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Ces locataires abandonnés par les Immeubles Abitibi et Tri-Logis

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Locataire pendant huit ans, Huguette Therrien voit ses problèmes commencer à l’hiver 2023, lorsque Tri-Logis met la main sur l’immeuble du centre-ville de Rouyn-Noranda où elle habite. Nouvellement propriétaire, l’entreprise refuse de déneiger le stationnement de la dame de 76 ans, un service pourtant inclus dans le bail.

J’étais obligée de pelleter, déplore-t-elle. À l’âge où je suis rendue, ce n’est pas un cadeau.

Prise au dépourvu, Mme Therrien se tourne vers le Tribunal administratif du logement (TAL) en janvier 2024. Sur place, la représentante de Tri-Logis affirme à tort que le service de déneigement a été retiré du bail.

Huguette Therrien est pensive dans sa cuisine.

Huguette Therrien aurait aimé demeurer dans son 3 ½, mais elle a pris la décision de déménager

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Dans sa décision, le juge Serge Adam rappelle au contraire que la septuagénaire n’a jamais autorisé la fin de ce service et qu’elle avait donc droit de le recevoir en 2023 et 2024.

Pour régler le litige, Tri-Logis a accepté de rembourser les frais de déneigement payés par Huguette Therrien. Cette victoire, la septuagénaire ne l’a toutefois pas savourée bien longtemps.

Son propriétaire lui a envoyé, trois semaines après l’audience, un avis de renouvellement de bail pour l’année 2024-2025, un avis qui lui suggérait de renoncer au déneigement pour conserver son loyer.

Une copie d'un bail de location posée sur une table.

L’avis de renouvellement reçu par Huguette Therrien en février 2024. La locataire était en droit de réclamer le maintien du service de déneigement sans pour autant déménager.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

De guerre lasse, et voulant éviter de s’engager dans un nouveau litige, Huguette Therrien a accepté de renoncer à ce service. Elle a pris la décision de déménager un an plus tard, toujours dégoûtée par cette histoire.

Je n’étais plus capable, c’est ma santé qui s’en allait. Je vais vivre plus longtemps avec mes enfants et petits-enfants [en déménageant], complète celle qui habite maintenant chez son fils.

D’autres témoignages

Radio-Canada a discuté, ces quatre derniers mois, avec 20 personnes qui adressent différents reproches aux Immeubles Abitibi et Tri-Logis. Parmi eux, six locataires et anciens locataires déplorent le manque d’entretien des immeubles où ils habitent. Ces derniers ont dû insister pour obtenir des services de base ou faire corriger des bris importants dans leurs appartements.

Carole Joseph est assise dans une cuisine.

La fille d’Huguette Therrien, Carole Joseph, garde un souvenir amer de ses passages en cour avec sa maman. « Je ne peux pas croire que des gens dorment la conscience tranquille en agissant comme ça avec des personnes âgées », s’insurge-t-elle.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Les Immeubles Abitibi et Tri-Logis appartiennent à l’entrepreneur Cédric Lajoie, qui a acquis la première entreprise en août 2014 et la seconde en mars 2022. Bien implantées à Rouyn-Noranda, ces entreprises sont aujourd’hui enregistrées à la même adresse. Leurs logements sont gérés par la même équipe, sous le nom de Tri-Logis.

Tri-Logis affirme détenir 600 logements résidentiels répartis dans 75 propriétés. Les six personnes retenues pour le reportage logent dans six appartements répartis dans cinq immeubles.

Radio-Canada a accepté de taire l’identité de deux locataires, qui craignent que le reportage nuise à leurs futures recherches de logements.

Stationnement invisible

Outre Huguette Therrien, Radio-Canada a constaté d’autres oublis ou refus de service, parfois inclus dans des baux. Ce fut le cas pour Anik Longpré, qui s’apprête aujourd’hui à quitter son logement Tri-Logis.

