L’océan est une vaste étendue d’eau salée, mais saviez-vous que tous les océans et mers de la planète ne présentent pas le même niveau de salinité ? Certaines zones sont bien plus concentrées en sel que d’autres, et ces variations ne sont pas dues au hasard. Elles résultent d’un subtil équilibre entre l’évaporation, les apports d’eau douce, la température, la géographie locale et les échanges marins.
D’où vient le sel dans l’eau de mer ?
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le sel ne provient pas des fonds marins, mais des continents. Depuis des millions d’années, les rivières érodent les roches, entraînant avec elles des minéraux, dont du sodium et du chlorure. En atteignant les mers et les océans, ces éléments s’accumulent. L’eau s’évapore, mais les sels restent, ce qui concentre progressivement la salinité.
En moyenne, l’eau de mer contient 35 grammes de sel par litre, soit 35 parties pour mille (ppt). Pourtant, cette valeur n’est qu’une moyenne mondiale. Elle varie fortement d’une région à l’autre.
Des mers bien plus salées que d’autres
Tous les océans de la planète contiennent du sel, mais leur salinité varie fortement selon les régions. Certaines zones atteignent des niveaux bien plus élevés que la moyenne mondiale de 35 ppt (parties pour mille), tandis que d’autres sont nettement en dessous.
Parmi les plus salées, on retrouve la mer Méditerranée, où la concentration peut grimper jusqu’à 38 ppt. L’Atlantique tropical, notamment entre 15° et 30° de latitude nord et sud, présente aussi des niveaux élevés, dépassant parfois 37 ppt. Ces zones se situent souvent dans des régions chaudes et sèches, à proximité des grands déserts comme le Sahara ou le désert australien.
À l’inverse, certaines mers affichent une salinité étonnamment faible. C’est le cas de la mer Baltique, qui descend parfois sous les 8 ppt, ou de certaines zones proches de l’Arctique et de l’Antarctique, qui tournent autour de 30 à 34 ppt. Ces régions sont souvent situées dans des climats humides ou polaires, et reçoivent d’importants apports en eau douce.

D’où viennent ces différences de salinité ?
Deux grands mécanismes régulent la salinité des océans : l’évaporation, qui concentre le sel, et l’ajout d’eau douce, qui le dilue.
L’évaporation survient dans les zones chaudes et ensoleillées, où l’eau s’évapore plus rapidement que les précipitations ne la remplacent. Ce processus laisse derrière lui les sels dissous, ce qui rend l’eau plus salée. C’est ce qui explique les fortes salinités observées en Méditerranée ou dans les zones subtropicales de l’Atlantique.
L’apport d’eau douce, en revanche, réduit la salinité. Cela peut venir des précipitations, du ruissellement fluvial ou de la fonte des glaces. Par exemple, la mer Baltique reçoit l’eau de centaines de rivières et est peu connectée à l’océan Atlantique : son sel reste donc dilué. Aux pôles, la fonte des glaces et la formation de la banquise (qui rejette le sel dans l’eau sous-jacente) modifient aussi l’équilibre salin.
Ainsi, chaque zone marine est le reflet d’un équilibre entre évaporation et dilution. Ces différences influencent profondément la circulation océanique, la densité de l’eau, et même certains écosystèmes.
La salinité, un moteur pour les courants marins
La salinité ne modifie pas seulement le goût de l’eau : elle a un impact fondamental sur la dynamique océanique. L’eau salée est plus dense que l’eau douce. Lorsqu’elle est froide, sa densité augmente encore davantage, ce qui la fait plonger vers les profondeurs.
Ce phénomène donne naissance à des courants océaniques profonds, essentiels à la circulation de la chaleur et des nutriments à l’échelle planétaire. Ces courants lents, mais puissants, influencent à long terme le climat mondial.
Un autre phénomène intéressant est la halocline, une couche de transition entre deux masses d’eau de salinités différentes. Elle constitue une barrière physique et acoustique, car elle perturbe la propagation des ondes sonores. Les sous-marins militaires exploitent ces couches pour se cacher des sonars, en jouant à cache-cache dans ces zones de contraste.