Soucieux de protéger son pouvoir et sa propagande, le régime nord-coréen rejette toute intrusion étrangère en termes d’information et autres contenus multimédias. Il y a plusieurs années, le régime n’a toutefois pas pu s’opposer à la démocratisation des smartphones. En revanche, ces appareils sont devenus de redoutables outils de censure et de surveillance dans le pays. Explications.
Des smartphones reprogrammés
Tout d’abord, rappelons que la Corée du Nord – dirigée par Kim Jong-un – exerce depuis déjà longtemps l’une des censures les plus extrêmes au monde. Le gouvernement contrôle de façon très stricte les communications et surtout les médias. La population nord-coréenne n’est absolument pas libre d’acquérir des contenus de tous types, notamment relatifs à la politique, la sexualité et la violence, entre autres. De plus, tout contenu provenant de l’étranger (presse, Internet, cinéma etc.) notamment de la Corée du Sud est complètement prohibé.
Avec la démocratisation des smartphones dans le monde il y a une vingtaine d’année, le gouvernement a néanmoins décidé de s’adapter. Il faut dire qu’interdire ces appareils aurait été synonyme d’avouer de manière trop ouverte l’enfermement du pays sur lui-même. Ainsi, le régime a autorisé les smartphones mais ceux-ci sont aujourd’hui de redoutables outils de surveillance.
Dans un article publié le 1er juin 2025 accompagné d’une vidéo, la BBC a indiqué avoir mis la main sur un de ces smartphones. Or, l’appareil semble avoir fait l’objet d’une reprogrammation lui permettant de réécrire tous les contenus ne correspondant pas à la ligne officiel de Kim Jong-un. La chaine britannique a cité plusieurs termes que le smartphone modifie en cas de recherche de l’utilisateur. Il s’agit de « oppa » (petit ami ou grand frère) changé en « camarade » et le terme « Corée du Sud » transformé en « état marionnette ».

Un verrouillage de la pensée
Le côté dangereux de se smartphone ne se limite pas à la simple censure. En effet, il s’agit ici pour le régime en place de contrôler (et verrouiller) la pensée de la population. En modelant les contenus et en modifiant le vocabulaire, le gouvernement limite fortement la capacité des citoyens à réfléchir par eux mêmes. Par ailleurs, l’appareil est un véritable mouchard puisque ce dernier capture une image toutes les cinq minutes afin de la transmettre aux autorités. Évidemment, l’utilisateur n’a aucune marge de manœuvre sur cette « fonctionnalité » et en cas de manquement, celui-ci s’expose à de graves sanctions puisque les images pourraient servir de preuve.
Alors que la démocratisation du numérique n’est plus à prouver, la Corée du Nord jette ses dernières forces pour censurer ce qui peut encore l’être. Néanmoins, l’entreprise est de plus en plus difficile car les intrusions se multiplient via de nombreux réseaux de contrebande, surtout à l’heure d’Internet. Évidemment, lorsqu’il s’agissait auparavant de contrôler des médias comme la radio et la télévision, le contrôle des cerveaux était beaucoup facile à mettre en place.