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D’étudiante à immigrante clandestine, Fatim refuse de demander l’asile

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Fatim craint chaque jour d’être expulsée du Canada. Elle a immigré au pays en 2023 grâce à une lettre d’admission à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), sans savoir que son dossier avait été falsifié. Elle a fait confiance à un pseudo-consultant en immigration qui a soutiré des milliers de dollars à sa famille, sans jamais soupçonner la fraude.

Fatim est un nom fictif utilisé pour protéger son identité vu son statut migratoire. En raison de cette admission bidon, la jeune femme originaire du Bénin vit dans l’illégalité depuis deux ans. Elle survit de peine et de misère, notamment grâce à une religieuse qui lui donne de quoi manger dans une église de Montréal.

Quand je vois une voiture de police passer, je me dis qu’ils peuvent m'arrêter à tout moment. Je vis dans la peur constante d’être déportée, dit-elle.

L’homme qui l’a arnaquée détient toujours les clés sécurisées de son dossier d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC). Il lui a conseillé, à maintes reprises, de demander l’asile pour sécuriser son avenir en Amérique, mais Fatim refuse de le faire.

Je ne veux pas abuser du système canadien en demandant l'asile.

C’est un statut pour des personnes qui ont besoin d'être protégées parce qu’elles ont des problèmes ou sont en danger de mort dans leur pays, mais ce n’est pas mon cas. Étudier légalement, travailler légalement, ça a toujours été mon souhait.

Une silhouette devant une fenêtre.

Fatim doit se cacher en raison de son statut d'immigration.

Photo : Avec la permission de Fatim

Fatim et Aminata : même escroc, même cauchemar

Récemment, c’est le récit d’Aminata qui a fait la manchette lorsqu’on a dévoilé comment des réseaux criminels ont orchestré la venue d’étudiants africains au Canada. Aminata a aussi refusé de demander l’asile même si elle vit dans la clandestinité à Saguenay.

C’est après avoir lu son récit que Fatim nous a contactés. J’étais sous le choc, parce que j’ai vécu la même chose qu’elle. Et vérification faite, elles ont bien été victimes du même fraudeur.

Ce Béninois, qui s’est présenté à leurs familles comme un agent d’immigration, ne détient pas de permis d’exercice du Collège des consultants en immigration et en citoyenneté du Canada (CCIC).

C’est lui qui m’a mis dans cette situation difficile, qui me cause plein de maux de tête et de douleurs, rage Fatim, qui n’a jamais pensé à vérifier s’il était un consultant légitime.

Des mains.

Plusieurs étudiants étrangers sont entrés au pays en ayant recours aux services d'agences ou de consultants frauduleux.

Photo : CBC / Rachel Watts

Ces praticiens non autorisés représentent une grave menace pour le public en fournissant des "services" d’immigration contraires à l’éthique et illégaux à de nouveaux arrivants potentiels au Canada qui peuvent être vulnérables à l’exploitation, soutient le CCIC.

L’escroc africain était étudiant à l’UQAC. Il a falsifié les documents comportant le sceau et la signature de l’établissement pour faire immigrer des ressortissants africains en leur faisant croire qu’ils avaient été acceptés. Ces documents ont aussi berné Québec et Ottawa, qui ont délivré leurs visas.

Quand Aminata s’est présentée à l’UQAC à l'automne 2023 avec une fausse lettre d’admission, la direction a découvert le stratagème frauduleux de l’étudiant et l’a expulsé.

L’UQAC n’a pas porté plainte pour contrefaçon de ses papiers officiels parce qu’elle trouvait les démarches très compliquées a expliqué le vice-recteur Étienne Hébert en avril dernier. L'institution a néanmoins dénoncé la situation et a accompagné Aminata pour qu’elle signale la fraude à la police, au Centre antifraude du Canada et au ministère de l’Immigration.

La police a jugé que la malversation avait eu lieu outre-mer, donc hors de la juridiction canadienne. Seul Ottawa a ouvert une enquête sur ce fraudeur, soutient Aminata.

Les bureaux d'Immigration Canada à Montréal

Avec le projet de loi C-2, Ottawa veut serrer la vis aux demandeurs d'asile, notamment pour les étudiants étrangers.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

L’UQAC assure d’ailleurs avoir remis les informations pertinentes à la Direction de la gestion des risques pour l’intégrité de l’IRCC concernant différents cas de fraude. Mais pour des raisons de confidentialité, IRCC ne peut divulguer l’état d’une enquête ni si une enquête existe.

Aux dernières nouvelles, le faux consultant qui a escroqué Fatim et Aminata vit toujours en toute impunité au Canada. Nous avons tenté de le joindre à plusieurs reprises.

