Depuis 1880, le niveau moyen de la mer dans le monde a augmenté de 21 à 24 centimètres. Le chiffre est posé. Et maintenant ? La question se pose parce que dans la réalité, un chiffre jeté ainsi en pâture ne veut pas dire grand-chose. Il demande toujours à être mis en perspective. Alors, allons-y. D'abord en notant qu'au cours des temps géologiques, le niveau de la mer a tantôt baissé, tantôt augmenté. Allant de 130 mètres en dessous du niveau actuel jusqu'à 250 mètres au-dessus.

Concernant le rythme auquel se produisent ces variations, il a longtemps été de 1 à 2 millimètres par an. Pendant la majeure partie du XX^e siècle, d'ailleurs, il était d'environ 1,4 millimètre par an. Mais entre 2006 et 2015, il a été estimé à quelque chose de l'ordre de 3,6 millimètres par an. Et il est aujourd'hui même plutôt de 4 millimètres par an. La machine s'accélère.

Notons toutefois qu'il reste question ici de moyennes. L'érosion, les courants régionaux ou encore la façon dont les crues sont contrôlées, en effet, font que l'élévation du niveau de la mer peut être plus ou moins importante selon l'endroit. Il est ainsi des régions dans lesquelles les satellites nous montrent que le niveau de la mer est déjà monté de 15 à 20 centimètres depuis qu'ils renvoient des images. Soit depuis 1993. En Europe, c'est la mer Baltique qui s'élève ainsi le plus rapidement. À un rythme de 4,8 millimètres par an !

Pour ce qui est des projections, sachez enfin que les modèles prévoient que d'ici la fin de notre siècle, le niveau de la mer s'élèvera d'au moins 30 à 60 centimètres au-dessus du niveau de l'année 2000. Mais à plus long terme, il pourrait être question de plusieurs mètres - voir dizaines de mètres - d'élévation.

Qu’est-ce qui fait monter le niveau de la mer ?

Ce qui alimente ces modèles, c'est ce à quoi nous devons nous intéresser après avoir accueilli tous ces chiffres. Ce qui est à l'origine de cette nouvelle élévation du niveau des mers en cours. Les scientifiques estiment que la tectonique des plaques joue un rôle. Surtout à l'échelle des derniers 350 millions d'années. Dans notre histoire plus récente, ils ont appris que c'est le climat qui influe le plus sur le niveau des océans. Parce que ce niveau est désormais largement fixé par les variations du volumevolume de l'eau et des glaces. En effet, quand notre climat se réchauffe, à quantité égale, le volume de l'eau de mer augmente. C'est ce que les physiciensphysiciens appellent la dilatationdilatation thermique de l'eau. Puis les glaces fondent, ajoutant toujours plus d'eau dans nos océans. Ces dernières décennies, les scientifiques l'ont établi, nous devons donc principalement l'élévation du niveau de la mer au réchauffement climatique anthropique. Comprenez, à nos émissionsémissions de gaz à effet de serre qui font grimper les températures, dans les airsairs comme dans les eaux.

À la marge toutefois, les études montrent aussi que nos consommations excessives d'eau douce n'arrangent rien à la situation. Parce que la surexploitation des nappes phréatiques ainsi que la déforestationdéforestation ou la désertificationdésertification renvoient vers les océans une eau qui était jusqu'ici stockée dans les sols. On parle ici tout de même d'environ 10 % d'élévation du niveau des mers en plus depuis les années 2000.

Les dangers associés à la montée du niveau des océans

Très bien, mais il n'est tout de même question que de quelques dizaines de centimètres, en fin de compte. Comparé à ce que notre TerreTerre a déjà connu, ce n'est pas extraordinaire. Alors, pourquoi s'en préoccuper ? Parce qu'il y a une différence de taille entre la Terre au cours des temps géologiques et la Terre d'aujourd'hui : l'humanité !

Environ 10 % de la population mondiale vit en effet dans des régions côtières. Pas moins de 8 des 10 plus grandes villes ont, pour ainsi dire, les pieds dans l'eau. L'élévation du niveau de la mer met leurs économies, leurs infrastructures et leurs habitants en danger. Les risques : une érosion accrue et des inondationsinondations qui se multiplient, plus encore lors des grandes maréesmarées et des tempêtestempêtes. En Europe, 50 millions de personnes sont concernées. Le coût des dommages attendus est estimé à 1,25 milliard d'euros par an. Et il pourrait exploser si des mesures d'adaptation ne sont pas rapidement mises en œuvre.

Plus globalement, l'élévation du niveau de la mer perturbe les écosystèmesécosystèmes. Elle ouvre également la porteporte à une contaminationcontamination de nos rivières ou de nos aquifèresaquifères d'eau douce par de l'eau salée. Avec toutes les conséquences que cela peut avoir en matièrematière d'approvisionnement et de faunefaune et de flore.

Le niveau d'impact que nous aurons à subir dépendra directement de la trajectoire de nos émissions de gaz à effet de serregaz à effet de serre. Nous savons ce qu'il nous reste à faire...