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Avoir accès au vapotage aromatisé, encore un jeu d’enfant

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Cappuccino, pina colada, fraise et même cactus. Les Québécois ont encore l’embarras du choix quand vient le temps d’ajouter de la saveur à leur vapoteuse, malgré l’interdiction imposée par Québec en 2023. Et les façons de contourner la loi sont nombreuses, comme a pu le constater Radio-Canada.

Nous avons visité ce printemps, à leur insu, six commerces de vapotage situés sur le territoire de Sherbrooke, dont trois avec une caméra cachée. Si les produits de vapotage aromatisés sont introuvables sur les tablettes, à première vue, les clients peuvent acheter en complément des rehausseurs de saveurs, qui sont des petites bouteilles d’arômes vendues séparément.

Radio-Canada a fait le choix de ne pas identifier les individus et les commerces dans ce reportage, parce qu’on s’intéresse ici à la facilité avec laquelle on peut faire fi de la loi et à l’impact que cela peut avoir auprès de la population, notamment auprès des mineurs.

Je n’ai même pas besoin de t’expliquer. Un enfant serait capable, nous a assuré un vendeur, en parlant de la facilité avec laquelle il est possible d’aromatiser soi-même son produit de vapotage.

En théorie, rien d’illégal. Ces arômes peuvent servir à aromatiser l’eau, des cocktails ou encore des gâteaux. La loi interdit cependant aux commerçants de dire au client que les saveurs peuvent aromatiser leur produit de vapotage. Mais dans les faits, plusieurs consommateurs s’en servent de cette façon.

Loi concernant la lutte contre le tabagisme

Il est interdit de vendre un produit de vapotage comportant une saveur ou un arôme autres que ceux du tabac (la vente d’un produit sans saveur ou sans arôme demeure permise)

C’est comme le mâle - femelle

Parmi les six magasins visités à Sherbrooke, un seul vendeur a maintenu que ces rehausseurs de saveur, disponibles en magasin, étaient vendus seulement « pour faire des drinks avec des Red Bull ».

Dans les cinq autres magasins, il a été plutôt facile de se faire confirmer qu’il est possible de mélanger ces rehausseurs à un mélange nicotiné sans saveur. Même si plusieurs vendeurs ont répété qu’il leur était interdit ou que c’était illégal de nous expliquer comment faire le mélange, les langues se sont déliées assez rapidement. Dans certains cas, les vendeurs utilisent des images pour dire aux clients qu’il est facile de faire soi-même son mélange.

C’est comme le mâle-femelle , a illustré l’un d’eux, en parlant du fait que la bouteille du rehausseur de saveur entre parfaitement dans l’autre. Se comparant à un avocat qui ne peut rien nous dire, il s’est quand même servi d’exemples de clients pour nous dire quelle quantité d'arômes nous pourrions mettre dans notre liquide nicotiné.

Les bouchons des deux bouteilles, celle du rehausseur de saveur et celle du liquide nicotiné. L'embout du rehausseur de saveur est à peine plus gros que l'autre, ce qui lui permet de s'insérer facilement sur l'autre bouteille.

« C'est comme le mâle-femelle », a illustré un employé d'un commerce spécialisé dans le vapotage, pour expliquer à quel point il est facile d'insérer la bouteille d'arôme dans la bouteille de liquide nicotiné.

Photo : Radio-Canada

Dans un autre magasin, devant une cliente qui a émis des craintes que l’ajout d’une arôme fasse déborder sa bouteille de liquide nicotiné, il lui a fait remarquer que la bouteille n’était pas tout à fait pleine. Et dans un autre commerce, l’employé nous a averti de ne pas trop mettre d’arôme pour ne pas brûler les brûleurs.

Ça déjoue l'esprit du règlement, estime la porte-parole et codirectrice de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac, Flory Joucas. Quand un distributeur ou un commerçant fait en sorte que la bouteille du rehausseur de saveur est confectionnée pour que ça rentre parfaitement dans une autre bouteille de liquide nicotinique, on comprend que c'est essentiellement destiné aux produits de vapotage.

Autre échappatoire trouvé par certains commerçants pour contourner la loi : l’étiquetage. On voit aussi dans toutes sortes de commerces des produits de vapotage qui sont mal étiquetés. [La boîte] dit que c'est une saveur de tabac, donc ça le rendrait conforme. Mais dans les faits, dès qu'on ouvre l'emballage, dès qu'on ouvre la fiole, on peut remarquer des odeurs de fruits, témoigne Flory Joucas.

Une consommatrice nous a d’ailleurs indiqué comment trouver un de ces produits mal étiquetés sur les tablettes. Elle connaissait un commerce spécialisé dans le vapotage qui en tient, au Centre-du-Québec. Il suffit de demander une vape au ressenti de pêche ou de tout autre fruit. Puis, le vendeur nous remet une boîte sur laquelle il est inscrit saveur de tabac, même si la cigarette qui se trouve à l’intérieur est aromatisée.

 saveur de tabac »

Une vapoteuse à la pêche est vendue illégalement dans un commerce du Centre-du-Québec, dans une boîte sur laquelle il est inscrit : « saveur de tabac ».

Photo : Radio-Canada / Christine Bureau

Un enjeu chez les jeunes

À la base, l’idée d’interdire la vente de produits de vapotage avec des arômes sucrés ou fruités était de les rendre moins attrayants pour les jeunes. Québec semble toutefois loin de la cible.