Lors d’un bref entretien avec CBC, il a tout nié. Depuis, ses numéros de téléphone du Bénin et du Canada ne sont plus en service et il a bloqué nos messages sur les réseaux sociaux.

L’UQAC, qui a refusé nos demandes d’entrevue, écrit qu’il appartient aux autorités compétentes de mener les enquêtes nécessaires afin que des sanctions soient imposées aux personnes contrevenant aux lois canadiennes et québécoises.

La journaliste discute en vidéoconférence avec l'étudiante.

Contrairement à des milliers d'étudiants étrangers qui demandent l'asile, Fatim refuse de le faire.

Photo : Radio-Canada

Un stratagème courant

Fatim est le quatrième cas porté à notre attention d’un étudiant africain ayant reçu des documents frauduleux de l’UQAC par l’entremise de cet arnaqueur.

Mais la Béninoise croit qu'il pourrait y en avoir davantage.D’autres victimes qui ont peut-être succombé et demandé l’asile, évoque-t-elle.

L’UQAC remporte d'ailleurs la palme au Québec avec 1145 étudiants étrangers qui ont utilisé l’établissement comme tremplin d’immigration en réclamant un statut de réfugié depuis 2020.

Selon l’avocat spécialisé en immigration Richard Kurland, les fraudes liées aux permis d’études ont bondi dans les dernières années et les étudiants africains sont des cibles de choix pour les arnaqueurs parce qu’ils connaissent mal les rouages du système canadien.

Ce sont des tragédies, se désole-t-il, parce que les victimes ont souvent peu de recours.

Un homme tape sur un clavier d'ordinateur.

L’UQAC a décelé 54 dossiers comportant des documents falsifiés en 2023.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

Le ministère fédéral de l’Immigration précise qu’il élabore actuellement un régime de sanctions pour les personnes qui offrent des services d'immigration rémunérés sans autorisation et qui encouragent leurs clients à faire de fausses déclarations.

Le régime publiera les noms des personnes trouvées en infraction, renforçant ainsi la protection du public, souligne IRCC.

Mon père a tout sacrifié et il en est mort

Le père de Fatim considérait le Canada comme un pays de rêve et d'occasions. Lorsqu’il a rencontré le faux consultant en 2022, au Bénin, il a dû vendre sa propriété pour payer ses services.

Mon père avait une confiance aveugle en lui parce qu’il lui avait promis que ça allait marcher, qu’on aurait le visa et que je pourrais venir étudier au Canada.

Consciente des sacrifices qu’il a faits, elle lui a longtemps caché avoir été victime de fraude. Quand j’ai raconté l’histoire à mon père, sa santé en a pris un coup. Après ça, il ne s’en est jamais remis, sanglote Fatim.

Il est mort en décembre 2024 et Fatim n’a pas pu assister à ses funérailles. Elle s’est résignée à suivre les obsèques sur WhatsApp. Elle a songé à retourner au Bénin, auprès des siens, mais comme elle veut prouver à l’immigration qu’elle est digne d’étudier au Canada, elle est restée.

Une femme prend sa tête entre ses mains.

Par acquit de conscience et contrairement à des milliers d'étudiants étrangers, Aminata et Fatim ont renoncé à demander un statut de réfugié.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

J’ai beaucoup déprimé et au milieu de toute cette douleur, quand j’ai lu l’histoire d’Aminata, ça a été une sorte de lueur d’espoir parce que je me suis dit : "OK, je ne suis pas seule", explique-t-elle.

Honorer la mémoire de mon père, ce serait de réussir ce rêve que nous avions, mais qui s'est transformé en cauchemar parce qu’on est tombé sur la mauvaise personne.

Le cercle vicieux d’une fausse lettre d’admission

Fatim rêvait d’étudier à Montréal. En 2022, quand son arnaqueur lui a remis une lettre d’admission à l’UQAC, située à cinq heures de la métropole, il l’a assurée qu’elle pourrait changer d’université une fois en sol canadien.

La lettre spécifie qu’elle a été acceptée à la maîtrise en gestion des organisations — tout comme Aminata — avec une promesse de bourse d’études. Mais comme son certificat d’acceptation du Québec (CAQ) et son permis d’études d’Ottawa ont tardé à arriver, le faux consultant a proposé à Fatim de reporter son admission à l’automne 2023.

Un document identifié au nom de l'UQAC.

