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Vendre plus de poissons et fruits de mer en Europe pour se sevrer des États-Unis, c'est ce que tentent des entreprises de produits marins de la Gaspésie et d'ailleurs au Canada. Plusieurs étaient à Barcelone au début du mois pour développer ce marché.
À deux pas de la mer et de la plage, le restaurant Salamanca, de Barcelone, apprête le traditionnel riz au homard espagnol chaque jour depuis son ouverture en 1969. Toutefois, depuis quelques années, le homard n'est pas espagnol, mais canadien.

Silvestre Sanchez et son fils Javi Sanchez, propriétaires du Restaurant Salamanca à Barcelone qui offre du homard canadien.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Le crustacé canadien se démarquerait notamment par son goût et ses pinces plus grosses que le homard bleu européen. Il se distinguerait aussi par son prix concurrentiel. Le homard canadien a une réputation internationale, il est vendu à un bon prix et il est surtout de très bonne qualité, c’est ça qui est le plus important, explique le fils du propriétaire, Javi Sanchez.

Chaque jour, durant la période de pêche, du homard vivant des Maritimes est vendu dans les marchés de poissons et les restaurants de Barcelone.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
En fait, le homard vivant canadien est présent sur le marché espagnol depuis plus de 20 ans et le homard cuit depuis une quinzaine d’années, grâce notamment aux liens d'affaires créés par Marc-Lionel Gagnon.
Le homard demeure l’espèce la plus exportée en Europe et la plus prisée des restaurateurs ou grandes chaînes d’alimentation.
Le Québécois et expert en développement des affaires, établi à Madrid, est embauché par les transformateurs de poissons et fruits de mer canadiens pour y développer de nouveaux marchés. L’Europe a les mêmes problèmes que nous au Canada, soit la pénurie de main-d'œuvre en cuisine dans les restaurants, alors on recherche des produits qui se rapprochent le plus de l'assiette du consommateur et qui aura besoin du moins de transformation en cuisine possible, explique l'Hispano-Canadien.

Marc-Lionel Gagnon est établi à Madrid et conseille les entreprises québécoises qui souhaitent développer de nouveaux marchés en Espagne et au Portugal.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Un marché à séduire
L'Europe représente un immense marché avec un potentiel évalué à 500 millions de consommateurs. Le Canada n'y exporte par contre que 6 % de ses poissons et fruits de mer.

L'Espagne est un des plus grands producteurs de fruits de mer de l'Europe, mais reste aussi un marché convoité.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
L'Espagne est à la fois le plus gros producteur, mais aussi le plus important importateur européen de poissons et fruits de mer.
Dans les dernières années, ils ont vraiment pris la place à la France et à l'Italie qui étaient les pays de prédilection.
La demande pour des produits de qualité aurait donc largement dépassé l'offre en Espagne, mais aussi au Portugal, explique l’attaché aux affaires économiques.
Les producteurs locaux ne sont pas capables d'approvisionner la demande qui existe et ce, sur tous les canaux, observe M. Pérez. Il y a le canal de distribution et d'importation, mais il y a aussi le canal qu'on appelle ici l’HORECA, qui est hôtels, restaurants, cafétéria et qui est de faire voyager le produit vivant jusque dans l'assiette du du consommateur.

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Visionnez le reportage de Martin Toulgoat.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
80 pays représentés
Barcelone est devenue une plaque tournante du marché européen.
Ce n'est pas un hasard si le plus gros salon mondial des poissons et fruits de mer s'y tient chaque année, un événement de trois jours où sont présents plus de 80 pays et 20 000 acteurs de l’industrie.

Les pays scandinaves comme la Norvège et le Danemark sont parmis les plus importants producteurs présents au Salon international de poissons et fruits de mer de Barcelone.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
La présence des transformateurs canadiens était particulièrement incontournable cette année en raison de toute l'incertitude créée par le protectionnisme économique de Donald Trump.
J'étais à Boston au salon des poissons et fruits de mer américain et il y avait un vent de panique, raconte Marc-Lionel Gagnon. On s'attendait à ce qu'il y ait 25 % de tarifs sur tous les produits canadiens. Maintenant, heureusement, ce n'est pas le cas, mais les sociétés canadiennes ont une certaine inquiétude.
Les entreprises canadiennes, poursuit M. Gagnon, comprennent qu'il faut absolument diversifier leurs marchés en Europe. La majorité de ces sociétés exportent 90 % de leur production aux États-Unis.
L'exemple néo-brunswickois
C'est le salon le plus gros au monde, si on veut "taper" sur tous les continents.

