Autant le dire tout de go: La Maison vide de Laurent Mauvignier est l’une des réussites les plus saisissantes de cette rentrée littéraire. Les explorations familiales, les excursions dans les lignées, les rencontres avec les ancêtres dominent cet automne d’une façon si prégnante parmi les parutions que l’on ne peut s’empêcher d’y voir, plus qu’un besoin de repli face à un présent qui se dérobe, la volonté bien au contraire de regarder les temps actuels, tous yeux ouverts. Remonter aux sources, sous la plume des écrivains, voulant dire cheminer jusqu’aux racines de violences qui se répandent et se transmettent, tel un cours d’eau de plus en plus impétueux.

On le sait d’ailleurs, les phrases de Laurent Mauvignier courent, emportent, tel un flux. Dans Des Hommes, il abordait déjà les blessures persistantes des guerres, en l’occurrence celles de la guerre d’Algérie, d’autant plus purulentes qu’elles sont entourées de mensonges et de médailles. Dans La Maison vide, ce sont les deux guerres mondiales qui traversent les générations, telles des bourrasques qui défigurent et laminent les êtres et les familles. C’est aussi l’autre grande guerre, l’autre source de violence et de domination, celle du patriarcat toutes voiles dehors du XIXe siècle finissant qui se maintient, décennies après décennies.

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