À partir du belvédère surplombant la petite ville de La Malbaie, dans Charlevoix, le paysage est à couper le souffle. Le fleuve, les montagnes, le charmant petit centre-ville dessinent cette vue de carte postale. Sauf qu'un vaste terrain de sable en plein cœur de la municipalité détonne. C'est l'endroit même où depuis des années, les Malbéens attendent de voir l’agrandissement de l’hôpital sortir de terre. La promesse faite par François Legault en 2019 n'est pas en voie d'être réalisée, selon plusieurs citoyens.

Le premier ministre s’était déplacé en personne pour annoncer l’agrandissement de l’hôpital qui devait recevoir son premier patient en 2025. Mais l’échéancier a été repoussé à 2030.

Le gouvernement affirme garder le cap. Le projet de La Malbaie fait partie de la liste des 25 projets en santé du prévus cette année au Plan québécois des infrastructures.

Sauf que tout semble arrêté sur le chantier. Le projet stagne en phase de planification dans les livres du gouvernement. Les plans et devis seraient prêts. Il ne manquerait que la signature du Conseil des ministres pour lancer les appels d’offres et ensuite les travaux.

Sur le terrain, le doute est bien installé dans la communauté. En raison de la décote du Québec et du psychodrame de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, certains citoyens ont de la difficulté à croire qu'un projet évalué à 355 millions de dollars en 2023 voit éventuellement le jour.

Quand est-ce que ça va commencer? Je ne peux pas croire qu’un premier ministre ou qu’un Conseil du Trésor ou que le ministre de la Santé ne sache pas, affirme Michel Couturier, maire de La Malbaie.

Il affirme qu'il demeure positif, que c'est dans sa nature, mais concède que ses citoyens tapent du pied.

Les gens sont très inquiets que ça ne se fasse pas.

Le maire de La Malbaie Michel Couturier tente de demeurer positif au sujet du projet d’agrandissement de l’hôpital même s’il se fait poser des questions au quotidien par ses citoyens qui ont tendance à ne plus croire au projet.

Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc

La Ville a dépensé 11 millions de dollars pour réaménager son centre-ville autour du futur nouvel hôpital. Et pour l’instant, des clôtures sont bien en vue sur la rue principale avec de gros tas de sable et de terre.

En urgence, il y a eu une école de démolie et une nouvelle de construite pour faire place à la construction [de l’hôpital], explique-t-il. Tout ça devait aller très vite.

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Un hôpital vétuste trop petit

L’hôpital de La Malbaie a été construit en 1942. Il est jugé par les professionnels de la santé vétuste et surtout trop petit. Des dégâts d’eau ont eu lieu dernièrement dans le département de radiologie et l’espace manque.

Dans notre urgence, il y a juste une salle de réanimation, explique la chirurgienne générale, Alexandra Dépeault. Quand on a un accident d’auto, qu’il y a deux patients qui arrivent en même temps, on est pris un petit peu.

C’est décevant. On a besoin d’un hôpital qui est fonctionnel.

Dre Alexandra Dépeault est chirurgienne générale à l’Hôpital de La Malbaie dans Charlevoix

Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc

La médecin rappelle que l’hôpital dessert tout l’est de Charlevoix en plus du Bas-Saguenay et une portion de la Côte-Nord, jusqu’à Forestville.

Je ne veux pas qu’on se retrouve comme d’autres hôpitaux avec des rongeurs, des problèmes d’eau récurrents. On a des petits problèmes qu’on patch, mais la vraie solution, c’est de recommencer à zéro.

Paniquant, illusoire et méfiance

Le doute et la perte de confiance se font sentir au sein de la population. Sur la rue Saint-Étienne, devant l’hôpital, des passants affirment que le gouvernement doit arrêter le parlage et agir!

Un sentiment que confirme la représentante du Comité des citoyens pour un nouvel hôpital de La Malbaie, Anne Jean, qui travaille sur le dossier depuis maintenant plus d'une décennie.

C’est vraiment de la méfiance. Personne n’a confiance maintenant.

Anne Jean est représentante du Comité des citoyens pour un nouvel hôpital de La Malbaie.

Photo : Radio-Canada / Pierre-Alexandre Bolduc

On est découragés, lance-t-elle. Le gouvernement nous demande d’avoir confiance, de respecter leur décision et les délais. Mais quand ça fait 10 ans qu’on travaille pour un dossier et qu’on le voit évoluer péniblement, c’est certain qu’il y a du mécontentement, souffle-t-elle.