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Si le deuxième tronçon du rail gaspésien devait être fin prêt en juin pour que le train de marchandises puisse circuler jusqu’à Port-Daniel–Gascons, cet objectif ne sera pas atteint. Québec, qui n’avance plus d’échéancier même pour cette portion du chemin de fer, se limite à dire que sa mise en service se fera « à une date ultérieure ».
Dans une déclaration écrite envoyée en réponse à la demande d’entrevue de Radio-Canada, le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) confirme que des retards sont à prévoir, mais se fait avare de détails.
En raison de certains retards sur les chantiers encore en activité, combinés au contexte d’incertitude causé par la grève des ingénieurs de l’État, l’acceptation des différents travaux n’a pas pu être réalisée comme prévu.
La Société du chemin de fer de la Gaspésie (SCFG), qui gère et exploite le rail, explique de son côté que des chantiers doivent encore être complétés sur deux infrastructures importantes.
Le premier chantier, qui vise à finaliser un pont de Caplan, devrait être finalisé par la SCFG d'ici la fin du mois de juillet.
Des retards sont attribuables à la livraison du matériel nécessaire. On attend des poutrelles. Après, ça devrait quand même aller assez vite, indiquait le président de la SCFG, Éric Dubé, en entrevue la semaine dernière.

Le président de la Société du chemin de fer de la Gaspésie, Éric Dubé, est également maire de New Richmond et préfet de la MRC de Bonaventure.
Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois
Or, selon M. Dubé, le parachèvement de travaux au tunnel de Port-Daniel–Gascons, situé en amont de la cimenterie McInnis, accuserait lui aussi du retard.
Des retards qui seraient à son avis attribuables à des problèmes reliés aux approches du tunnel. Le MTMD ne confirme néanmoins pas que ce chantier, sous sa responsabilité, s'est buté à des embûches.
Pour la SCFG, l’intérêt de réhabiliter le rail jusqu’à Port-Daniel–Gascons est de pouvoir desservir la cimenterie, son plus gros client. Or, Éric Dubé précise que ce sera très loin d’être le cas actuellement.
Normalement, à ce moment-ci, tout ça aurait dû être réglé et on devrait être rendu à la cimenterie.
M. Dubé avait d'ailleurs encerclé la date du 24 juin 2025 à son calendrier. Il y a enjeux plus grands qu’on pensait, lance-t-il en ne cachant pas sa déception. La SCFG attend d'ailleurs avec impatience des nouvelles de Québec dans ce dossier.
On ne fera pas du transbordement à deux kilomètres de la cimenterie. On attend de savoir ce que sera la suite des choses pour le tunnel, lance M. Dubé.
De l’incertitude et des répercussions à prévoir
Le MTMD indique que le report de la mise en service de la deuxième portion du rail a peu d’impact sur le transport ferroviaire, puisque les travaux au site de chargement vers la cimenterie ne sont pas terminés. Or, la situation actuelle cause son lot d’incertitudes pour la SCFG, notamment en lien avec sa planification financière.
Parvenir à directement desservir la cimenterie de Port-Daniel–Gascons n’apportera pas de nouveaux revenus à la SCFG, mais contribuera toutefois à significativement réduire ses dépenses.

La Société du chemin de fer de la Gaspésie gère les activités de transport de marchandises sur le rail en plus de réaliser certains contrats de réfection. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Martin Toulgoat
Comme le deuxième tronçon n’est pas entièrement opérationnel, le ciment qui y est produit doit transiger par camion jusqu’à New Richmond, où il est ensuite transbordé à bord de wagons.
Ces opérations de transport routier sont majoritairement à la charge de l'organisation gaspésienne. À terme, c’est plus d’un million par année, lance Éric Dubé.
La concrétisation de la réfection du troisième tronçon, jusqu'à Gaspé, sème aussi son lot d’inquiétude pour la Société.
À la fin mars, le projet est retourné au stade de planification dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) 2025-2035. D’importants dépassements de coûts sont à l’origine de ce pas de recul.
Depuis, le MTMD indique être retourné à la table à dessin afin de trouver des solutions qui respecteraient les cibles budgétaires.
Québec s’était d’abord engagé à parachever les travaux afin de rendre le rail sécuritaire jusqu’à Gaspé en 2026. Il a néanmoins repoussé son échéancier à 2027 en janvier dernier, avant que des modifications soient apportées au PQI.
Selon Éric Dubé, un élan a été brisé à ce moment. Si certains échanges ont eu lieu avec le ministère des Transports relativement à la possibilité de réaliser le projet différemment, M. Dubé précise qu’il n’a jamais été question d’un nouvel échéancier pour un retour jusqu’à la pointe gaspésienne, ce qui le préoccupe.
Je ne vous cacherai pas que c’est démoralisant.
La SCFG déplore que la situation actuelle fasse en sorte qu’un tas de choses est à reconsidérer dans sa planification, puisqu’elle comptait réaliser des contrats totalisant près de 35 millions de dollars sur la troisième partie du rail. De l’équipement avait notamment été commandé en prévision de ces chantiers.
On était en processus pour embaucher des gens ce printemps. C’est sûr que tout ça a été mis sur pause, explique le président de la SCFG.

Le ministère des Transports a précisé à Radio-Canada qu’il ne s’avancerait pas sur un échéancier pour un retour du train jusqu'à Gaspé, et ce, avant d’avoir peaufiné sa planification. (Photos d'archives)
Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois
Des démarches à reprendre
La Société indique par ailleurs évaluer actuellement la situation, mais craint que certaines démarches soient à refaire lorsque le feu vert sera donné pour des travaux sur la dernière portion du rail.
Il faut comprendre que l’argent [pour la réfection de ce tronçon du rail] n’est plus là. Même quand on aura la recette, il va falloir faire une ronde pour convaincre le gouvernement de réinvestir des sommes d’argent, prévient Éric Dubé.
Ce dernier précise d'ailleurs avoir demandé une rencontre en personne avec des représentants du MTMD au retour des vacances estivales.
Celui qui est également maire de New Richmond rappelle que les élections municipales à venir cet automne pourraient ralentir les démarches reliées au chemin de fer et qu’un scrutin provincial suivra, en 2026. Ainsi, la SCFG ignore si le dossier pourra progresser significativement d’ici ces élections générales.