Le nombre d’enfants âgés de 0 à 12 ans vivant en situation d’itinérance est en hausse depuis le dernier recensement à Saskatoon. En tout, la Ville des Ponts a dénombré 315 enfants dans cette situation le 8 octobre 2024, contre 26 en avril 2022.

La Ville a partagé une nouvelle publication qui va plus en profondeur sur les visages qui se cachent derrière l’itinérance, dont le nombre a triplé en deux ans.

Ce nouveau rapport révèle entre autres la hausse de plus de 1000 % du nombre d’enfants vivant dans une situation d’itinérance.

On a vu une hausse de ce nombre parce qu’on s’est assuré de compter [les enfants de] tous nos logements de transition et nos refuges, explique Lesley Anderson, directrice de la planification et du développement pour Saskatoon. Ces établissements sont d’ailleurs plus nombreux en 2024 en comparaison de 2022.

Près de la moitié des personnes interrogées ont vécu leur première expérience d’itinérance avant l’âge de 25 ans, dont près de 9 % avant l’âge de 12 ans

Mme Anderson indique d’ailleurs que le nombre d’itinérants du recensement d’octobre 2024 est une sous-représentation de cette population, ajoutant que le constat est similaire chaque fois que ses équipes réalisent un tel exercice.

Le rapport révèle que 80 % des personnes en situation d'itinérance étaient des Autochtones, alors qu'ils composent 11,5 % de la population. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

D’après Annie Fontaine, professeure agrégée à l'École de travail social et de criminologie de l'Université Laval, les recherches démontrent qu’après une première expérience à la rue, les chances d’y retourner sont plus grandes.

Elle indique également que les répercussions sont nombreuses pour les personnes mineures ayant expérimenté une forme d’itinérance.

C’est difficile dans la construction de l’identité et dans l’établissement d’un chemin pour faire sa place dans la société, explique Mme Fontaine. Elle ajoute que cette situation peut notamment causer des retards sur le plan scolaire, et donc peut rendre plus difficile l’entrée sur le marché du travail, ce qui a comme incidence d’instaurer une précarité économique.

Elle note d’ailleurs qu’une telle expérience nuit à la capacité des mineurs à faire confiance à leurs proches et aux adultes qui souhaitent les aider.

Pour réduire ces nombres, Annie Fontaine affirme que les ordres de gouvernement doivent, entre autres, mettre en place des mesures universelles préventives pour répondre aux besoins de base. Elle pointe la crise du logement qui est un facteur, un enjeu à Saskatoon où l’offre de logement peine à suivre la demande.

Une bureaucratie trop lourde pour les organismes

Egadz, une organisation communautaire à but non lucratif qui propose des programmes et des services aux enfants, aux jeunes et à leurs familles, pointe du doigt la bureaucratie de Saskatoon comme frein à l'offre de plus de services aux jeunes vulnérables.

Nous avons 18 maisons et elles ont toute une liste d’attente complète, affirme leur directeur général, Don Meikle.

M. Meikle ajoute que la Ville n’a également pas développé des endroits qui permettraient à son organisme de développer des sites d’aides, ce qui empêche ses équipes à offrir plus de services.

Il croit que les acteurs du milieu sont bons pour identifier les problèmes liés à l’itinérance, mais que l’implantation des solutions est difficile.

Avec des informations de Stephanie Massicotte