« En colère » et « épuisé », un jeune élève de Québec interpelle le ministre de l’Éducation Bernard Drainville au sujet des compressions budgétaires attendues dans le milieu scolaire.

Pour l’année scolaire 2025-2026, j’ai peur. J’angoisse, et je m’inquiète pour mon école. Avec une hausse des nouveaux arrivants, mais une diminution des ressources disponibles, il m’arrive de me demander si on va s’en sortir, s’inquiète Vincent Girard-Lortie, un jeune de 15 ans, dans une lettre ouverte largement partagée sur les réseaux sociaux depuis le début de la semaine.

En entrevue avec Radio-Canada mercredi matin, l’élève qui vient tout juste de terminer sa quatrième année à l’école secondaire Samuel-de-Champlain réitère son inquiétude.

Quand j'ai vu les coupures budgétaires […], il y a eu un sentiment à la fois de crainte, d'angoisse, mais surtout de colère, parce que, quand j'ai vu ça, je me suis dit que la CAQ, elle avait aucune considération à la fois pour les enseignants, pour tous les travailleurs du domaine de l'éducation, mais également pour les élèves, explique-t-il.

L'adolescent dit vivre des moments angoissants depuis l'annonce des coupures.

Photo : Radio-Canada / Marie-Ève Trudel

L’élève prend pour cible les investissements du gouvernement Legault dans Northvolt, SAAQclic ou encore les sommes allouées pour les matchs présaison des Kings de Los Angeles à Québec. Selon lui, les compressions budgétaires sont un résultat direct des décisions économiques du gouvernement.

Je trouve ça vraiment irrespectueux de leur part de se sauver de toutes les dépenses qui se sont transformées en fiasco économique qu’ils ont fait, clame-t-il.

« Ils vont décrocher »

Vincent Girard-Lortie craint déjà les impacts des annonces du Ministère sur le service offert dans les classes. S’il se considère comme un élève qui réussit habituellement bien, ses inquiétudes sont surtout dirigées vers ses camarades de classe en difficulté.

On nous a parlé qu’il y a un risque d’avoir plein de techniciens en éducation spécialisée (TES) qui allaient devoir partir. […] Ces ressources-là, on apprend qu’elles vont foutre le camp tout simplement à cause des coupures. Je me sens mal honnêtement pour tous les élèves qui en ont vraiment besoin, raconte-t-il. 

C’est quoi qu’ils vont faire sans toutes ces ressources-là?

Les compressions de 570 millions de dollars du gouvernement n’augurent rien de bon, selon lui.

Si toutes ces ressources-là s'en vont, ces élèves, ce qu'il va leur arriver, ils vont décrocher, ils vont perdre le goût à l'école, pense Vincent.

Il implore donc le gouvernement d’écouter les élèves, d’écouter ce que la population veut, d’assumer leur erreur.

Le gouvernement Legault compte réduire les dépenses en éducation de 570 millions de dollars. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Mathieu Potvin

Pour la prochaine année, qui sera sa dernière au secondaire, Vincent Girard-Lortie anticipe une grosse année de défi.

J’ai aucune crainte quant au niveau de compétence à la fois de mes profs et de la direction de l’école, je sais qu’ils vont être capables de surmonter ça, mais ça va être compliqué, ça va être une année de défis, conclut celui qui souhaite devenir avocat.

« On entend très bien les préoccupations »

Par déclaration écrite, le cabinet de Bernard Drainville dit entendre « très bien les préoccupations écrites dans la lettre et celles du terrain. »

Le cabinet continue de vanter le bilan du ministère depuis l'arrivée de la CAQ au pouvoir en 2018. « Depuis que la CAQ est au gouvernement, le budget en Éducation a augmenté de 58%, soit en une moyenne d’un peu plus de 7% par année. [...] On a ouvert plus de 100 nouvelles écoles depuis 2018, 200 agrandissements et 150 projets sont en réalisation », affirme-t-il.

Mais ce qu’on demande au réseau, c’est de respecter le budget qui a été consenti cette année », ajoute-t-il.

Avec les informations de Marie-Ève Trudel