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Gaza. Arrestations arbitraires, violences, prises en filature. Voilà, au mois de juin dernier, le sort que les autorités égyptiennes ont réservé aux participant·es à la Global March to Gaza (Marche mondiale vers Gaza) initiative humanitaire portée par la société civile pour tenter de venir en aide aux Gazaouis. Parmi les personnes mobilisées, Meriem Hadjal, militante […]
Gaza. Arrestations arbitraires, violences, prises en filature. Voilà, au mois de juin dernier, le sort que les autorités égyptiennes ont réservé aux participant·es à la Global March to Gaza (Marche mondiale vers Gaza) initiative humanitaire portée par la société civile pour tenter de venir en aide aux Gazaouis. Parmi les personnes mobilisées, Meriem Hadjal, militante de la France insoumise, qui a eu le courage de se mettre en danger pour tenter d’obtenir l’ouverture du terminal de Rafah, et pour acheminer de l’aide humanitaire aux martyrs de Gaza. L’Insoumission relaie ici son témoignage.
« Ma participation à la Global March to Gaza » – Le récit de Meriem HADJAL
Le 12 juin 2025 fut une date historique. Plus de 4 000 personnes venues du monde entier se sont données rendez-vous au Caire pour une action inédite et solidaire avec le peuple palestinien. Le but : marcher vers Gaza et atteindre Rafah, point de frontière entre l’Égypte et la Palestine, afin de briser le blocus sur Gaza et d’exiger l’ouverture d’un corridor permettant l’acheminement de camions humanitaires.
En effet, depuis mars 2025, Israël utilise la famine comme arme de guerre dans le génocide qui se déroule sous nos yeux depuis plus de 20 mois. Une famine qui a déjà coûté la vie à de nombreux enfants et qui met en danger la vie de centaines de milliers d’autres.
Pour aller plus loin : À Gaza, l’armée de Netanyahu confisque systématiquement le lait en poudre pour affamer les enfants
Cette action s’est déroulée en parallèle de celle de la Flotille de la Liberté. Une Flotille sur laquelle se trouvait notamment Greta Thunberg militante et activiste suédoise connue pour ses prises de position sur l’écologie, et Rima Hassan, députée européenne originaire de Palestine dont la famille s’est vue chassée de ses terres en 1948. Leur but fut exactement le même que les peuples du monde entier qui se sont soulevés et organisés pour faire ce que les gouvernements ne font pas.
Je m’appelle Meriem et je milite pour que justice soit rendue au peuple palestinien depuis le début du génocide. Au sein d’un collectif citoyen, je manifeste chaque week-end pour porter la voix de celles et ceux qu’on veut réduire au silence, et mène des actions de boycott et de sensibilisation auprès de la population afin de faire prendre conscience des atrocités que subit le peuple palestinien depuis plus de 76 ans dans l’indifférence totale de la communauté internationale. Enfin, pour appuyer mon combat, je me suis engagée au sein de la France insoumise, seul mouvement politique qui s’est placé du bon côté de l’histoire dès le début.
Croyant fermement à la pression populaire, ma participation au mouvement Global March To Gaza sonnait plus qu’une évidence. Voici ce que j’ai vécu.

Capture d’écran. Source : UNRWA.
L’arrivée en Égypte
Sur la route de l’aéroport le 11 juin, jour de mon départ, je reçois l’appel d’une amie active dans une association humanitaire qui m’informe des répressions policières et des violences que subissent les marcheur·euses. Le Président de son association s’est joint au mouvement mais a décidé de partir pour l’Égypte 2 jours plus tôt afin de pouvoir prendre ses marques. Celui-ci s’est vu interpellé violemment et arrêté dans sa chambre d’hôtel dans la nuit du 9 au 10 juin à 3 heures du matin.
Il a été immédiatement envoyé à l’aéroport puis mis en détention dans ce que les autorités égyptiennes appellent « l’espace de quarantaine », sans boire ni manger pendant plus de 24 heures avant d’être embarqué dans un fourgon policier et mis dans un avion pour la France. Ce fût le traitement réservé à toustes les marcheur·euses cette nuit là. Malgré les mises en garde de mon amie, j’ai décidé de continuer et de prendre mon vol pour le Caire.