On avait fait beaucoup d'avancées pour limiter la dépendance au tabac. Mais présentement, ce qu'on observe, c'est une recrudescence du vapotage chez les jeunes. Ici, en Estrie, on est à 18 % des jeunes de 12 à 17 ans qui nous disent qu’ils ont vapoté dans les 30 derniers jours, ce qui est plus important que la moyenne au Québec [qui est de 15,9 %], constate l’agent de planification, de programmation et de recherches pour les saines habitudes de vie à la direction de la Santé publique de l’Estrie, Olivier Tessier.

Chez les jeunes, il y a beaucoup d'initiations à la nicotine via le vapotage.

Même constat chez un vendeur croisé dans un commerce de Sherbrooke. Mes clients d’il y a 10 ans aimaient ça moins sucré, mais depuis les quatre dernières années, c’est l’inverse. [...] Il y a quatre ans, les vapoteuses jetables sont arrivées. Les compagnies de tabac sont arrivées et elles ont rendu ça tout fluffly. C’est là que c’est parti en vrille, si on veut. Mais nous, au départ, les personnes qui arrivaient ici, c’était pour arrêter de fumer, nous a-t-il expliqué.

Un homme fume un dispositif de vapotage le 30 mai 2023 à Manchester, en Angleterre.

Environ 80 % des nouveaux vapoteurs n'ont jamais fumé de tabac. (photo d'archives)

Photo : Getty Images / Christopher Furlong

Aujourd’hui, le vapotage est en croissance chez les jeunes, même si les conséquences pour eux peuvent aller bien au-delà des problèmes respiratoires, selon la direction de la Santé publique de l’Estrie. Les substances chimiques présentes à l'intérieur de ces liquides viennent bouleverser l'équilibre du cerveau. Ça vient nuire au développement du cerveau des jeunes, poursuit Olivier Tessier. En plus d’une altération possible de la mémoire et de la concentration, la littérature nous dit que ça pourrait favoriser aussi l'apparition de troubles psychologiques comme la dépression, l’anxiété ou même le stress .

Une interdiction fédérale?

La nicotine crée également une forte dépendance. La Coalition québécoise pour le contrôle du tabac mise sur le nouveau gouvernement de Mark Carney pour faire bouger les choses.

En 2021, Santé Canada s’était engagé à limiter la distribution de produits de vapotage aromatisés en évoquant une augmentation rapide du nombre de jeunes qui pratiquent le vapotage au Canada. Selon la dernière enquête canadienne sur le tabac et la nicotine, plus de 80 % des nouveaux vapoteurs n'ont jamais fumé de cigarettes.

L’agence fédérale avait déterminé qu'elle autoriserait seulement les arômes de menthe, de menthol et de tabac. Quatre ans plus tard, l’interdiction pancanadienne se fait encore attendre.

Le porte-parole de la Canadian Vaping Association, Samuel Tam, a refusé notre demande d’entrevue en invoquant le fait qu’il n’était pas suffisamment à l’aise en français. Il nous a toutefois transmis une déclaration par écrit, en anglais. Il affirme que le vapotage détourne plusieurs fumeurs de la cigarette.

Le fait que les produits de vapotage aromatisé restent accessibles au Québec malgré l’interdiction souligne une vérité fondamentale : la prohibition ne fonctionne pas et n’a jamais fonctionné.

Parmi les commerces visités avec une caméra cachée, aucun des propriétaires n’a souhaité nous accorder d’entrevue. Un d’entre eux n’a tout simplement pas rappelé Radio-Canada. Les deux autres ont refusé notre demande d’entrevue officielle. Une d’entre elles nous a assuré que ses employés savent qu’ils n’ont pas le droit de dire aux clients que le rehausseur de saveur peut servir à aromatiser le liquide nicotiné.

Ce qui me fâche, c’est qu’on s’attaque encore à nous qui essayons de nous sortir la tête de l’eau, a-t-elle ajouté, découragée par le fait qu’il est encore possible de se procurer des produits de vapotage aromatisé dans les réserves, sur le marché noir ou encore sur Internet. Au Canada, une majorité de provinces autorise encore la vente de produits de vapotage aromatisés, ce qui permet à des résidents du Québec d’en commander sur le web. Les deux propriétaires ont mentionné une chute importante de leurs ventes, après le resserrement du règlement par Québec, en 2023.

Des produits étalés sur une tablette.

Plusieurs boutiques se sont converties en dépanneur et vendent des arômes artificiels (photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Quelle solution?

Pour Flory Joucas, même si le fédéral devait interdire tous les arômes - sauf la menthe - cette interdiction ne serait pas la panacée. Elle réclame davantage de surveillance de l’industrie du tabac et une meilleure agilité. Les enquêtes sont trop longues et trop lourdes actuellement pour que ça transforme le marché rapidement. C'est plus payant pour l'industrie de contourner le règlement pendant que des jeunes vont tomber dans le piège du vapotage, dénonce-t-elle.

Santé Québec promet justement davantage de surveillance. [Le ministère de la Santé et des Services sociaux] est conscient que certaines pratiques de l’industrie du vapotage demeurent en contradiction avec les intentions derrière la réglementation et que certaines personnes ne respectent pas les Lois en vigueur. Cela ne signifie pas que les efforts doivent cesser, au contraire, a répondu par courriel une porte-parole de l’agence de santé, tout en précisant que les inspections demeurent une priorité.

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