La mère de famille nourrit plusieurs doléances envers son propriétaire. L’un des tracas les plus importants concerne son stationnement. Un espace qui ne lui a jamais été offert en dépit de promesses verbales.

Vue sur un immeuble en ville.

Le bureau de Tri-Logis sur la rue Principale à Rouyn-Noranda. L’entreprise assure que les services aux locataires sont sa priorité.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Quand j’ai visité le logement, le locataire sur place m’a dit que j’avais le stationnement 3, raconte-t-elle. Quand j’ai signé mon bail, on m’a confirmé que c’était mon stationnement. La suite, c’est mon erreur. J’étais en processus de séparation et je n’ai pas pris le temps de valider s’il était écrit sur mon bail. Par contre, j’ai demandé à l’employée de Tri-Logis si c’était normal que ce ne soit pas écrit et on m’a certifié que j’en avais tout de même un.

Privée de stationnement, Anik Longpré a vécu une série de casse-têtes à l’automne 2024 et à l’hiver 2025. Elle a tenté, pour cette raison, de négocier à la baisse le coût de son 5 ½ en profitant du sursis d’un mois que la loi offre aux locataires pour réviser les clauses de leur bail.

Croyant bien faire, elle a signifié son intention à Tri-Logis par courrier recommandé trois semaines après avoir reçu son avis de renouvellement à l’automne 2024.

L’entreprise n’est cependant jamais allée récupérer la lettre en question. Je savais même pas que c’était possible, s’exclame Anick. Ils ont ensuite refusé de négocier, prétendant que le délai d’un mois était expiré et que j’étais hors délai.

Ils m’ont envoyé un avis d’augmentation de bail par huissier. Je réponds par courrier recommandé. C’est une entreprise. Il y a des gens qui travaillent pour eux. On prend pour acquis qu’ils vont ramasser la poste.

Anik Longpré nous a fourni une copie de son bail et des copies de lettres et courriels échangés avec le personnel de Tri-Logis, y compris l’étiquette de Postes Canada qui confirme le retour de sa lettre recommandée malgré l’emploi de la bonne adresse.

La locataire a fini par obtenir un stationnement en février 2025, mais en payant un supplément mensuel de 70 $ à son loyer de Rouyn-Sud, déjà fixé à 1295 $.

Par écrit, Tri-Logis confirme que le stationnement n'était pas inscrit au bail et assure ne jamais conclure d’entente verbale. Toutes les conditions contractuelles sont formalisées par écrit. À notre connaissance, aucun engagement relatif à un stationnement n’a été pris à l’égard de Mme Longpré, que ce soit par écrit ou autrement, répond l’entreprise.

Tri-Logis ajoute que le courrier recommandé est normalement livré en main propre à son bureau. Il revient à l’expéditeur de suivre l’évolution de l’envoi ou d’utiliser un autre moyen de communication pour s’assurer de sa bonne réception, se défend-elle.

Versement de dépôts

Locataire d’Arntfield, Stella (prénom fictif) nous a démontré, reçu à l’appui, avoir versé un dépôt de 500 $ pour obtenir le droit de conserver son chat et ses deux chiens, une pratique interdite au Québec.

Signé en décembre 2024, son bail lui garantit également un accès Internet… Un service qu’elle n’a jamais obtenu. Stella paye plutôt un forfait auprès d’un fournisseur privé, comme le prouve une facture qu’elle a remise à Radio-Canada.

Une voiture de Tri-Logis stationnée.

Tri-Logis détient plus de 600 logements pour des locations de courtes et de longues durées.

Photo : Radio-Canada / Annie-Claude Luneau

La directrice générale des Immeubles Abitibi et de Tri-Logis, Karo-Lyn Fauchon, décrit les dépôts pour animaux comme un compromis raisonnable et équitable pour les locataires.

