Tarifs qui augmentent, publicités gênantes, partage de comptes interdit... Les plateformes de streaming imposent de plus en plus de contraintes. Si certains utilisateurs leur restent fidèles, d'autres résilient leur abonnement.

L.G. - Aujourd'hui à 09:45 - Temps de lecture :

La plupart des plateformes ont augmenté le prix de leurs abonnements ces derniers mois. Photo Sipa/Sopa Images

La plupart des plateformes ont augmenté le prix de leurs abonnements ces derniers mois. Photo Sipa/Sopa Images

« Je réfléchis sérieusement à supprimer mon abonnement » : grince Grégoire, un habitant de Niederbronn (Bas-Rhin) de 65 ans qui a répondu à notre appel à témoignages. Comme lui, de nombreux Français ne supportent plus les contraintes croissantes imposées par les plateformes de streaming.

Tous les géants du secteur ont fait grimper leurs tarifs depuis leur création. En avril, Netflix annonçait une nouvelle hausse. Plus récemment encore, c'est Spotify qui a augmenté le coût de ses abonnements.

Les prix en hausse, la qualité en baisse

Pendant que les prix bondissent, la qualité du service, elle, a tendance à se dégrader. Les formules classiques disparaissent, au profit d'abonnements "low cost" avec publicités, ou "premium" sans coupures. Sur certaines plateformes, regarder une vidéo en haute définition vous coûte plus cher, comme la possibilité de pouvoir télécharger un contenu pour le regarder hors connexion. Deux options autrefois gratuites.

Face à la multiplication des plateformes, certains pensaient avoir trouvé la parade, en partageant leurs comptes. Mais ceux qui voulaient faire des économies ont vite déchanté : après Netflix, c'est Disney+ qui a récemment interdit cette pratique... sauf à payer davantage.

« Les prix deviennent prohibitifs », estime Violette, une Messine de 22 ans excédée par les restrictions mises en place. Elle évoque notamment les étudiants « qui se retrouvent à devoir prendre un abonnement séparé parce que leur lieu d'études les oblige à emménager loin du domicile parental ».

Tous « prisonniers » ?

Mais la jeune femme le reconnaît : « Les plateformes sont devenues indispensables pour regarder des films et séries. » Pour plusieurs de nos lecteurs, cela s'explique par la faiblesse de l'offre télévisuelle. Nadine, une sexagénaire de Mâcon (Saône-et-Loire), trouve par exemple les programmes des chaînes « désastreux » et regarde Netflix « tous les jours ».

Serions-nous devenus « prisonniers » des plateformes SVOD et de streaming musical, comme le suggère "Fl9" (nom d'emprunt), un Parisien de 55 ans ? Les Français possèdent en moyenne 3,2 abonnements à des contenus numériques, selon la dernière étude Submix de BearingPoint. Parmi eux, nombreux sont ceux à ne pas pouvoir s'en passer : la moitié des abonnés Netflix juge par exemple ce service indispensable.

« Les abonnements ne sont plus seulement une question d’usage. Il y a une vraie dimension sociale, parfois même affective », relève Jonathan Lalinec, le cofondateur de Spliiit, un service d'abonnement collaboratif. « Pourtant, une part significative des utilisateurs commence à prendre du recul », poursuit-il, et sont prêts à abandonner les conversations à la machine à café sur la dernière série tendance. Ainsi, près de la moitié des utilisateurs de plateformes payantes seraient prêts à se désabonner si les prix augmentaient de 10%, affirmait en début d'année BearingPoint.

Des offres groupées pour économiser

Benoît, un Toulousain de 51 ans, a déjà sauté le pas « après les augmentations successives de l'abonnement Spotify » et ne regrette pas son choix, qui lui a permis de « ressortir CD et livres et de réécouter la radio ». Anaïs, une Côte-d'Orienne de 26 ans, réfléchit elle aussi à « revenir aux essentiels » et à abandonner ces « écrans qui individualisent notre société ».

Mais d'autres ne sont pas prêts à lâcher leurs programmes préférés et ont trouvé d'autres solutions. Certaines sont illégales (IPTV pirates), quand d'autres relèvent du bon sens. Jeanne, de Montbard (Côte-d'Or), « change régulièrement de plateformes au lieu de les cumuler », ce qui lui permet d'économiser. Benoît le Toulousain prend lui aussi « un abonnement pendant un mois pour regarder quelques nouvelles séries », avant de le résilier.

Raphaël, de Ruffey-lès-Echirey (Côte-d'Or), passe lui par une plateforme qui cumule offre un accès à plusieurs services de SVOD. « C'est tellement plus simple de tout avoir en un seul endroit avec un seul abonnement », abonde Emma, 22 ans, de Champagne-sur-Vingeanne (Côte-d'Or).

Dans le dernier rapport Submix, Nicolas Reffait, associé de BearingPoint, pointait justement « l'intérêt croissant pour les abonnements à des offres groupées combinant plusieurs services ». Et si c'était ça, le futur du streaming ?