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DÉCRYPTAGE - L’interdiction de fumer dans les lieux publics extérieurs était attendue par les associations de lutte contre le tabagisme et suscitait par avance une large adhésion du public. Mais les terrasses de café ne sont pas concernées.
La mesure était demandée par les associations de lutte contre le tabagisme. À la veille de la journée sans tabac, la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a annoncé qu’il sera bientôt interdit de fumer sur les plages, dans les parcs et jardins publics, aux abords des crèches, écoles, collèges, lycées, bibliothèques, équipements sportifs, ainsi que sous les abribus. « Là où il y a des enfants », a résumé la ministre dans une interview donnée à Ouest France, indiquant son intention de faire des jeunes qui naissent aujourd’hui « une génération sans tabac ». L’interdiction doit entrer en vigueur le 1er juillet.
Avec cette annonce promise il y a deux ans, le gouvernement généralise en fait une mesure déjà largement mise en œuvre sur le territoire. Des milliers de communes ont en effet instauré ces dernières années par arrêté municipal des espaces sans tabac - plages, parcs, bois, abords d’écoles, terrasses ouvertes de restaurants… 7 000 zones de ce type sont labellisées par la Ligue contre le cancer. Les enquêtes montrent que ces initiatives locales suscitent un soutien grandissant du public. Dans un sondage réalisé en avril par l’association de malades, 78% des personnes interrogées déclaraient vouloir étendre l’interdiction de fumer à de nouveaux lieux publics.
Les conditions d’application de l’interdiction doivent encore être définies dans un décret, en cours de finalisation avec le Conseil d’État. L’idée est de « préserver une flexibilité » dans la définition du périmètre par les collectivités, précise le ministère de la Santé. Le fait de fumer dans les zones concernées sera passible d’une amende de 135 €. Les polices municipales et judiciaire seront chargées de faire respecter la nouvelle règle. « Je crois beaucoup à l’autorégulation de nos concitoyens, (…) qui comprennent l’intérêt de cette mesure de santé publique », a cependant souligné la ministre, tout en excluant à ce stade les terrasses extérieures des cafés et restaurants du dispositif. Une campagne de communication sera prochainement lancée, et des outils de signalétique mis à disposition des communes sur un site Internet dédié.
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« Bannir la cigarette des lieux publics est un très bon moyen de réduire l’exposition au tabagisme passif dont on sait aujourd’hui qu’il peut aussi être important à l’extérieur », salue Emmanuelle Béguinot, directrice du Comité national contre le tabagisme (CNCT), qui recommandait le durcissement de la loi dans un livre blanc publié en 2023. La règle a aussi pour effet vertueux de « combattre l’attractivité du tabac auprès des jeunes en le dénormalisant » et de « réduire le risque de rechute chez les anciens fumeurs ». Elle permettra enfin de limiter la pollution créée par les mégots, dont 20 000 tonnes sont abandonnées dans les rues chaque année.
L’interdiction ne concernera pas le vapotage. Catherine Vautrin a indiqué travailler à la diminution des concentrations de nicotine et à l’interdiction des arômes les plus attrayants pour les jeunes dans les cigarettes électroniques. Ces produits génèrent, selon elle, « une addiction et sont une porte d’entrée vers le tabac ». Cette décision, qui doit être notifiée à l’Union européenne, n’entrera pas en vigueur avant le deuxième trimestre 2026.
Une piste que déplorent les professionnels de santé spécialisés dans les addictions. « Les études scientifiques montrent que la vapoteuse est aujourd’hui le premier produit de sortie du tabagisme, remarque le Pr Bertrand Dautzenberg, tabacologue à l’Institut Arthur Vernes, à Paris. Réduire le dosage maximal de 20 mg/ml nuira au sevrage des gros fumeurs. Ce, alors que des pays comme les États-Unis, où les concentrations de nicotine dans les vapoteuses sont très élevées, ont quasiment réussi à éliminer le tabagisme chez les adolescents ». Tout l’enjeu sera de trouver le « juste équilibre » entre dosage nécessaire au sevrage et lutte contre la dépendance, indique de son côté le ministère de la Santé, qui précise étudier la question avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Même si le phénomène est moins marqué qu’aux États-Unis, le nombre de jeunes fumeurs français baisse. Chez les collégiens, l’expérimentation de la cigarette a diminué de moitié entre 2018 et 2022. Et si plus de 6% des lycéens fument quotidiennement, ce taux a été divisé par trois sur la même période, selon l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Au CNCT, Emmanuelle Béguinot regrette cependant « l’absence de mesures complémentaires sur la fiscalité ou sur l’aide au sevrage ». « L’extension des espaces sans tabac est certes nécessaire et bénéficie d’un soutien populaire, dit-elle, mais cela ne sera pas suffisant pour parvenir à une génération sans tabac. »