Nos baux résidentiels interdisent formellement les animaux. Toutefois, dans certains cas, des locataires expriment le souhait de garder un animal. Un dépôt de garantie peut alors être accepté, offert à leur initiative et de manière volontaire, et uniquement sous conditions strictes et précises [...] Cette solution nous semble un compromis raisonnable plus équitable que l’imposition d’un supplément mensuel non remboursable, écrit-elle.

Stella maintient que le dépôt a été demandé par les représentants de Tri-Logis. Quant à Internet, elle a eu droit à un remboursement pour les frais payés entre décembre 2024 et mai 2025. Tri-Logis soutient lui avoir promis au téléphone un remboursement en avril, mais la confirmation écrite a seulement été envoyée à Stella le 27 mai, cinq jours après que Radio-Canada eut contacté l’entreprise pour discuter de son cas.

La moisissure dans l’appartement de Stella dégageait une odeur nauséabonde avant l’intervention de Tri-Logis.

La moisissure dans l’appartement de Stella dégageait une odeur nauséabonde avant l’intervention de Tri-Logis.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

D’autres différends ont opposé ces six derniers mois Stella à Tri-Logis, dont un important problème de moisissure dans le garde-robe de la chambre principale, signalé au début du mois de mai.

Son propriétaire a entrepris des travaux pour traiter le problème entre le 3 et le 10 juin. Il a aussi remis une indemnité de 650 $ à Stella et ses trois colocataires pour qu’ils se relogent durant cette période.

La directrice générale Karo-Lyn Fauchon est la seule représentante des Immeubles Abitibi et de Tri-Logis à avoir répondu aux allégations des locataires. Contacté une première fois le 7 avril, le propriétaire, Cédric Lajoie, a ignoré tous nos courriels.

Mme Fauchon, qui a refusé de nous rencontrer, a transmis à Radio-Canada deux lettres de deux pages et une autre de neuf pages le 22 avril, le 29 mai et le 23 juin. Elle a également proposé de nous fournir des documents pour consultation, sous condition de signer une entente de confidentialité, mais nous avons décliné cette proposition en vertu de nos normes et pratiques journalistiques.

Devant notre refus, elle nous a suggéré une rencontre informelle avec M. Lajoie à son retour au Canada en août prochain, idée que nous avons déclinée pour les mêmes raisons.

Difficile à joindre

Les locataires rencontrés par Radio-Canada assurent qu'il est difficile d’entrer en contact avec certains représentants de Tri-Logis. Les employés qui répondent aux courriels et aux appels sont habituellement joignables aux premiers abords. Ce qui est plus long, c’est d’obtenir des réponses de leurs supérieurs, responsables de résoudre les problèmes signalés.

Emma (prénom fictif) en a fait les frais lorsqu’un refoulement d'égout est survenu dans son appartement au début du mois de mai, près de l'université. Elle a dû appeler l’entreprise neuf fois sur la ligne principale pour faire le suivi de l’intervention, entre midi et 13 h 30, un jour de semaine.

Un refoulement d'égout dans un évier se mêle à la vaisselle.

Le refoulement d'égout a pris par surprise la mère de famille.

Photo : Gracieuseté

La première fois, l’employé m’a dit qu’il allait laisser une note [...] Ça me stresse, car j’ai mon garçon à nourrir, il faut qu’on fasse la vaisselle et qu’on se lave [...] J’ai rappelé pour me faire dire : Ce n’est pas moi qui fais les réparations. Je comprends ça, mais j’avais besoin de réponses et d’être éclairée , précise Emma, qui a montré à Radio-Canada l’historique de ses appels.

Un représentant de Tri-Logis s’est rendu dans son appartement vers 14 h. Ça s’est quand même fait vite cette fois-ci et j’en suis contente [...] C’est juste qu’il faut être fatigant pour qu’ils nous écoutent, complète celle qui déménage bientôt.

Elyse Lafortune, locataire du Vieux-Noranda pendant trois ans, a pour sa part rencontré maints problèmes avec la porte d’entrée de son appartement, situé au deuxième étage. La porte a gelé à plusieurs reprises lors des hivers 2024 et 2025.

