Les limites planétaires. Si nous les franchissons, nous risquons de déstabiliser la Terre de manière irréversible. Les scientifiques en ont défini neuf. Et lors de leur dernière évaluation, en 2023, ils ont estimé que six avaient déjà été franchies. Plutôt sept, estime aujourd'hui une équipe internationale. Dans la revue Global Change Biology, les chercheurs concluent en effet que l'acidification des océans a atteint sa limite il y a cinq ans déjà.

L’acidification de l’océan fait déjà des victimes

Les dernières mesures physiquesphysiques et chimiques de la couche supérieure de l'océan, pourtant, laissaient penser qu'il n'était que proche de la zone de danger, en matièrematière d'acidification. Mais ces derniers travaux montrent que 40 % des eaux de surface et même 60 % des eaux plus profondes - jusqu'à 200 mètres - ont bel et bien franchi la limite planétaire. D'autant plus que les chercheurs estiment que celle-ci devrait être révisée pour être fixée à un niveau qui était celui des océans de l'an 2000.

Ils considèrent, en effet, que les conséquences de l'acidification de l'océan ont, jusqu'ici, été sous-estimées. Ils rapportent que les espèces de crustacés côtiers ont perdu 13 % de leurs habitats. Certains récifs coralliens tropicaux et subtropicaux, quant à eux, ont vu disparaître 43 % de leurs habitats. Et le chiffre monte même à 61 % pour les habitats des papillons des mers des régions polaires.

L’acidification comme conséquence de nos émissions de CO2

Rappelons que l'acidification de l'océan, comme le réchauffement climatique, est provoquée par nos émissionsémissions de dioxyde de carbone (CO₂). C'est en effet en absorbant toujours plus de CO₂ atmosphérique que l'océan devient plus acideacide. Les coraux, qui sont des refuges pour de nombreuses espèces, en souffrent. Les crabes, les étoilesétoiles de mer, les moules et les huîtres aussi. Parce que, dans ce nouvel environnement, toutes ces espèces peinent à trouver du carbonate de calciumcarbonate de calcium pour former leur coquillecoquille ou leur squelette.

« L'acidification des océans n'est pas seulement une crise environnementale de plus : c'est une bombe à retardement pour les écosystèmesécosystèmes marins et les économies côtières », affirme Steve Widdicombe, coprésident du Réseau mondial d'observation de l'acidification des océans.