Avant d’arriver en Égypte, mes 2 camarades, que je nommerai Anna et Isobel, et moi, avons fait escale durant 7 heures et demi à l’aéroport d’Istanbul où notre responsable de délégation nous a ordonné par SMS d’abandonner notre hôtel, désormais sous surveillance policière. Par chance, le frère d’Anna, que je nommerai Farouk, résidait au Caire, et c’est donc chez lui que nous nous sommes réfugiés. Je tiens particulièrement à le remercier d’avoir partagé les risques avec nous, et ce parfois malgré lui.
Je suis arrivée au Caire dans la nuit du 11 au 12 juin à 2 heures du matin. Il y avait du monde à l’aéroport. Dès le premier contrôle, on me confisque mon passeport. Les douaniers m’ordonnent de patienter avec mes camarades et le reste des membres de l’avion dans un de ces fameux « espaces de quarantaine ». Je refuse et décide de rester au milieu de l’aéroport avec les autres.
En regardant les passagers de mon vol, je réalise que nous n’étions que des marcheur·euses mais je décide le coeur serré de jouer les touristes. Soudain, j’entends dans le fond des slogans arabes dénonçant le génocide en cours à Gaza, et mettant à l’honneur le courage et la bravoure du peuple palestinien. Je comprends que des marcheur·euses ont été démasqué·es. Les larmes me montent. Je ne sais pas à ce moment-là ce qu’il en sera de nous mais mon cœur n’avait qu’une seule envie c’était de les rejoindre dans leur manifestation qui résonnait à travers tout l’aéroport, et qui en a ému plus d’un·e d’entre nous.
Une heure s’est écoulée, et toujours pas de passeport rendu. Nous faisions mine de ne pas comprendre pourquoi nous étions mis à part et dans l’attente sans aucune explication. Une seule question revenait sans cesse lorsque nous questionnions les autorités sur la situation : quelle est votre origine ? Nous avons en effet constaté une différence de traitement entre les passagers occidentaux qui récupéraient plus vite leur passeport et celles et ceux ayant des origines arabes.
Au bout de 2 heures et demi d’attente, de stress, de fatigue et d’angoisse à l’idée d’être remis dans un avion pour la France, nos passeports nous sont rendus.
Mais le calvaire ne s’arrête pas là. Au dernier point de contrôle, 5 agents de la sûreté intérieure nous interpellent. Nos bagages sont fouillés de fond en comble et l’interrogatoire se transforme en harcèlement lorsqu’ils constatent que des sacs de couchages et de randonnée sont dissimulés dans nos valises. Le seul espoir que nous avions à ce moment-là c’est Farouk, le frère bien placé d’Anna.
Farouk réside au Caire avec sa femme et ses enfants depuis plusieurs années, et occupe un poste de fonctionnaire à haute responsabilité en lien étroit avec le gouvernement Sisi. Grâce à lui et ses relations, nous avons pu sortir de l’aéroport, mais à cet instant il n’avait pas conscience des risques que nous allions partager.
Le rendez-vous du 13
Il était convenu de nous retrouver toustes devant l’hôtel Niles X, proche de la Tour du Caire en plein centre, pour un départ en bus spécialement affrété pour les marcheur·euses, le 13 juin à 6 heures et demi du matin. Le but était de nous rendre à Al Arish, capitale du gouvernorat égyptien du Sinaï du Nord qui se veut être aujourd’hui une station balnéaire composée de plus de 144 900 habitants, et située à 50 kilomètres de Rafah. C’est de Al Arish que nous devions débuter la marche.
Ce rendez-vous fut annulé en raison de la présence policière autour et dans les hôtels. C’est donc par nos propres moyens que nous devions nous rendre à Ismaïlia, une autre ville à 116 km du Nouveau Caire (là où nous résidions), et à 200 km au sud de Al Arish. Le départ fut fixé à midi.
