MUNICIPALITÉ. La Municipalité de Saint-Bonaventure poursuit le processus qui doit mener à l’implantation d’un réseau d’aqueduc dans son cœur villageois. L’option de se raccorder à Drummondville est la plus viable selon le conseil municipal.

Le projet de doter la municipalité d’un réseau d’aqueduc est dans les cartons depuis un bon moment déjà. Une étude de faisabilité, commandée à la fin de 2022, a retenu trois options qui étaient le raccordement au réseau drummondvillois, l’aménagement d’un puits municipal souterrain et la construction d’une prise d’eau dans la rivière Saint-François.

L’objectif est de donner accès à quelque 240 immeubles à ce réseau d’eau potable, dont près de 170 se trouvent dans le périmètre urbain. À l’heure actuelle, ce sont des puits privés qui fournissent l’eau aux résidents.

Guy Lavoie, maire de Saint-Bonaventure. (Photo : archives, Louis-Philippe Samson)

«Tout le monde a de l’eau dans le village, mais personne n’a de la bonne eau. Elle est dégueulasse, déplore le maire Guy Lavoie. Ça se compte probablement sur les doigts d’une main ceux qui ont de la belle eau. Les gens ont tous des systèmes, de quelques milliers de dollars, pour avoir de l’eau qui est potable.»

Cependant, un tel projet vient avec une facture énorme pour cette municipalité d’un peu plus de 1 000 habitants. Une première estimation prévoyait que les coûts pourraient excéder les 13 millions de dollars afin d’intégrer Saint-Bonaventure au réseau de Drummondville. Cependant, des programmes d’aide financière gouvernementaux sont à la portée de la Municipalité afin d’amoindrir sa charge monétaire.

«C’est sûr que les coûts pour un aqueduc ne seront pas donnés. Aussi, plus on attend, plus ça coûtera cher. C’est possible, qu’à la fin, on décide de ne pas aller de l’avant parce que le prix est trop élevé. D’un autre côté, on ne peut pas rater une occasion de le faire», pondère le maire.

Dans les circonstances actuelles, l’obtention de fonds du Programme d’infrastructures municipales d’eau (PRIMEAU) n’est pas garantie, selon le maire. La Municipalité est à la merci des fonds disponibles auprès du gouvernement québécois. Le PRIMEAU pourrait couvrir environ 80 % de la facture du projet. Une étude plus approfondie, afin de préciser le coût réel de l’implantation d’un réseau d’aqueduc branché à Drummondville, doit être réalisée prochainement. Celle-ci sera financée entièrement par les fonds issus du programme de transfert pour les infrastructures d’eau et collectives du Québec (TECQ).

Le maire fait savoir qu’une entente de principe avec Drummondville a été obtenue. Le conseil municipal est unanime comme quoi c’est une occasion à ne pas laisser passer. M. Lavoie souhaite qu’un document l’officialisant soit ratifié par les deux Municipalités avant les élections municipales de novembre prochain.

Le projet pourrait se concrétiser dans un horizon d’un minimum de cinq ans, ou même plus, selon le maire.

Consultation publique

Saint-Bonaventure a mené deux séances de consultation publique, ce printemps, afin d’exposer à ses citoyens le résultat de l’étude et l’option préférée par le conseil municipal. Celui-ci a écarté le plan de construire une prise d’eau à la rivière Saint-François, qui nécessiterait une usine de traitement, en raison des coûts énormes associés. L’autre scénario impliquant de creuser un puits municipal n’a pas été retenu puisqu’il existe trop d’incertitudes quant à la qualité de l’eau, même hors du cœur villageois, et qui demanderait aussi la construction d’une usine de traitement qui aurait demandé l’embauche d’employés municipaux supplémentaires.

«Lors de la première rencontre, les gens qui s’opposent le plus au projet étaient présents en grand nombre. Pour la deuxième, on était plus préparé aux questions des citoyens et on avait plus de réponses à donner. Sinon, le prix était la principale inquiétude des citoyens», rapporte M. Lavoie.

Cependant, ce dernier se désole que certaines personnes aient profité de ces séances pour propager de fausses informations. «Quelques citoyens ont essayé de faire croire qu’il y aurait de l’arsenic dans l’eau de Drummondville. C’est une affirmation qui n’a pas d’allure. La Ville ne ferait pas boire de l’arsenic à plus de 80 000 personnes. On dirait qu’il y en a qui sont contre tout ce que la ville fait», critique le maire Lavoie.

Celui-ci a aussi voulu rassurer les citoyens sceptiques quant à l’influence d’un réseau d’aqueduc sur la valeur de leur maison. Il a cité l’exemple d’un terrain vacant qui doublerait de valeur s’il avait accès à cette infrastructure.

Si le projet suit son cours prévu, une fois l’étude approfondie terminée, Saint-Bonaventure devra attendre la réponse du financement du PRIMEAU. Par la suite, il sera possible de faire produire les plans et devis estimés à environ 600 000 $. Cependant, seuls les travaux réalisés dans le périmètre urbain de la municipalité sont admissibles au PRIMEAU. Ainsi, le raccordement au réseau drummondvillois, par Saint-Majorique, devra être financé par les deux municipalités puisque cette dernière en profiterait pour raccorder les immeubles en bordure de la route 143.

«Saint-Majorique attend notre décision pour aller de l’avant de son côté. On travaille pour que ça avance, mais on est encore loin de creuser. On veut négocier avec Saint-Majorique pour séparer les coûts», dit Guy Lavoie.

Par ailleurs, l’implantation de l’aqueduc entraînera des répercussions sur le développement résidentiel de Saint-Bonaventure. La Municipalité a fait l’acquisition de terrains derrière son bureau municipal en 2023 dans cet objectif. Cependant, sans aqueduc, seulement 15 lots pourraient être développés comparativement à 30 avec un réseau. La Municipalité a mis sur pause ce projet afin de régler la question de l’aqueduc d’abord.