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La réalité des ambulanciers en région est unique. Le territoire est grand tout comme les distances pour se rendre au chevet des patients et vers les hôpitaux. C'est aussi sans oublier que tout le monde se connaît, ce qui rend leur travail bien particulier.
Radio-Canada a pu accompagner pendant une journée les ambulanciers paramédicaux, Christian Duperron et Michaël Grondin, à Saint-Joseph-de-Beauce, lors de la Semaine des services paramédicaux et préhospitaliers d’urgence.

Christian Duperron est ambulancier dans Beauce-Centre depuis 19 ans. Il est aussi président des Travailleurs ambulanciers syndiqués de Beauce incorporée, le TASBI. Il revendique de meilleures conditions pour ses collègues.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Il est 6 h du matin, on commence notre quart de travail, lance Christian Duperron. Le Joselois est ambulancier dans son coin de pays depuis 19 ans. Chaque matin, le matériel médical est inspecté, tout comme le véhicule. On ne sait jamais quand on entendra la voix du répartiteur pour la première fois.
Il ne reste ensuite plus qu’une chose. Les paramédics ont toujours besoin de café, indique-t-il, sourire aux lèvres. La journée peut commencer.

L’ambulance de Christian et Michaël traverse la rivière Chaudière à Saint-Joseph-des-Érables.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Un territoire énorme
Le territoire de la Beauce compte près de 150 ambulanciers. Dans Beauce-Centre, les hôpitaux les plus près sont ceux de Saint-Georges et Thetford Mines, mais tout dépendamment des cas et de la condition des patients, les ambulanciers ont parfois à prendre la route vers Lévis ou Québec.
Le nombre d’ambulances n’est pas le même que pour les régions urbaines, on a un énorme territoire à couvrir, on va avoir bien souvent des délais sur les lieux avant d’avoir de l’aide nécessaire, explique-t-il.
On est assez loin des hôpitaux, 30-35 minutes de Saint-Georges, Thetford et parfois c’est plus long quand il faut aller à Lévis ou à Québec.
La géographie complique aussi les choses. Les voies ne sont pas toujours carrossables et les patients peuvent à l’occasion être dans des endroits inaccessibles par la route. Des accidents en milieu forestier c’est courant, des bûcherons, des arbres qui ne tombent pas à la bonne place, des accidents en montagne, on fait du portage, lance Christian Duperron.

Les ambulanciers sont appelés à parcourir tous les recoins du territoire.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Leur véhicule est maintenant muni d’une traction intégrale, ce qui facilite leur travail. On restait pris avant. [...] Quand il y a avait un appel lors d’une tempête dans un rang, on ne pouvait pas se rendre, ça créait des délais, relate Michaël Grondin, aussi natif de la région.
Il est 10 h 30 et l’équipe n’a toujours pas reçu d’appel. À Saint-Georges, c’est un après l’autre, indique Christian Duperron. Les ambulanciers sont appelés à faire du déploiement dynamique, ils doivent se déplacer vers Beauceville, à mi-chemin entre Saint-Georges et Saint-Joseph-de-Beauce où se trouve leur bureau pour optimiser la couverture du territoire.
Premier appel
Mobile 6, le répartiteur avertit les ambulanciers, ils doivent laisser leur dîner sur place et prendre la route. Un appel priorité 3. Une dame avec des problèmes respiratoires. Dans l’ambulance, ils ont accès au dossier médical de la patiente. Quelques minutes plus tard, ils arrivent sur place.
Dites-moi ce qui se passe? Christian met la main sur l’épaule de la patiente. Le cœur de l’octogénaire palpite, j’ai le souffle court, lance-t-elle. Michaël lui fait passer un électrocardiogramme. Il n’y a pas de chance à prendre, ils se dirigent vers l’hôpital.

Michaël fait passer un électrocardiogramme à la patiente avant de prendre la route vers l’Hôpital de Saint-Georges.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
On met la sirène, c’est parce que votre cœur bat quand même vite, lance Christian Duperron assis près de la dame dans l’ambulance. Une présence rassurante pour cette dernière qui reprend son souffle. Ils ne se connaissent pas, mais ils gravitent autour du même monde, une particularité de la réalité régionale.
Les régions, le monde est petit, tout le monde se connaît [...]. Quand on ne connaît pas le patient, on connaît sa famille.
Une situation avec du positif pour lui qui trouve que le contact humain se fait mieux, mais qui amène aussi son lot de défis du côté émotif.
Ça l’amène à revoir la famille d’un patient qu’on a tenté de réanimer, mais que ça n’a pas fonctionné. On peut les recroiser à l’épicerie, lance Christian Duperron en haussant les épaules et les bras, comme pour indiquer son impuissance face à cette situation.