Pour aller plus loin : Point de situation hebdomadaire sur le génocide à Gaza – 26 juin 2025
Comme nous logions chez Farouk, c’est lui qui a tenté de nous y conduire. « Tenté » je dis bien car au péage de l’autoroute de la nouvelle ville d’El Shorouk, située à 52 km du Nouveau Caire, un barrage de policiers armés jusqu’aux dents nous attendait. Nous avons été arrêtés juste devant une voiture de police qui barrait la route.
Un des policiers s’est approché du véhicule et a demandé les papiers d’identité de Anna et Farouk. À ce jour, je ne sais toujours pas par quel miracle ce dernier ne nous a pas vu Isobel et moi assises à l’arrière du véhicule. Ayant constaté le passeport étranger de Anna, le policier a exigé immédiatement qu’elle descende du véhicule et le suive à un point précis, avant de lui ordonner de retourner à la voiture pour récupérer ses affaires. Nous avions dissimulé nos sacs de randonnée, ce qui lui a permis de ne prendre que ses effets personnels et de se fondre dans la masse.
Car à cet instant, et au fur à mesure des heures caniculaires qui passaient, je voyais autour de moi de plus en plus de Uber et de taxis arrêtés, et les passagers embarqués par la police. De mon côté, je suis restée cachée pour éviter de graves ennuis à Farouk qui faisait jouer ses relations pour la sortir de cette situation.
5 heures cachée à l’arrière d’une voiture
5 heures… 5 heures cachées à l’arrière d’une voiture en plein soleil, sans eau ni climatisation. Depuis ma vitre teintée, j’observais avec une frustration immense de ne pas pouvoir rejoindre toustes ces marcheur·euses de tout âge et de toute origine, uni·es et solidaires, regroupé·es sous un soleil de plomb, sans eau ni nourriture également, et à peine abrité·es sous le préau de la station service. Des bus ont été affrétés pour les embarquer de force et je les admirais résister à la répression et à l’injustice. De notre côté, nous avons profité que les barrières soient ouvertes pour nous extirper de cette masse de véhicules stationnés et nous mettre à l’abri.
Nous ne savions pas encore ce qu’il en serait de leur sort, y compris celui de Anna, nous avions juste une certitude, c’est qu’il fallait arriver au plus vite à domicile pour débarrasser nos bagages remplis de produits palestiniens avant une éventuelle perquisition de la police. Sur le chemin, nous avons pu observer des camions de l’armée stationnés, prêts à intervenir si tout mouvement populaire venait à se soulever. J’étais vraiment très inquiète pour elleux.
Grâce à sa coopération, Anna fut reconduite près de New Cairo où son frère a pu la récupérer. Nous apprendrons plus tard que le reste de nos camarades marcheur·euses arrêté·es à El Shorouk fut également reconduit au Caire. Cependant, celles et ceux qui ont pu atteindre la ville d’Ismailia ont connu une répression et un calvaire honteux.
Iels ont été autorisé·es à passer deux checkpoints, puis, au troisième, ont été battu·es par la police et une milice appelé Bateldjia qui n’a fait aucune distinction entre hommes et femmes lorsqu’elle usait de ses matraques pour frapper des marcheur·euses désarmé·es et pacifiques.
Nous apprendrons également que certain·es des membres de la délégation, notamment suisse comme le docteur Hicham El Ghaoui ainsi que son épouse, et Manuel Tapial de la délégation canadienne, furent interpellé·es, arrêté·es pendant 72h puis expulsé·es du pays. Le petit-fils de Nelson Mandela s’est vu quant à lui confisqué son passeport.
La chasse aux sorcières
Aucun·e d’entre nous n’était désormais en sécurité en Egypte. Les membres du personnel hôtelier avaient pour ordre de signaler tout étranger. Les arrestations violentes ont perduré jusqu’à notre retour en France le 18 juin. Nous apprendrons par la suite que le Mossad a participé aux arrestations et interrogatoires.
