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Ces dernières semaines, des milliers d’oies blanches s’arrêtent devant Rimouski, profitant d’un doux repos sur l’estuaire du Saint-Laurent avant de poursuivre leur migration vers le sud. Ces oiseaux peuvent observer les automobiles qui défilent vite sur la route 132, de même que les quelques citoyens qui marchent sur la promenade en bord de mer, bien emmitouflés.
Et les oies voient aussi quelques pancartes électorales qui battent au vent. Ici, la course municipale oppose le maire sortant, Guy Caron, en poste depuis 2021, ex-député du Nouveau Parti démocratique — qui se décrit comme un maire « de la nouvelle tendance progressiste » —, à deux candidats de plus faible notoriété : Sébastien Bolduc, un conseiller municipal passionné de sport ; et Sébastien Cyr, un travailleur autonome de l’informatique, néophyte de politique.
Principale ville du Bas-Saint-Laurent, avec 52 000 personnes, Rimouski connaît cette année un boom de construction résidentielle. Là où la pénurie de logements était parmi les plus sévères au Québec (0,2 % d’inoccupation du parc locatif en 2021), on voit maintenant 1200 appartements en chantier, ou qui viennent d’être livrés. Même si la crise n’est pas encore résorbée et que le prix des loyers demeure salé, tout le monde s’entend pour dire que l’administration Caron a joué un grand rôle pour donner cette impulsion.
« C’est ma grande fierté ! » affirme Guy Caron, interviewé par Le Devoir dans un café de la rue Saint-Germain. Les trois quarts de ceux-ci appartiennent à des programmes de logement social ou abordable, fait-il remarquer. Quand les chantiers seront achevés, 20 % du parc locatif de Rimouski sera donc « hors marché » — une cible que se donnent de nombreuses Villes au Québec pour juguler leurs problèmes d’habitation, mais que très peu, voire aucune, n’atteignent.
Pour en arriver là, l’Hôtel de Ville a débloqué 48 millions de dollars, quand on additionne les terrains donnés à des OBNL d’habitation, les crédits d’impôt foncier (étalés sur 35 ans grâce à un nouveau règlement) et les contributions en argent. À ces efforts se sont ajoutés les subventions des autres gouvernements et le dynamisme des promoteurs, comme la Société de développement Angus, qui bâtit un complexe de 328 logements sur dix étages en bordure du fleuve.
De nouveaux enjeux
Rimouski devient ainsi un « laboratoire » en matière de logement, estime Alain Bouliane, directeur de l’Office municipal d’habitation de Rimouski. « Ce serait irréaliste de penser qu’on va poursuivre le développement résidentiel à la même cadence », avertit-il. Les enjeux se transforment : la Ville doit maintenant veiller à « maximiser » le potentiel des nouveaux complexes de logements, à les rendre accessibles en transport collectif et actif et à s’assurer que les infrastructures (aqueducs, égouts) répondent à la demande.
M. Caron est d’accord. La plupart des infrastructures souterraines ont été bâties après le grand feu de 1950 qui a rasé le tiers de Rimouski. Elles sont maintenant vieillissantes. Pour financer leur réfection, et ajouter un système d’égout pluvial pour canaliser les averses extrêmes qui deviennent plus fréquentes, le maire sortant propose d’imposer une nouvelle taxe sur les grands espaces minéralisés non résidentiels (1000 m2 et plus), comme Saint-Hyacinthe.
« Ça me préoccupe quand j’entends M. Caron proposer de nouvelles taxes », rétorque Sébastien Bolduc, qui promet plutôt de « faire le ménage » dans les dépenses de la Ville. « J’arrive avec une vision assez rationnelle, assez économique, une gestion que je qualifierais d’efficiente », explique M. Bolduc au Devoir. Le candidat s’inquiète de voir le nombre d’employés municipaux augmenter plus vite que dans d’autres villes comparables. L’aspirant maire voudrait plutôt rehausser les subventions aux organismes sportifs, « les poumons de la communauté ».
Le développement économique est un autre chantier qui semble faire suite, naturellement, au redressement en matière de logement. Le milieu d’affaires est quelque peu désorienté, avec la faillite de la Société de promotion économique de Rimouski l’an dernier. Et depuis 2022, le traversier vers Forestville, sur la Côte-Nord, est immobilisé. Tous les candidats espèrent une relance et, s’ils sont élus maire, comptent soutenir le promoteur privé qui pilotera la traverse.
Le troisième aspirant, Sébastien Cyr, est, comme M. Bolduc, partisan d’une plus grande rigueur budgétaire. Il perçoit des « insatisfactions » dans la population, notamment en ce qui concerne les services directs aux citoyens et le coût des grands projets, comme le futur complexe multisport, dont la facture s’élèvera à plus de 20 millions de dollars. En matière de transport, il promet d’étendre le service d’autobus jusqu’à Pointe-au-Père, à l’extrémité aval de la ville.
Avec l’arrivée du magasin Costco en août, la revitalisation du centre-ville figure aussi parmi les enjeux électoraux. M. Caron veut convertir la place des Anciens-Combattants, très centrale, en une « place publique animée ». Les 140 cases de stationnement avec vue imprenable sur le fleuve seraient éliminées. Ses deux opposants s’inquiètent de ce retrait de bitume, craignant un obstacle au magasinage. De plus, un débat bat son plein sur l’allongement de la période de gratuité des parcomètres du centre-ville afin d’attirer la clientèle.
« J’entendais ça, et je me sentais dans les années 1990 ! On est encore en train de faire de la place à l’auto solo, alors qu’on devrait changer de paradigme », réagit la médecin rimouskoise Dominique Bourassa, membre de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement. Pour elle, déployer le système d’autobus d’un bout à l’autre de la ville, du Bic à Pointe-au-Père, serait « un minimum ». Quant au centre-ville, il faudrait le verdir et le rendre plus agréable pour les piétons et les cyclistes.
Ces transformations — demandées, promises, attendues — sont peut-être les symptômes d’une municipalité qui grandit. « Rimouski est une ville qui devient une ville », expliquait récemment Marina Soubirou, une conseillère stratégique à la mairie, citée par le journal local Le Soir. Qui pilotera ce nouveau chapitre, alors que la pénurie de logements va enfin s’atténuer ? Les oies des neiges auront une réponse le 2 novembre — à moins qu’elles ne soient déjà au chaud !
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