Paul Farrah est le président de Partner Seafood de Dieppe au Nouveau-Brunswick, un exportateur bien présent en Europe, mais aussi en Asie et en Afrique avec des produits comme le homard vivant.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Au cours des dernières années, Partners Seafood, de Dieppe au Nouveau-Brunswick, a diminué sa dépendance aux marchés américains et chinois, avec des ententes commerciales en Afrique, au Moyen-Orient et même en Australie.
L’exportateur avait déjà compris, avant l’élection de Donald Trump, que les pêches ne sont pas épargnées par les bras de fer commerciaux et les joutes politiques mondiales.
La Chine vient d'imposer des tarifs douaniers de 25 % sur les produits de la mer canadiens. Des turbulences qui pourraient se faire sentir davantage à moyen, qu’à court terme.
On n'est pas trop inquiets pour nos produits de homard et de crabe parce que la demande est forte aux États-Unis ou en Asie actuellement. Par contre, on est inquiets pour la suite. L'incertitude est toujours un frein pour le développement et pour des investissements supplémentaires, commente Paul Farrah de Partner Seafoods.

Les provinces maritimes ont été très visibles lors du dernier Salon mondial des poissons et fruits de mer de Barcelone en faisant découvrir des mets typiques comme la guedille au homard.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
La faiblesse du dollar canadien permet, pour l’instant, de sauver la mise, malgré les turbulences sur les marchés américains et chinois.
ll y a aussi tout le côté macroéconomique du dollar canadien versus le dollar américain, ajoute Paul Farrah. Nos coûts de production sont en dollar canadien, notre prix de vente est en dollar américain et aujourd'hui le taux de change est favorable pour des exportations canadiennes.

Des pays comme la France avaient embauché des chefs pour faire goûter leurs produits et se démarquer de la concurrence au Salon mondial des poissons et fruits de mer de Barcelone.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Du homard canadien chez les Bretons
Basé à Lorient en Bretagne, le transformateur 5 degrés ouest importe notamment du homard canadien et le transforme avec un système innovateur de haute pression, qui consiste à extraire la chaire crue pour la surgeler à l'azote.

À droite, le fondateur de l'entreprise bretonne 5 degrés ouest, discute avec un partenaire dans le cadre du Salon mondial des poissons et fruits de mer de Barcelone.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Importer du homard canadien lui permet d'en offrir toute l'année et, surtout, de rentabiliser ses opérations. Nous travaillons du homard européen, nous travaillons des huîtres, nous travaillons des coques par exemple et nous avions besoin d'ajouter du volume dans l'usine pour apporter au modèle économique une stabilité et une profitabilité , expose Alexis Taugé, le fondateur de 5 degrés ouest.
Si on enlève le homard canadien, l'usine aurait sans doute de la difficulté à être rentable.

L'entreprise bretonne 5 degrés ouest a fait découvrir différentes catégories de homard qu'elle transforme, que ce soit le homard canadien, à l'extrême gauche et d'autres variétés comme le homard bleu européen.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Pas les seuls à flairer la bonne affaire
Le Canada est loin d'être le seul à avoir flairé le potentiel du marché européen.

Des représentants de partout sur le globe, notamment de l'Asie, ont convergé vers Barcelone pour prendre part au Global Seafood Expo 2025.
Photo : Radio-Canada
Les pays asiatiques ont été très visibles à cette grand-messe annuelle. Comme au Canada, les tarifs douaniers américains les forcent à diversifier leurs marchés. C’est le cas de l’entreprise vietnamienne NGHI Son Foods Group.
Avant les tarifs, on exportait 60 % aux États-Unis et au Canada et là on essaie de percer le marché européen.