J’arrive pour sortir, mais pas capable d’ouvrir la porte. J’ai appelé l’un de mes voisins, qui est venu donner des coups de pied dans la porte. Toujours rien. J’ai appelé un deuxième voisin, les deux ensemble ont été capables de m’ouvrir [...] Mais la porte était tellement débalancée que je ne pouvais plus la fermer. Je suis allée à l’hôtel, explique-t-elle.

Elyse Lafortune soutient que l’incident s’est produit à une dizaine de reprises l’hiver dernier. Sans préciser le nombre, Tri-Logis atteste qu’il s’agit d’un problème récurrent. Or, à chaque signalement de Mme Lafortune, nous sommes intervenus : ajustement de la porte, remplacement de la serrure, ajustement du loquet, remplacement du coupe-froid, et application de silicone, ce qui a résolu le problème, écrit l’entreprise.

Elyse Lafortune croise les mains sur une table.

Elyse Lafortune a quitté son appartement à la fin de ses études universitaires.

Photo : Radio-Canada / Jessica Gélinas

Elyse Lafortune reconnaît et salue les interventions de son ancien propriétaire, mais elle doute que le problème soit réglé. Elle aurait préféré une solution pérenne, comme un changement de porte, requête qu’elle précise avoir formulée.

En plein milieu de la nuit, pas capable de sortir mon chien. J’ai été obligée d’appeler la police pour qu’ils viennent m’ouvrir la porte [...] Je comprends que la bâtisse n’était pas en feu, mais c’est ma sécurité quand même qui était en jeu.

Des logements disponibles sur Airbnb

En plus des logements résidentiels, Tri-Logis offre des locations de courtes durées à des travailleurs et à des touristes. L’entreprise détient une cote très enviable sur la plateforme Airbnb.

Les quelque 280 commentaires laissés sur le profil de Tri-Logis entre janvier 2024 et mai 2025 sont majoritairement positifs. Une vingtaine de notes recensées par Radio-Canada font toutefois état de problèmes similaires à ceux dénoncés par des locataires permanents : communications lentes et difficiles, des immeubles négligés et des appartements malpropres ainsi que des photos et annonces erronées.

Tri-Logis n’a pas voulu révéler à Radio-Canada la part de son marché locatif qui sert à la location de courte durée. En 2021, Cédric Lajoie affirmait que ce seuil était d’environ 20 % pour les Immeubles Abitibi.

Le voisin d’Elyse Lafortune, Thomas Fontaine, a été privé d’eau pendant une journée complète en mars 2025, les tuyaux du quadruplex ayant gelé dans le sous-sol. À défaut de détenir le bon numéro, le jeune homme n’a jamais réussi à joindre son propriétaire.

Comme vous n'êtes pas joignable par téléphone et que votre téléphone sur le site web n’est pas valide, je dois recourir à Facebook [...] Depuis 7 h ce matin, nous n’avons plus d’eau chaude et froide. Les tuyaux sont congelés et ma sortie d’eau de cuisine aussi. Les toilettes ne fonctionnent pas et l’eau ne sort pas non plus, indique le message écrit par la colocataire de Thomas et transmis à Cédric Lajoie sur l’application Messenger le dimanche 2 mars en fin d’après-midi.

Tri-Logis, qui confirme ne pas avoir reçu d’appel de Thomas Fontaine, explique s’être rendue sur place le 2 mars à 20 h après le signalement d’un autre locataire. C’est à ce moment que les employés ont constaté que la porte du sous-sol donnant sur l’extérieur était entrouverte, ce qui a causé le gel et la fissuration de la tuyauterie.

L’entreprise est intervenue le soir même et dans les jours suivants pour réparer les tuyaux et rétablir l’eau courante.

Tri-Logis soutient par écrit que les demandes de réparation sont traitées dans un délai moyen de 48 heures, en fonction du degré d’urgence. Pour faciliter les communications, la directrice générale recommande aux locataires d’appeler eux-mêmes et de s’assurer de laisser un message vocal.

