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Dans le nord de la Colombie-Britannique, une mini-maison contre un mégaprojet

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Dans le nord de la Colombie-Britannique, une aînée autochtone a décidé d’installer sa mini-maison sur le tracé d’un futur gazoduc et elle compte bien ne pas déposer les armes. Cet acte de résistance est destiné à montrer que sa communauté utilise toujours ce territoire.

Bonjour, Smokey! Tu pensais que je t’avais abandonné? Mais non! Je te promets.Teresa Brown parle à un de ses chiens. Avec tendresse, elle lui caresse la tête et explique qu’elle en recueille beaucoup dans son camp.

Ce sont eux qui accueillent les visiteurs qui s’aventurent au bout d’une route de gravier à 60 kilomètres au nord de la communauté gitxan de Kispiox, à 450 kilomètres au nord-ouest de Prince George.

Teresa Brown a sauvé ces animaux. Certains devaient être euthanasiés, d’autres ont été abandonnés. Elle a donc créé ce sanctuaire où ils peuvent vivre en liberté.

Lui était très craintif, dit-elle en montrant un chien blanc aux yeux d’un bleu clair perçant.

Un panneau indique le chemin vers le camp et le sanctuaire pour chiens de Teresa Brown.

Le camp de Teresa Brown est situé à une soixantaine de kilomètres de la communauté de Kispiox, dans le nord de la Colombie-Britannique.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Mais cet endroit est aussi son sanctuaire à elle.

Un peu après la grande barrière à l'entrée, des bâches ont été tendues, un autobus scolaire semble avoir pris racine et, un peu plus loin, on aperçoit une mini-maison, construite pièce par pièce par une centaine de bénévoles pour la matriarche gitxan Maasgwitkunuxws [son nom traditionnel] Teresa Brown.

Un geste politique

Teresa aime vivre dans la forêt, mais ce choix va plus loin que son amour pour l'odeur de l'humus et des conifères : c’est un geste politique.

Elle s’est installée là où devrait passer le futur gazoduc de Prince Rupert Gas Transmission (PRGT), qui doit servir à transporter du gaz liquéfié vers une installation d'exportation, baptisée Ksi Lisims.

Les détails du projet Prince Rupert Gas Transmission

Le projet de gazoduc Prince Rupert Gas Transmission (PRGT) a été racheté à TC Energy par la Nation nisga’a et par l’entreprise Western LNG en 2024.

Il s’agit d’un gazoduc long de 780 kilomètres qui doit relier Hudson’s Hope, dans l’est de la Colombie-Britannique, au nord de Prince Rupert, sur la côte ouest. C’est dans ce secteur que sera construit le terminal d'exportation Ksi Lisims, vers lequel le gazoduc acheminera du gaz naturel liquéfié. À partir de là, il sera exporté vers les marchés asiatiques.

Ce n’est que récemment que le tracé a été modifié pour se rendre à Ksi Lisims plutôt que sur Lelu Island.

En juin, le Bureau des évaluations environnementales de la Colombie-Britannique a statué que la construction du gazoduc a été substantiellement entamée et qu’il satisfaisait aux exigences du certificat délivré en 2014. Cela permet ainsi de poursuivre le projet sans nouvelle évaluation, ce que dénoncent les opposants.

Le 2 septembre, le Bureau des évaluations environnementales a approuvé les modifications apportées au projet de gazoduc PRGT et a modifié le certificat d'évaluation environnementale du projet.

Une autre cabane en bois est en construction à quelques mètres de sa mini-maison et celle-ci se trouve pile-poil sur le tracé du futur gazoduc. Quand elle sera terminée, Teresa Brown compte s’y installer.

En attendant, elle profite du confort de son habitation, qui a été construite par des gens vraiment extraordinaires, dit-elle, sourire aux lèvres.

Selon elle, la plupart de ces gens n’étaient pas des Autochtones.

Ce sont des alliés, des pièces d’un même puzzle. Ce n’est pas juste à propos de moi, ce n’est pas seulement à propos des Premières Nations. Il s'agit de chacun d'entre nous. Nous sommes tous des pièces de puzzle dans cette magnifique communauté, ajoute-t-elle.

Ce cadeau tombe à point pour cette femme qui a longtemps vécu dans le vieil autobus scolaire.

La charpente d'une cabane en bois.

La cabane en construction, située pile-poil sur le tracé du futur gazoduc.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

L'autobus était très bien aménagé. Il y avait un poêle à bois qui m'a permis de passer l'hiver. Mais souvent, il faisait trop chaud ou trop froid. Maintenant, je dors mieux, je me sens en sécurité. Cela m'a vraiment aidée à sortir de ce que je ressentais comme un mode de survie, explique-t-elle.

Avant, je n'avais pas conscience du stress qui m’habitait. Toute ma vie, j’ai voulu avoir une maison que personne ne pourrait me prendre.

On m’a dit que personne ne pouvait m’en empêcher, car c’est mon territoire. Au début, j’avais peur. J’avais peur des ours. Mais je n’ai plus peur de personne maintenant, raconte Teresa.

Elle a pu installer une clôture tout autour de son camp, notamment avec l’aide de Molly Ann Wickham, une militante wet’suwet’en impliquée dans la contestation du projet de gazoduc Coastal GasLink de TC Energy.

Un autobus scolaire vert et jaune dans la forêt.

Avant d'avoir sa mini-maison, Teresa Brown logeait dans cet ancien autobus scolaire aménagé.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Molly Ann Wickhamfait face à la justice avec d’autres militants pour outrage criminel après avoir enfreint une injonction de justice.