Les ambulanciers accompagnent la patiente à l'urgence de l’Hôpital de Saint-Georges.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Arrivée au triage, la patiente est dans un état stable, les ambulanciers doivent maintenant nettoyer et désinfecter les équipements et remplir un rapport.
L’appel terminé prend 2 h en tout. Si on avait été en direction de Lévis, on aurait mobilisé notre équipe pendant 4 h. Pour un appel de type cardiaque, là on se rend à l'Hôpital Laval [l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec], souligne l'ambulancier.
Blessés multiples
Un accident de la route en région, ça frappe fort, il y a beaucoup de vélocité, bien souvent plusieurs blessés majeurs, explique Christian Duperron.
À cause de cette situation bien particulière en région, un accident peut nécessiter une forte présence d'ambulances sur le terrain.
Les ressources ne sont pas toujours disponibles et il y a des délais sur les lieux. On se retrouve une ambulance pour gérer la scène, c’est un défi supplémentaire.
Des premiers répondants sont appelés à venir aider sur les lieux, mais ils sont toujours manquants dans 70% des municipalités du Québec. De plus, le nombre d'accidents avec blessés est en hausse dans Chaudière-Appalaches en 2024.

Suite à un projet pilote, les ambulanciers de Beauce-Centre peuvent maintenant administrer sans l’autorisation des médecins du Fentanyl aux patients en souffrance. «Dans un contexte préhospitalier, avec les distances, les douleurs sont diminuées», explique Christian Duperron.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
On ne peut pas [toujours] attendre la présence d'autres ambulances. On est chronodépendant, la vie en dépend. [...] On peut transporter jusqu’ à deux patients immobilisés et un troisième peut être attaché [dans l’ambulance]. Des fois on n’a pas le choix, note Christian Duperron.
De l’aide psychologique
Ça peut occasionner des situations potentiellement traumatisantes pour les ambulanciers. Donc depuis près de deux ans, ils peuvent compter sur une travailleuse sociale spécialisée dédiée aux intervenants d’urgence.
Julie Nadeau a près de 30 ans d’expérience et couvre 75 % du territoire préhospitalier de la province, dont presque toutes les régions du Québec.
Elle peut venir rencontrer les ambulanciers 3 jours après un événement traumatisant lorsque ces derniers en font la demande.
On laisse le temps aux gens de revenir sur la planète. […] On va essayer de savoir c’est quoi ses pensées, émotions, symptômes et je vais leur donner des outils et mettre l’accent pour se réparer question de ne pas vivre trouble de stress post-traumatique, explique la travailleuse sociale.

Julie Nadeau travaille avec La Vigile, un organisme qui vient en aide aux intervenants d'urgence. Elle rencontre les ambulanciers pour discuter d’un événement traumatique vécu dans les derniers jours. Des gars alpha qui pleurent, des filles habituées d’être solides qui pleurent [maintenant] enlèvent ta carapace avec moi et tu la remettras après.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Un paramédic m’a dit récemment que tu es ma police d’assurance, j’espère ne pas avoir besoin de toi, mais je sais que tu es là.
Selon elle, les intervenants d’urgence seront appelés à vivre entre 600 et 850 événements à potentiel traumatique dans une vie comparativement à 2 ou 3 pour monsieur, madame Tout-le-Monde.
Un manque de reconnaissance
Mobile 6. Et c’est reparti pour un autre appel, cette fois-ci dans une compétition d’athlétisme.
Une jeune fille de 14 ans est au sol, l’ambulance fait marche arrière sur le terrain. Les deux ambulanciers entre sur une civière l'adolescente dans le véhicule. Elle, est consciente, mais déshydratée. Il fait tout près de 30 degrés Celsius, cette journée-là.
Vérification de la glycémie, examen médical et questions d’usage, il se dirige vers Saint-Georges. On pose des questions en montant quand on a moins d’informations. On a le temps, lance Michaël Grondin.

Plusieurs ambulanciers se sont retrouvés à l’urgence de l’Hôpital de Saint-Georges. Un après-midi chargé.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
Son collègue Christian Duperron est aussi président des Travailleurs ambulanciers syndiqués de Beauce incorporée (TASBI).
Ses membres sont sans contrat de travail depuis mars. Il aimerait voir une meilleure reconnaissance gouvernementale de la profession.
Il y a un manque de respect. Des contrats échus depuis des années, des conventions collectives qui durent 1 an, 1 an et demi lorsqu'on les signe, des rétroactions qui tardent à venir, on a difficulté à respecter les ententes conclues, lance-t-il.
Le président et ambulancier s’inquiète pour ses collègues.
Les paramédics vont devoir travailler jusqu'à environ 60 ans avant d'avoir une retraite sans pénalité. Le métier, il est difficile au niveau psychologique et physique.
La chaleur est intense. Les ambulanciers ont été sollicités aujourd’hui. À la sortie du triage de l'hôpital, les équipiers croisent plusieurs de leurs collègues, le temps d’une petite jasette en attendant le prochain appel.
En région, on peut aider une personne sans domicile fixe et dans l’heure qui va suivre aider un cultivateur avec un accident d’animal de ferme. [...] La relève peut être à 35 minutes de distance, il faut user de débrouillardise, de gros bon sens et travailler de façon différente, remarque Christian Duperron.
Parce que la journée n’est pas encore finie. Mobile 6, un appel à Beauceville.. Et c'est reparti.