Sans message, le suivi peut s’avérer plus difficile, surtout lorsque plusieurs tentatives de contact sont faites auprès de divers postes internes. Par ailleurs, nous recevons parfois des demandes émanant de personnes n’ayant pas de lien contractuel avec nous, amis, membres de la famille ou colocataires non inscrits au bail. Par souci de conformité et de respect de la vie privée, nous ne pouvons traiter que les communications provenant directement des locataires désignés, conformément aux règles en vigueur, ajoute-t-elle.

Tri-Logis a remis à Radio-Canada un registre de ses communications avec quatre locataires pour montrer que les requêtes reçues sont traitées dans des délais raisonnables, et suivies systématiquement, que ce soit par appel, courriel ou visite sur place, écrit l’entreprise.

L’aide d’une association pour locataires sollicitée

L’Association des locataires de l’Abitibi-Témiscamingue (ALOCAT) est souvent interpellée par des locataires d’Immeubles Abitibi et de Tri-Logis. L’organisation n’est toutefois pas en mesure de chiffrer cette proportion, faute de données disponibles.

Surtout ces temps-ci [mars 2025], pour la période de renouvellement des baux. Il y a beaucoup de locataires qui m'appellent et qui ont beaucoup d'inquiétudes, mentionne l’organisateur communautaire Frédéric Duret.

Frédéric Duret parle au téléphone à son bureau.

Frédéric Duret aide les locataires à connaître leurs droits et à se mobiliser collectivement.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Parmi les problèmes signalés, M. Duret note le manque de service et le faible taux de réponse au téléphone. Les gens veulent aller les voir au centre-ville, mais leur porte est barrée, dit-il. Ça crée beaucoup de frustrations.

M. Duret entend également parler d’obstacles à la cession de bail. Peut-être pas toutes les semaines, mais ça arrive quand même régulièrement qu'on me rapporte les difficultés à céder un bail avec Tri-Logis. C'est une tâche ardue, complète-t-il.

Cette situation-là, ça montre à quel point il y a une crise du logement. C’est vraiment difficile de trouver des logements. Le fait que Tri-Logis en ait beaucoup, ça rend la situation encore plus difficile. Eux, ils ont des ressources pour aller au TAL. Moi, je suis tout seul. J’ai des enfants et je travaille.

Pour sa part, Tri-Logis recommande aux locataires d’éviter de recourir à l’ALOCAT et de privilégier les canaux formels et reconnus.

Nous tenons à souligner que nous demeurons toujours disponibles pour nos locataires. En cas de problème, la voie appropriée est de nous contacter directement. En l’absence de résolution, le TAL demeure l’instance compétente pour trancher les différends, conformément au cadre légal. Multiplier les intermédiaires ne permet pas de régler les situations plus efficacement, écrit la directrice générale.

Elle ajoute que des locataires peuvent avoir des attentes déraisonnables envers leurs propriétaires et que d’autres agissent de façon inappropriée, ce qui complique selon elle les tentatives de règlements et les interventions pour résoudre les problèmes.

L’ALOCAT mise sur l’éducation populaire pour aider les locataires à connaître leurs droits et responsabilités, tout comme ceux des propriétaires.

J’ai téléphoné et tu as ri

Immeubles Abitibi et Tri-Logis ont ouvert une centaine de dossiers au TAL ces trois dernières années pour réclamer des loyers impayés et, parfois, évincer des locataires.

À l’inverse, il arrive que des locataires prennent les devants.

Radio-Canada a mis la main sur cinq décisions du TAL rendues ces six dernières années et qui prennent à partie ces deux entreprises. Parmi celles-ci, deux locataires ont vécu des histoires similaires à celles qui nous ont été rapportées.

