.
Il y aura toujours des espèces qui vont trouver leur compte dans les conditions changeantes du Saint-Laurent. [...] On ne s’attend pas à un golfe qui va devenir sans vie.
Premier signe de refroidissement en eaux profondes
Pour la première fois en 12 ans, les chercheurs ont remarqué un léger refroidissement des eaux profondes.
À l'embouchure du chenal Laurentien, une vallée sous-marine qui s'étend de Tadoussac à la Nouvelle-Écosse et où les eaux en provenance de l'Atlantique font leur entrée dans le golfe, la moyenne de température observée en 2024 était de 5,88 °C.
Au cours des dix dernières années, le thermomètre a plus d'une fois dépassé les 7 °C, mais le scénario ne s'est pas répété l'an dernier.
On pense qu'il s'agit d'une tendance, explique M. Galbraith, qui rappelle que le mélange entre les eaux chaudes du Gulf Stream et les eaux froides du Labrador s'échelonne sur sept ans. Nous avons vu plus d'eau froide rentrer dans le mélange. Celle-ci va tranquillement faire son chemin, de 300 mètres vers l'intérieur du golfe.
L'océanographe note toutefois un bémol : les températures des eaux du golfe à 200 mètres ont été anormalement chaudes au mois de mars.
C'était une petite surprise, en contradiction avec cette anomalie froide à l'entrée du golfe en 2024. Ce sera à suivre, [mais] un refroidissement est une bonne nouvelle pour les années à venir.
Les chercheurs de l'Institut s'inquiètent en outre de la désoxygénation sévère et de l'acidification des eaux profondes de l'estuaire et du nord-ouest du golfe. Ils disent y avoir constaté une augmentation de 100 % de l'acidité en moins de 100 ans. Ça ne veut pas dire que l’eau devient acide comme du vinaigre! précise Martine Lizotte, chercheure scientifique à l'Institut. C’est un processus qui réfère à la direction du changement, donc on tend [de plus en plus] vers l’acidité.