Par mesure de sécurité, mes camarades et moi avons quitté Le Caire. Nous avons pris un hôtel pour nos 4 derniers jours dans un endroit touristique comme Gizeh, aux pieds des pyramides afin de nous fondre dans le décor et retrouver d’autres marcheur·euses. J’ai pu retrouver une marcheuse, Imany. Au début, chacune de nous se méfiait de l’autre tant la pression de la surveillance était pesante. Parfois, nous avions même la sensation d’être suivies. Nous apprendrons plus tard que ce n’était pas qu’une sensation.
En effet, Imany était souvent interrogée par un homme qui prétendait être en panne de voiture, et se voyait donc dans l’obligation de séjourner temporairement dans son hôtel. Elle le retrouvait parfois dans des lieux qu’elle visitait. Mais c’est le jour de son départ pour l’aéroport qu’elle eut confirmation de ses intentions. Il affirmait quotidiennement devoir attendre que sa voiture soit réparée pour pouvoir quitter l’hôtel. Et pourtant, c’est bien le jour du départ d’Imany qu’il décide de partir lui aussi. Où est la voiture ?…
Il n’y avait plus d’espoir que la marche puisse avoir lieu. Mais c’était sans compter sur notre ténacité et le fait que nous ayons continué à protester à notre manière jusqu’à notre arrivée sur le sol français… Il n’y a pas eu un site touristique où nous n’avons pas brandit drapeau palestinien et keffieh, et notre embarquement à l’aéroport fut au son de la Palestine, au plus grand désarroi de l’unique et seule sioniste de l’avion !
Comment expliquer la position du gouvernement égyptien, et pourquoi autant de violence envers des personnes aussi pacifistes que les soutiens du peuple palestinien ?
Il est important de rappeler que le mouvement Global March To Gaza ne s’est pas fait de manière sauvage. Chaque représentant des 50 pays participants au mouvement s’est rapproché du gouvernement égyptien afin d’obtenir les autorisations nécessaires. Bien que chaque ambassade égyptienne ait soutenu le mouvement sans ambiguïté, le gouvernement égyptien ne s’est lui prononcé ni en faveur ni contre la marche.
Plus de deux mois.. plus de deux mois d’interpellation du pouvoir en place par mails envoyés par chaque marcheur·euse, par courriers recommandés envoyés aux autorités compétentes et pas l’ombre d’une réponse concrète de la part du gouvernement de Sisi !
Rien ne justifie la violence infligée aux marcheur·euses à qui des visas ont été octroyés pour entrer sur le territoire égyptien. L’Égypte était au courant de tout, elle ne peut donc ignorer comme elle l’a fait, les multiples demandes d’autorisations de marcher jusqu’à Rafah. Nous savons que Netanyahu lui-même a fait pression pour nous barrer la route. Alors qu’est ce qui explique cette soumission à Israël, cet État génocidaire ?
Ce qu’il faut savoir en ce qui concerne l’Égypte c’est que son tourisme est en déclin. Le pays ne produit presque rien et ne survit que grâce à ses relations commerciales, notamment celles avec Israel. C’est uniquement pour des raisons économiques que le gouvernement égyptien se soumet aux désirs de Netanyahu, laissant mourrir le peuple palestinien, notre peuple frère.
La marche du 12 juin ne fut que la première page écrite de l’histoire du mouvement Global March To Gaza. La semaine dernière, du 20 au 29 juin, les marcheur·euses ont été appelé·es à se rendre à Bruxelles. Et iels étaient à nouveaux des milliers à faire le déplacement pour interpeller sur le génocide en cours à Gaza, tous les chefs d’États, réunis les 26 et 27 juin à l’occasion du Conseil européen.
Le combat continue. Pas de paix dans le monde sans justice en Palestine. Tant que la Palestine ne sera pas libérée nous ne serons pas non plus libéré·es. Ce combat est un combat pour l’humanité toute entière.
Free Palestine.
Par Meriem HADJAL, militante pro-palestinienne, insoumise, féministe et décoloniale