Dans le premier cas, Immeubles Abitibi a été condamnée à réparer plusieurs bris dans un appartement de la rue Perreault Est, aux prises avec des infiltrations d’eau, des problèmes de moisissures et des infestations d’insectes en 2019-2020.

La locataire a également été privée de chauffage lors de cette période. Elle a été forcée de garder son four allumé pour maintenir une chaleur ambiante acceptable dans son appartement, révèle la décision du TAL.

Mise en demeure le 30 juillet 2019, Immeubles Abitibi n’avait entrepris aucune réparation dans l’appartement en date du 11 février 2020, jour de l’audience au TAL.

J’ai eu trois dégâts d’eau dans la chambre de bain [...] Je t’ai téléphoné et tu as ri. Tu n’es pas passé pour voir les dégâts. Le chauffage ne fonctionne plus dans le salon-chambre, j’ai des bibittes qui ressemblent à des [mot illisible] dans la chambre de bain. Ma santé en prend un coup ; mal de tête, mal de cœur [...] Mon mental aussi en prend un coup.

Par écrit à Radio-Canada, Tri-Logis se défend d’avoir tardé à agir. Cette défense n’est toutefois pas étayée par le dossier de cour. La lettre de la directrice générale Karo-Lyn Fauchon, qui mentionne les solutions tardives apportées aux infiltrations d’eau, n’évoque pas les problèmes de chauffage, de moisissures et de vermines.

Un avis apposé sur une porte.

Les locataires doivent prendre rendez-vous pour rencontrer les employés de Tri-Logis au bureau du centre-ville de Rouyn-Noranda.

Photo : Radio-Canada / Gabriel Poirier

Dans une autre propriété d’Immeubles Abitibi, une autre locataire a dû embaucher une microbiologiste pour démontrer que l’air du salon et de la chambre de ses enfants était souillé par de la moisissure.

L’experte a décelé dans ces deux pièces un niveau anormal de levures et de moisissures en juillet 2021. Pour ces emplacements expertisés, les conditions seraient susceptibles de représenter un risque potentiel et significatif pour la santé des occupants, indique le rapport déposé en cour.

Il n’y a pas seulement l’air qui était mauvais. La décision du Tribunal administratif du logement mentionne que les fenêtres du salon, brisées, étaient impossibles à ouvrir.

Informée de ces entorses le 3 juin 2021, Immeubles Abitibi a répondu le 29 juin à sa locataire que des réparations seraient bientôt effectuées. Le 1er août, date de l’audience au TAL, rien n’avait été corrigé.

Plusieurs des cas que vous avez sélectionnés s’inscrivent justement dans ce contexte exceptionnel et partagent plusieurs caractéristiques : des locataires qui formulent des affirmations similaires, des types de problématiques qui se recoupent, et une dynamique où des faits isolés sont parfois présentés comme systémiques. Ce sont, selon notre expérience, des situations marginales qui ne reflètent pas l’ensemble de notre gestion locative.

Par écrit, Tri-Logis impute les problèmes, pourtant admis par le tribunal, à la mauvaise foi de son ancienne locataire.

[Elle] avait exprimé son intention de résilier son bail de façon anticipée afin de poursuivre ses études dans une autre ville. Cette demande contrevenait toutefois aux termes clairs du bail en vigueur. Suite à notre refus de résilier le bail, [elle] a soulevé divers reproches relatifs au logement loué, principalement de nature mineure et touchant à l’hygiène des lieux, dans le but apparent de justifier son départ précipité, prétend la directrice générale des entreprises.

Comme le rappelle Mme Fauchon par écrit, le TAL a conclu que le logement n’était pas inhabitable au sens de la loi. Cela n’a pas empêché le tribunal de décrire comme légitime l’inquiétude de la locataire, en plus de lui accorder 1000 $ pour les troubles et inconvénients qu’elle a subis.

Immeubles Abitibi a aussi été condamnée à rembourser le dépôt de 1260 $ exigé à la signature du bail et qu’elle s'entêtait à conserver.

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