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Le réalisateur torontois Seth Scriver a toujours eu de l'admiration pour son demi-frère Peter, établi dans la communauté de Shamattawa, au Manitoba. Cette admiration s’est renforcée au fil des années grâce au talent de conteur de Peter, de 16 années son aîné.
Est donc venue l’idée à Seth, un allochtone, de coréaliser avec son demi-frère un documentaire d’animation dans lequel il exposerait les histoires racontées par Peter, qui est cri.
En se rendant à Shamattawa, Seth a toutefois constaté que ce projet était beaucoup plus compliqué qu’il ne le pensait. En effet, Peter habite seul avec 8 enfants et 16 chiens, et il était tout simplement impossible de trouver le silence dans son domicile à quatre chambres avec tout ce chaos qu’il compare à la gare de Grand Central Terminal, à New York.
Le résultat de ce projet : Cookie à l’infini (Endless Cookie), un film qui, au final, non seulement illustre les histoires de Peter et de Seth mais montre aussi le processus qui a mené à la production de ce film ainsi que les personnes qui entourent Peter dans sa communauté.
Ce documentaire s’est fait remarquer dans certains festivals au cours des derniers mois, notamment en étant présenté en première au festival de Sundance et en remportant le Prix du public pour un documentaire canadien au prestigieux festival Hot Docs, à Toronto.
Le film a aussi remporté le Grand Prix dans la section Contrechamp du Festival international du film d’animation d’Annecy, en France, en plus d’avoir ouvert le festival torontois imagineNATIVE, le plus grand festival de cinéma autochtone au monde.

Seth Scriver est un réalisateur basé à Toronto. Peter Scriver est un conteur cri établi à Shamattawa, une communauté éloignée au Manitoba. Les deux demi-frères ont coréalisé le film Cookie à l'infini.
Photo : Mongrel Media
Très long processus
Pour ce documentaire, les demi-frères ont opté pour une approche stylistique peu commune, bien que très assumée. La narration est désordonnée et très peu linéaire. Le film est parsemé d’humour, de parenthèses, de moments méta et de mises en abyme. Malgré son ton comique, Cookie à l’infini contient des éléments sérieux, voire tragiques, notamment l'histoire du frère de Peter, enlevé et emmené dans un pensionnat alors qu'il était enfant.
Ainsi, si les histoires de Peter et de Seth – qui remontent à aussi loin que dans les années 1980 – demeurent importantes et centrales, les interventions des membres de sa famille le deviennent tout autant.

Le film Cookie à l'infini a multiplié les honneurs au cours des derniers mois.
Photo : Mongrel Media
D’ailleurs, la majorité des personnages représentés dans le film, qui a pris neuf ans à faire, sont doublés par la personne qu’elles représentent.
C'était stressant, parce que tous les enfants grandissaient. Je me disais : "Zut, toutes leurs voix changent. Tout le monde va bientôt devenir adulte."
Néanmoins, malgré ce stress, Seth Scriver juge en rétrospective que ces délais ont été bénéfiques, entre autres parce que des histoires auparavant censurées par Peter pour que ses enfants ne les voient pas ont par la suite été intégrées, les enfants ayant grandi.
En fin de compte, c'est une bonne chose que cela ait pris autant de temps, car nous avons pu ajouter plus d'histoires folles, résume Seth Scriver. Ce n'était pas du tout prévu, mais je pense que le film est meilleur.
Cet artiste multidisciplinaire n’avait pas sorti de long métrage depuis la sortie d'Asphalt Watches, qu’il a coréalisé avec Shayne Ehman et qui a remporté le prix du meilleur premier long métrage canadien au TIFF en 2013.
Une structure à l’image des récits autochtones
En créant ce film, Seth Scriver avait comme principale préoccupation de ne pas froisser ou fâcher sa famille, qui est au cœur des péripéties. En montrant le produit final à ses proches, l’artiste a toutefois été rassuré de voir qu'ils ont aimé son projet.
Or, il raconte qu'il a eu des sueurs froides l’instant d’un moment avec son demi-frère lors de la première présentation publique du film, au festival de Sundance. Le public, qui avait ri pendant les dix premières minutes du film, est demeuré silencieux pendant quelques minutes.
Peter a commencé à me faire signe en me disant : "Sortons d'ici, nous sommes près de la porte", explique Seth Scrive, qui précise par ailleurs que cela faisait 35 ans que son demi-frère n’était pas allé dans une salle de cinéma.
Ce documentaire animé aura finalement plu au public de Sundance, tout comme les publics d’autres festivals qui ont suivi. Des spectateurs autochtones ont en outre salué l’originalité de l'œuvre ainsi que sa structure qui, selon eux, rappelle les approches narratives autochtones.

Dans Cookie à l'infini, Seth Scriver part à la visite de son demi-frère, Peter, à Shamattawa, au Manitoba.
Photo : Mongrel Media
Si vous regardez le cœur de la narration autochtone, ce que j'ai vu – en particulier chez les anciens et les gardiens du savoir qui racontent des histoires –, c'est qu'elle fait appel, tout d'abord, à de multiples sens et émotions : vous entrez et sortez des points et des thèmes principaux, vous quittez quelque chose, vous prenez une tangente, mais vous y revenez toujours, vous y revenez toujours pour démontrer quelque chose de vraiment profond, explique ainsi l’auteur cri David A. Robertson au sujet de la structure du film.
C'est absurde. C'est non linéaire. Mais c'est aussi, je pense, un excellent exemple de la beauté des récits autochtones.
Malgré l'animation, je ne me suis jamais sentie aussi visible dans un film que dans celui-ci, ajoute pour sa part la cinéaste crie Sonya Ballantyne.
Il montre si bien mon enfance et mes origines que je me suis dit : "J'espère vraiment que tout le monde pourra voir ce film, parce qu'il capte quelque chose de l'essence même de la vie autochtone."
Les prochaines présentations du film Cookie à l’infini (version originale anglaise avec sous-titres français) au Québec :
- Cinéma Public (Montréal) : le 22 juin à 20 h
- Cinéma Moderne (Montréal) : le 23 juin à 16 h 15
- Cinémathèque (Montréal) : le 25 juin à 17 h
Des représentations sont aussi prévues dans les prochains jours à travers le pays, notamment à Vancouver, à Winnipeg, à Victoria, à Waterloo, à Kingston, à Guelph et à Whitehorse.
Avec des informations de La Presse canadienne et de Commotion (CBC Arts)