Et si un simple objet intime pouvait nous révéler les secrets cachés d’un autre siècle ? C’est exactement ce que permet aujourd’hui une pièce aussi insolite que rare : un préservatif datant de 1830, fraîchement acquis par le Rijksmuseum d’Amsterdam. Non, ce n’est pas une blague. Oui, il est (presque) intact. Et l’histoire qu’il raconte est bien plus profonde qu’il n’y paraît.

Une trouvaille unique… et inattendue

Tout commence il y a quelques mois, lors d’une vente aux enchères un peu confidentielle. Les conservateurs du prestigieux musée néerlandais tombent sur un lot improbable : un ancien préservatif gravé. Fabriqué à partir d’un appendice de mouton, il n’a visiblement jamais servi — ouf ! — et porte une illustration étonnamment explicite.

Autant dire que personne ne s’est bousculé pour l’acheter. Le Rijksmuseum, seul enchérisseur, a donc pu l’acquérir pour enrichir sa collection d’objets du quotidien. Mais ce préservatif n’est pas qu’un accessoire désuet : il est l’un des deux seuls de cette époque à avoir survécu jusqu’à aujourd’hui.

Un dessin érotique très provocateur

Ce qui rend cette relique encore plus fascinante, c’est sa gravure satirique. On y voit une religieuse jambes écartées pointant du doigt trois hommes d’Église tout aussi nus qu’elle. En dessous, la mention : « Voilà mon choix ». Difficile d’être plus clair — et plus subversif.

Selon les experts du musée, il s’agirait d’un clin d’œil ironique au Jugement de Pâris, célèbre épisode de la mythologie grecque dans lequel un prince troyen doit choisir entre trois déesses. Un choix aux lourdes conséquences… comme souvent en matière de désir.

Mais cette image suggère aussi une critique grinçante du célibat religieux et de l’hypocrisie sexuelle qui régnait alors. Pour un simple objet contraceptif, le message est sacrément chargé.

Crédit image : Rijksmuseum

Une porte ouverte sur la sexualité oubliée du 19e siècle

Ce préservatif vient enrichir une collection encore trop peu représentative de la sexualité et de la prostitution dans l’Europe du 19e siècle. Une époque où le plaisir était souvent caché derrière le voile de la pudeur et de la peur : peur des maladies, comme la syphilis, peur des grossesses non désirées, peur du scandale.

En exposant cet objet jusqu’en novembre, le Rijksmuseum espère ouvrir un dialogue sur la réalité intime de cette période, bien différente de l’image sage que l’on s’en fait aujourd’hui.

La contraception : une idée bien plus ancienne qu’on ne le croit

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les humains n’ont pas attendu l’arrivée du latex pour chercher à contrôler les naissances. Des moyens plus ou moins rudimentaires — parfois étranges, parfois efficaces — ont existé depuis l’Antiquité.

Ce préservatif en intestin de mouton n’est donc qu’un maillon dans une histoire millénaire de la sexualité humaine, entre innovation, tabous et humour noir.