Aminata et Fatim ont cru que leurs lettres d’admission de l’UQAC étaient authentiques puisqu’elles portent le sceau et la signature de l’institution.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

À la veille de prendre l’avion, en juillet 2023, elle reçoit finalement ses nouveaux papiers d’immigration. Son père fait un transfert bancaire au pseudo-expert, qui se trouve désormais au Canada. Cette fois, la fraude a donc lieu en territoire canadien.

Le consultant recommande à Fatim de demander l’asile si les services frontaliers la questionnent de manière trop suspicieuse à son arrivée. La jeune femme admet qu’à ce moment, elle aurait dû se méfier.

C’est une fois sur le territoire canadien que je me suis rendu compte que la nouvelle lettre, c’est une lettre d’admission au doctorat et que le certificat d’acceptation du Québec est pour le 3e cycle universitaire. Je suis tombée des nues, relate-t-elle.

Il y a quelque chose qui clochait totalement. Comment a-t-il pu me trouver une admission au doctorat, sans que je n’aie de maîtrise?

L'écusson d'un agent des services frontaliers.

Le faux consultant en immigration a conseillé à Fatim de demander l'asile en arrivant au Canada.

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Tout se bouscule dans sa tête. Est-ce qu’elle s’est fait avoir? Est-ce que l’université a fait une erreur? En se dirigeant vers les douanes, à Montréal, le stress est à son comble. Fatim prie pour que tout se déroule rondement. Elle montre ses papiers à l’agent et contre toute attente, il ne l’interroge pas. On lui dit : Bienvenue au Canada.

La pression retombe. Mais la diplômée en finances est loin d’être au bout de ses peines. Le pseudo-consultant lui ordonne de ne pas se présenter à l’UQAC. Et puis… il cesse de la rappeler. Il ne fait pas non plus la démarche promise pour transférer ses études à Montréal.

Fatim se sent prise en otage. Comme il s’est occupé de chaque étape de sa procédure d’immigration, il détient les identifiants et mots de passe de ses comptes gouvernementaux et universitaires.

Après des mois d’angoisse pour Fatim, l’arnaqueur revient à la charge et lui suggère de demander l’asile. Elle se souvient avoir dit : Trouve-moi une autre porte de sortie parce que c’est toi qui m’as mise dans cette galère.

L'UQAC vue des airs.

L'Université du Québec à Chicoutimi remporte la palme des étudiants étrangers devenus demandeurs d'asile au Québec.

Photo : Radio-Canada / Julien Gagnon

Il lui conseille alors d’étudier en Ontario pour régulariser son statut. Fatim réussit à obtenir une admission dans un collège, mais faute de moyens, elle ne parviendra jamais à compléter son inscription. Avant que son père décède, elle lui avait demandé de payer les frais de scolarité. Mais il était à bout de souffle et de ressources.

Depuis un bon moment, Fatim n’a plus d’économie. Je suis mariée. Et mon époux m'envoie un peu d’argent du pays des fois, confie-t-elle les yeux dans l’eau.

Le plan, c’était qu’il la rejoigne quand elle obtiendrait sa résidence permanente, après ses études.

Unies dans l’adversité

Fatim et Aminata sont en contact depuis quelques semaines. Victimes d'une même fraude, originaires du même pays, mais jusque-là étrangères, elles ont trouvé une avocate spécialisée en immigration pour tenter de dénouer l’impasse qui les unit.

Une femme boit un verre d'eau.

Les victimes de fraude à l'immigration vivent dans la précarité depuis leur arrivée au Canada.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

Est-ce que notre voix peut être entendue par l’immigration, pour ne pas rentrer chez nous bredouille? s’interroge Fatim. On est totalement dans la même situation et c’est horrible.

Les Béninoises souhaitent que leur escroc soit arrêté et condamné, afin que personne d’autre ne subisse cette spirale infernale.

Elles pressent l’UQAC de déposer une plainte à la police contre l’individu qui ternit la réputation de l’institution avec ses contrefaçons. Pour nous, une lettre émise par une université avec son sceau, c’est quelque chose d’officiel.

Des étudiants marchent dans un corridor.

Pour les quatre premiers mois de cette année, 2350 étudiants étrangers ont demandé l'asile au Québec.

Photo : Radio-Canada / Priscilla Plamondon Lalancette

La dernière fois que Fatim a parlé au fraudeur, c’était en janvier 2025. Il se trouvait alors à Montréal. Elle l’a supplié de lui restituer les clés de son dossier d’immigration.

Une fois de plus, il lui a suggéré de demander un statut de réfugié ou encore de raconter aux autorités qu’elle a été victime d’un fraudeur. Ce qui, pour une fois, était vrai, ironise Fatim.

Avec les informations de Rachel Watts, de CBC News

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