L'exportateur vietnamien Minh Nguyen sent l'urgence, comme d'autres, de se tourner vers l'Europe pour diversifier ses marchés, considérant l'énorme potentiel économique évalué à 500 000 consommateurs.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Au sein de la délégation canadienne, le Québec ne joue pas à armes égales avec les provinces maritimes qui peuvent de leur côté exporter du homard vivant à partir de l'aéroport d'Halifax. Depuis peu, des viviers partent de l'aéroport de Moncton à bord d'avions-cargos qui assurent des vols directs vers l’Europe et par la suite l’Asie.
Par exemple, durant la saison de la pêche, un avion par jour livre du homard canadien à l’aéroport de Barcelone et le crustacé, pour la grande majorité, provient des provinces atlantiques.
Pour la directrice de la commercialisation chez Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan de Sainte-Thérèse-de-Gaspé, Raphaëlle Lelièvre, la qualité des produits québécois permet de se trouver une niche et des parts de marchés, malgré la concurrence.
Je ne crois pas que ça joue du coude. Le monde des pêches est un petit monde aussi. Oui, c'est certain qu'on est tous compétiteurs et qu'on a chacun à faire notre place, mais je pense qu'il y a de la place pour tout le monde, analyse Mme Lelièvre.

Raphaëlle Lelièvre est directrice de la commercialisation chez Lelièvre, Lelièvre et Lemoignan, une entreprise familiale de Sainte-Thérèse-de-Gaspé en Gaspésie qui transforme du poisson de fond et du homard.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Le transformateur gaspésien est déjà bien présent en Espagne depuis dix ans, mais a aussi développé des parts de marché en France, en Suède et même en Malaisie et au Viêt Nam.
Ça fait plusieurs années qu'on est dans la diversification de tous nos marchés, alors le salon de Barcelone, ça nous permet de rencontrer des gens d'un peu partout dans le monde, incluant nos clients de l'Espagne, mais aussi de partout en Europe et de partout en Asie, ajoute la Gaspésienne.

Les acteurs du monde des pêches canadiens ont aussi souligné l'importance d'améliorer la mise en marché et l'image de marque des produits pour attirer les consommateurs, comme pour ces cannes de thon mises en évidence au salon de Barcelone.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Cibler les supermarchés
Le rayon des produits surgelés haut de gamme représenterait un marché de niche pour le homard québécois cuit. On y trouve de plus en plus de homard gaspésien, ces dernières années.
Le Québec souhaite amener ces ventes à un autre pallier, selon l'attaché aux affaires économiques pour le bureau du Québec à Barcelone, Olivier Christophe Perez. Des démarches sont en cours. Je vous donnerais un exemple. Il y a la chaîne d'alimentation qui s'appelle La Sirena, c'est un magasin qui est spécialisé sur tout ce qui est produit surgelé et on compte entre 350 et 400 magasins en Espagne.

Olivier Christophe Pérez est attaché aux affaires économiques pour le gouvernement du Québec à Barcelone et accompagne les entreprises québécoises dans le développement de marchés en Espagne et au Portugal.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
L’organisme GIMXport, qui accompagne les entreprises de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine dans leurs efforts de commercialisation à l’étranger, est bien conscient du décalage entre les transformateurs du Québec et du reste du Canada.

Le directeur général de l'organisme GÎMXport, Gino Cyr, était présent à Barcelone pour le Global Seafood Expo 2025.
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Il propose, notamment, qu’une certaine partie de la promotion à l’étranger se fasse sur une base générique à l’échelle canadienne, en faisant connaître toutes les entreprises du pays qui brassent des affaires dans le monde des pêches.
Il faut travailler en équipe pour développer ensemble de nouveaux marchés, mais c'est sûr qu'après, tu laisses place à la libre concurrence.
Concurrencer les exportateurs asiatiques serait utopique selon les producteurs de poissons et fruits de mer canadiens. Par contre, chaque petite part de marché gagnée en Europe pourra faire la différence pour diminuer la dépendance des usines à l'endroit de leurs acheteurs américains.