Il a débarqué peu avant minuit, un sourire jusqu’aux oreilles et le regard pétillant du joueur qui a des choses à dire devant les caméras. Un passage juste après ceux de Khéphren Thuram et Malo Gusto aux discours plus convenus et lisses. Florian Thauvin (32 ans), auteur d’un magnifique but, celui du 3-0 face à l’Azerbaïdjan, avait la fraîcheur du gamin qui vient de fêter sa première sélection chez les Bleus vendredi soir en zone mixte.

«J’avoue que j’ai des étoiles dans les yeux. Je suis comme un enfant, une grande fierté, beaucoup de bonheur. Pouvoir remettre le maillot des Bleus, c’est quelque chose qui me tient à cœur, quelque chose de très important pour moi», a lâché d’emblée le Néo-Lensois qui jouait pour la première fois en sélection devant son fils. «Un moment forcément important pour ma famille», a-t-il ajouté, ému.

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Sifflé puis acclamé par le Parc des Princes

Il y a de quoi. Cela faisait six ans que le milieu offensif (11 sélections, 2 buts) n’avait plus mis un pied chez les Bleus. Vibrer au son de la Marseillaise, le trentenaire voyait ça comme un mirage lointain, un rêve un peu fou. «Ces dernières années, j’ai rêvé de ce moment, je m’étais toujours dit que si j’avais la chance à nouveau de pouvoir reporter le maillot de l’équipe de France, je donnerais tout pour pouvoir en profiter, être décisif et marquer.»

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Mission triplement réussie avec ce but inscrit en fin de rencontre, quelques secondes seulement après être entré en jeu sous les sifflets d’une partie du public. On ne pardonne décidément jamais rien à un ancien Marseillais au Parc des Princes. «Je n’ai pas de rancœur ou d’animosité vis-à-vis de ça. Je sais que ça fait partie du jeu», a-t-il souri avant de relancer de lui-même : «Ma plus grande fierté, au-delà du but aujourd’hui, c’est de ne jamais avoir baissé les bras et d’avoir toujours continué de travailler, même quand c’était un peu plus difficile.»

J’étais plus proche d’arrêter ma carrière que de revenir en équipe de France

Florian Thavin

Thauvin revient de loin, il le sait. Un exil au Mexique qui s’est mal terminé entre 2021 et 2023 avant de rebondir brillamment à l’Udinese (Italie) puis un retour en France dans le Nord cet été. «Au-delà du rêve, je pense que ça démontre une certaine force de caractère. À un moment donné, j’étais plus proche d’arrêter ma carrière que de revenir en équipe de France, ce que je suis aujourd’hui. Ma ligne de conduite a toujours été la même, continuer de travailler et ce sera toujours comme ça jusqu’à la fin de ma carrière.»

Un ciseau comme face à Andorre en 2019

Il y a six ans, il avait inscrit son premier but sur un ciseau, face Andorre (à 2’28 sur la vidéo), comme ce vendredi soir. Amusant clin d’œil de l’histoire. «C’est assez rigolo pour le coup», note-t-il avant de déclarer, ambitieux, comme s’il passait un entretien d’embauche face à Deschamps : «Je pense que je suis plus performant. Je suis arrivé aujourd’hui à une maturité que je n’avais pas avant. Je pense que j’aborde la sélection d’une manière différente aujourd’hui. Je suis un peu plus leader dans l’âme.»

Son entrée fracassante aura forcément marqué le sélectionneur même si la concurrence dans le secteur offensif est acharnée. Il y aura peut-être encore des blessés, et Thauvin, auteur d’un excellent début de saison avec Lens ne s’interdit plus rien. Pourquoi ne pas se voir aux États-Unis pour disputer le Mondial si les Bleus empochent leur billet ? «Bien évidemment, quand un joueur vient en équipe de France,en tant que compétiteur, il veut toujours y rester. Après, ce n’est pas moi qui prends ces décisions-là», conclut-il.