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Depuis plusieurs jours, les titres des grands médias résonnent de la même façon : « L’Iran a attaqué Israël. Israël a le droit de se défendre ». Cette phrase, répétée en boucle, s’est imposée comme évidence. Pourtant, elle repose sur un raccourci historique, une inversion des responsabilités et un mépris profond des faits.
Ce qui s’est passé le 13 juin 2025 est sans ambiguïté : Israël a mené une opération militaire de grande envergure contre des sites iraniens, incluant des centres de recherche nucléaire, des bases militaires et des universités scientifiques. L’attaque a causé la mort de plusieurs dizaines de personnes, dont des scientifiques civils et des hauts gradés de l’état-major iranien. Ce sont ces frappes israéliennes, qualifiées de « préventives », qui ont provoqué la riposte iranienne par missiles sur Tel-Aviv et Jérusalem. L’ordre des faits est clair. C’est Israël qui a attaqué le premier.
Ce modèle narratif n’est pas nouveau. Depuis des années, Israël a méthodiquement conduit des opérations clandestines contre l’Iran : assassinats de scientifiques nucléaires (dont Mohsen Fakhrizadeh en 2020), cyberattaques (virus Stuxnet co-développé avec les États-Unis), sabotages d’infrastructures (Natanz, 2021). Là encore, l’Iran n’a jamais répliqué par une attaque directe sur le territoire israélien. Il a choisi la patience stratégique.
Attentat du Mossad par Mayenne Aujourd’hui.Loin d’être une dictature belliqueuse sans stratégie, l’Iran a élaboré une politique d’influence par proxy (Hezbollah, Hamas, Houthis) et a évité toute confrontation directe. Contrairement à certains voisins (Irak, Arabie Saoudite), l’Iran n’a jamais déclenché de guerre moderne. Il a été attaqué, isolé, sanctionné, mais n’a jamais envahi.
Dernières attaques contre l’Iran.L’histoire contemporaine du Moyen-Orient renforce cette grille de lecture. Le coup d’État de 1953 contre Mossadegh, orchestré par la CIA et le MI6, a installé une dictature pro-occidentale. La guerre Iran-Irak (1980-1988) a vu les puissances occidentales soutenir Saddam Hussein. Les moudjahidines afghans, soutenus par les États-Unis dans les années 80, ont engendré les Talibans. Ce sont ces interventions qui ont posé les fondations du chaos actuel. Prétendre aujourd’hui que le désordre régional vient d’une théocratie hostile est une déformation volontaire.
Ce qu’on appelle « propagande israélienne » repose sur des schémas simplistes et manichéens : Israël serait perpétuellement en danger, l’Iran un État irrationnel aux volontés apocalyptiques. Mais les faits contredisent cette caricature. L’Iran a développé son programme nucléaire sous supervision de l’AIEA jusqu’en 2018. Le JCPOA, accord multilatéral, l’avait figé. Ce sont les États-Unis qui s’en sont retirés unilatéralement, relancé les tensions, soutenus par Tel-Aviv. Dès lors, toute logique diplomatique fut balayée.
Alors qui déstabilise réellement la région ? Un pays souverain attaqué (l’Iran), entouré de bases militaires américaines, ou bien ceux qui interviennent sans autorisation, imposent des sanctions extraterritoriales, violent la souveraineté des autres États ? L’Iran ne cherche pas la guerre. Mais à force d’être attaqué, il réplique. Et comme tout pays souverain, il attirera à lui des alliés : Russie, Chine, Corée du Nord. La perspective d’une guerre régionale, voire mondiale, se dessine.
Israël, par sa politique de surenchère militaire, risque de s’isoler durablement. Ce pays, fondé pour garantir un refuge à son peuple, prend aujourd’hui le risque de se faire haïr à l’échelle planétaire. À vouloir tout imposer par la force, on finit par ne plus exister que dans la peur.
Toutes les guerres se font au détriment des civils. Ce sont eux qui meurent, qui fuient, qui paient. La guerre n’est jamais la solution. Elle ne redresse pas les torts, elle les multiplie. Elle n’est pas justice, mais vengeance.
L’Europe, par sa politique de l’Union, a abandonné la diplomatie au profit d’une posture d’alignement. Elle condamne sans nuancer, se rallie sans même comprendre. Pourtant, elle n’en a plus les moyens ni la cohérence. Sommes-nous prêts à tout sacrifier ? Notre sécurité, notre autonomie, notre paix intérieure ? Avons-nous encore le droit de choisir la paix ?
Il ne s’agit pas ici de défendre le régime iranien, ses répressions internes ou ses choix idéologiques. Il s’agit de rétablir une vérité brutale : l’opinion publique occidentale est en grande partie manipulée. Le discours dominant sur l’Iran est biaisé, tronqué, stratégiquement orienté. Quand un pays défend sa souveraineté face à des agressions répétées, il est désigné comme l’agresseur.
Il est urgent d’ouvrir les yeux. Non pas pour soutenir un camp, mais pour rétablir les faits, déconstruire les narratifs, et retrouver une boussole morale dans la lecture des conflits. La désinformation n’est jamais un accident. C’est un outil de guerre.
C’est l’Occident, faut-il le rappeler, qui joue depuis des décennies à l’apprenti sorcier au Moyen-Orient. Il a défait des nations, détruit des républiques laïques, installé des régimes islamistes ou autoritaires à sa convenance, en échange de pétrole, d’accès stratégiques ou de gaz. Chaque fois que l’Occident s’est mêlé de la région, il a semé le chaos au nom de la paix, imposé la guerre au nom de la liberté. Ne nous y trompons pas : nous aurons notre part de responsabilité dans le chaos à venir. Et nous n’en sortirons pas indemnes.
Les dés sont jetés. Mais soyons lucides. Refusons les discours absurdes, les postures de chevaliers blancs. Vous n’êtes pas le preux chevalier sauvant la veuve et l’orphelin. Vous avez pactisé avec la faucheuse.
Pierre d’Herbais.
Sources :
Source : Mayenne aujourd’hui
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