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NDLR : Le 1er mai dernier, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a annoncé une série de mesures visant à améliorer le civisme et à contrer l’intimidation dans les écoles de la province. L’Express est allé à la rencontre de quelques élèves de l’école secondaire du Bosquet pour connaitre leur opinion sur deux mesures en particulier : l’interdiction complète du cellulaire à l’école et le vouvoiement obligatoire.
VOUVOIEMENT. Tous les élèves devront s’adresser aux adultes et au personnel scolaire en utilisant les termes «Monsieur» ou «Madame» dès l’hiver prochain. Le but de cette mesure, qui devra être intégrée aux codes de vie des établissements scolaires au plus tard en janvier 2026, est de renforcer le respect et le civisme dans les écoles du Québec.
L’enseignant en univers social et responsable du programme particulier Culture, sciences humaines et multimédias à l’école secondaire du Bosquet, Ugo Martin, utilise le tutoiement avec ses élèves de 3e et 5e secondaires. Ils l’appellent par son prénom lorsqu’ils s’adressent à lui.
Lors de la rencontre de l’auteur de ces lignes avec quelques-uns de ses élèves, le 27 mai dernier, il était question de savoir ce qu’ils pensent du fait qu’ils devront vouvoyer tous leurs enseignants dès l’hiver prochain.
À main levée, on demande combien d’entre eux dans chaque groupe utilisent le vouvoiement au quotidien. Pour les secondaires 5, sur les 11 présents, plus de la moitié ont levé la main. Pour les secondaires 3, sur la vingtaine d’élèves assis dans la classe, moins de la moitié répondent par l’affirmative.

La plupart déclarent que c’est une habitude qui leur a été transmise dès leur plus jeune âge comme l’élève de secondaire 3, Alex Tremblay. «Pour moi, [cette mesure] ne change pas grand-chose. Depuis que je suis au primaire, j’ai toujours appelé mes profs “Monsieur” ou “Madame” parce que je trouve que c’est juste plus respectueux», explique-t-il.
Pourtant, cette pratique ne garantira pas un gage de respect envers le personnel de l’école, selon certains jeunes interrogés. C’est ce que pense l’élève de 5e secondaire originaire de Laval, Trystan Bernard.
«À mon ancienne école, il fallait beaucoup vouvoyer et je n’ai jamais perdu cette habitude-là. Pourtant, beaucoup d’élèves insultaient les profs aussi. Ils n’ont pas un très bon comportement, même s’ils les vouvoient», estime-t-il.
Créer une distance
Pour certains jeunes ayant grandi dans d’autres pays, la relation entre les élèves et l’enseignant n’est pas la même qu’au Québec. Originaires respectivement du Congo et du Cameroun, Ryanna Sangara Wando et Crystal Royce Modjo Nomembo ont eu un léger choc culturel en débutant leurs études à Drummondville.
«Le Congo, c’est un pays où les profs n’ont pas cette relation amicale avec les élèves. C’est vraiment qu’ils font le cours et ça s’arrête là. Et j’avais l’habitude de vouvoyer tous mes profs», raconte Ryanna.
«Quand je suis arrivée ici, il y a [des enseignants] qui me disaient “Mais pourquoi me vouvoies-tu? Ça me rend vieux. Tutoie-moi”. J’ai perdu cette habitude, mais je trouve quand même que c’est important [de vouvoyer les gens] parce que j’ai vu beaucoup d’élèves qui manquaient de respect envers les profs par habitude de les tutoyer ou de leur parler comme des membres de leur famille», précise la jeune femme d’origine congolaise.

«Je viens du Cameroun et j’ai étudié en Angleterre. Nous vouvoyions nos profs et ça l’a toujours été une habitude pour moi de les vouvoyer. Qu’ils le veuillent ou non, c’est un signe de respect de vouvoyer les gens», relate Crystal.
«D’après ce que j’ai vu, je trouve que la plupart des élèves au Québec ont un manque de respect envers les profs. Donc, je trouve que le vouvoiement [obligatoire] va instaurer un signe de respect qui n’est pas là. Même si ce n’est pas un signe de respect total, c’est déjà un début», pense-t-elle.
Pour leur enseignant, Ugo Martin, la future mesure du ministre Drainville est intéressante sur certains points. Le vouvoiement peut apporter une certaine dose de respect pour un nouvel enseignant de la part de ses élèves, selon lui.
«Ça donne un certain statut. Le jeune va grandir dans un monde d’adultes où l’on respecte son supérieur, souvent avec le “Monsieur” et “Madame”, et je pense que c’est un exercice qui n’est pas mauvais», croit-il.
Toutefois, il estime que cette mesure sera plus difficile à implanter que celle concernant l’interdiction du cellulaire à l’école. «Ça va être plus dur parce que ce n’est vraiment pas une habitude [ancrée] chez les jeunes du secondaire. Je ne sais même pas s’ils devront m’appeler M. Martin ou M. Ugo», fait remarquer l’enseignant.
Une décision facile
De son côté, l’annonce du vouvoiement obligatoire au plus tard en janvier 2026 a laissé le professeur en psychopédagogie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Carl Beaudoin, un peu perplexe. L’unique application de cette mesure n’amènera pas nécessairement plus de respect dans la classe ou dans la relation entre l’enseignant et ses élèves, selon lui.
«Je constate tout de même que c’est un moyen peu coûteux pour le ministre et qui donne quand même un bon effet pour le public. Il montre sa préoccupation et que quelque chose a été fait. Or, cette mesure n’est pas suffisante», juge-t-il.
M. Beaudoin considère qu’il est important d’enseigner le respect aux jeunes, et ce dès le plus jeune grade de scolarité, même si les parents ont aussi leur rôle à jouer dans cet apprentissage. «L’élève est quand même dans une position de dépendance vis-à-vis l’enseignant et il doit un peu reconnaitre cette responsabilité que l’adulte a envers lui, et donc, l’importance de le respecter.»
Il est également important de faire comprendre aux élèves du secondaire qu’ils ne peuvent pas tenir le même discours avec leurs amis qu’avec le personnel enseignant, selon le professeur de l’UQTR.
«Ça ne nous empêche pas de tout de même développer une relation enseignant-élève positive ou chaleureuse qui permet au jeune de bien se sentir et de bien évoluer le développement de ses habiletés sociales à l’école. Ça fait partie des compétences communicationnelles qui doivent être développées et qui sont rattachées à l’apprentissage du respect», conclut Carl Beaudoin.