Exploit technologique ou parade de mort? L’actualité de guerre où nous avons glissé ne marche pas seulement au rythme des offensives et du décompte des victimes. Un autre bruit l’accompagne, tantôt en sourdine, tantôt tonitruant: l’éclosion régulière de nouvelles armes plus ingénieuses que les précédentes, plus imparables, plus mortelles. Comme si l’esprit humain trouvait une morose délectation, ou un sursaut de fierté mal placée, à faire le beau au milieu des forces qui le menacent, feignant de ne pas voir qu’il risque l’autodestruction.
Missiles balistiques ou supersoniques. Drones incendiaires, drones intelligents, drones à quatre pattes, drones amphibies, etc. Sans oublier le rôle toujours plus central joué par l’IA dans la conduite des combats, avec un prix exorbitant chez les civils (lire à ce sujet le rapport publié en août par le Stockholm International Peace Research Institute, référence en la matière). Chaque armée, chaque camp exhibe fièrement l’arme jugée capable de faire la différence. Si bien que cette véritable tactique de communication est devenue, à son tour, l’une des nombreuses composantes hybrides des conflits d’aujourd’hui, qu’ils soient latents ou déjà en acte. Sur le terrain, les théâtres de guerre servent de champs d’expérimentation ou de plateau de démonstration pour les derniers produits en date de l’industrie militaire. Autant de prouesses technologiques qui contribuent puissamment à déréaliser la guerre, faisant passer ses victimes au second plan.