L’idée d’installer des mini-maisons sur les territoires autochtones visés par de gros projets de l’industrie extractive s’est d’ailleurs développée en 2018 avec l’organisme Tiny House Warriors pour s’opposer au projet de TC Energy.

En plus de répondre à la crise du logement qui frappe de nombreuses communautés au pays, la construction de ces mini-maisons mobiles permet de montrer que les Autochtones occupent toujours le territoire.

Une femme est assise dans sa mini-maison.

Teresa Brown s'oppose vivement au projet de gazoduc qui doit passer sur son territoire.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Des impacts à long terme

Cette aînée craint que ce projet ait des conséquences considérables et déplore l'appât du gain au détriment de la protection de l'environnement.

Ce que nous avons à perdre n’a pas de prix. Nous allons tous nous lever. Cela va devenir le projet [celui de PRGT, NDLR] le plus coûteux qu'ils aient jamais tenté de réaliser.

Du pétrole, ça ne se mange pas. Et il s’agit non seulement de nous mais aussi des générations futures. Nos dirigeants n’arrivent même pas à obtenir de l’argent pour une seule génération, et là, on nous parle de construire ce pipeline pour obtenir de l’argent? lance-t-elle tout en continuant de câliner ses chiens.

Comme tous ceux qui s’opposent au projet de gazoduc, Teresa rappelle qu’il est préjudiciable à tout ce qui se trouve ici. Cela va toucher plusieurs cours d’eau, cela aura un impact sur notre sécurité alimentaire.

Teresa se nourrit de poisson, de cerf, d’original ou encore de tétras. Elle ajoute que la Colombie-Britannique subit des épisodes de sécheresse.

D’après le gouvernement de la Colombie-Britannique, à la fin du mois de juillet, la région où se trouve Teresa – la région de Skeena-Nass – a subi une sécheresse anormale.

Une grosse quantité d’eau sera en effet nécessaire pour refroidir le gaz transformé à l'état liquide.

Un panneau porte le dessin d'un saumon en bonne santé et d'un autre saumon malade ainsi que la mention « pas de pipeline » en dessous.

Plusieurs panneaux de ce genre bordent la route qui mène à Kispiox.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Teresa évoque aussi tous les travaux, notamment de déboisement, qui devront être faits pour que le gazoduc puisse se frayer un chemin.

J’ai été horrifiée de les voir passer avec des bulldozers à travers les herbiers, dit-elle en précisant que les vestiges d’une maison longue se trouvent aussi sur le tracé.

Comme beaucoup de militants autochtones qui défendent l’environnement, Teresa estime que tout est lié dans la nature et que les impacts auront un effet domino sur la faune et la flore.

Il y a des gens qui viennent du monde entier pour découvrir ce que nous avons ici. Et tout ce que [les promoteurs du projet] veulent, c'est détruire tout ça.

Comme le Parti vert de la Colombie-Britannique, elle souligne aussi que le gazoduc est en partie financé par la société américaine de capital-investissement Blackstone.

Son président-directeur général et cofondateur a notamment été un des conseillers économiques de Donald Trump durant son premier mandat.

Des pancartes qui portent des messages d'opposition au projet de gazoduc sont plantées dans le gazon.

Dans la ville de Hazelton, non loin du tracé proposé, des résidents affichent leur opposition au projet.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

L’aînée raconte qu’elle a déjà été intimidée par des gens qui soutiennent ce projet, mais rien ne l’ébranle, pas même la décision de certains chefs héréditaires gitxans. Ces derniers ont signé des ententes avec le consortium du projet et avec la province en 2014.

Ces accords prévoyaient un financement et étaient assortis de garanties en matière de protection de l'environnement et de respect des droits des peuples autochtones.

Toutefois, l'unité gitxan vacille. Les chefs héréditaires de Gitanyow, une des communautés gitxan, s’opposent fermement au projet.

Un drapeau avec une femme représentée de profil.

Malgré les actes d'intimidation, Teresa Brown ne compte pas quitter son territoire.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Au-delà de l’environnement, l'aînée craint que les camps d'ouvriers, ces endroits montés de toutes pièces pour accueillir les travailleurs, nuisent au bien-être des communautés environnantes.

Une étude du Comité de la condition féminine a démontré que leur présence entraîne une hausse des violences envers les femmes autochtones dans un rapport publié en 2022.

Mais Teresa n’a peur de personne, et surtout pas de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Un chien de couleur beige est assis sur un terrain entouré d'arbres.

Teresa Brown accueille une dizaine de chiens abandonnés dans son sanctuaire, comme celui-ci, appelé Violet.

Photo : Radio-Canada / Delphine Jung

Lors d’autres revendications territoriales de ce type, elle est intervenue, notamment avec son groupe d’intervention pour la sécurité de la collectivité et de l’industrie, spécialement mandatée lors d’entraves aux projets d’exploitation des ressources naturelles dans la province.

D'ailleurs, des gens qui soutiennent ce projet l’ont déjà intimidée.

Elle assure qu’avant d’arriver à son camp, ils devront traverser d’autres territoires défendus par les Gitxan. Les chefs feront aussi barrage, promet-elle.

De plus, le projet est contesté par les Lax Kw’alaams, établis au nord de Prince Rupert, et par les chefs héréditaires ts’mysen, dont les communautés s’étendent autour des villes de Terrace (à une heure et demie à l'est de Prince Rupert) et de Prince Rupert.

Teresa vit seule dans la forêt avec ses dix chiens, mais elle peut compter sur de nombreux autres soutiens partout en Colombie-Britannique.

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