C'était en septembre 2015. L'International Council on Clean Transportation (ICCT) en collaboration avec des chercheurs de l'Université de Virginie-Occidentale révélait que Volkswagen utilisait un logiciellogiciel trompeur dans ses véhicules diesel. L'objectif : contourner les tests antipollution américains et européens en faussant le niveau des émissionsémissions d'oxydes d'azoteoxydes d'azote, les fameux NOx.

Des chiffres glaçants sur la mortalité prématurée…

Près de 10 ans après, une étude menée par le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA) vient d'évaluer pour la première fois les conséquences sanitaires de ce logiciel frauduleux. Les auteurs ont mesuré l'impact sur la qualité de l'airair des émissions excédentaires des NOx produits par les véhicules diesel utilisant ce logiciel. Dans cette étude, le CREA a considéré comme émissions excédentaires celles dont le niveau dépasse plus de deux fois la limite légale. Et les chiffres font froid dans le dosdos !

L'organisme de recherche indépendant estime en effet qu'à l'échelle de l'Union européenne et du Royaume-Uni, cette fraude pourra avoir entraîné 205 000 décès prématurés et coûté 1 200 milliards d'euros entre 2009 et 2040. Pour la France, entre 2009 et 2024, le dieselgate aurait ainsi coûté la vie à 16 000 personnes. D'ici 2040, il pourrait causer la mort de 8 000 personnes supplémentaires.

Pourquoi les NOx sont-ils problématiques ?

Les NOx sont des « oxydes d'azote », une famille de composés chimiques comprenant le monoxyde d'azotemonoxyde d'azote (NO), le dioxyde d'azote (NO₂), le protoxyde d'azoteprotoxyde d'azote (N₂O), le tétraoxyde de diazote (N₂O₄), le trioxyde d'azote (N₂O₃). Le diesel produit naturellement plus de NOx que l'essence en raison de la manière dont le carburant diesel est brûlé dans le moteur.

Les NOx posent des problèmes à plusieurs titres :

• par leur action directe sur l'organisme, ils altèrent le système cardiovasculaire, exacerbent l'asthme, favorisent la bronchite chronique et altèrent le développement de la capacité pulmonaire des jeunes enfants ;
• ils sont une source majeure de particules finesparticules fines secondaires, des composés qui, en augmentant le stress oxydatif et l'inflammation, favorisent les maladies chroniques (maladies cardiovasculaires, respiratoires et neurologiques, diabète...) ;
• ce sont des précurseurs de l'ozoneozone, un gazgaz toxique pour l'appareil respiratoireappareil respiratoire.

Un coup monstrueux pour la communauté

L'étude estime en outre qu'entre 2009 et 2040, ces excès d'émission de NOx pourraient entraîner 152 000 nouveaux cas d'asthme chez les enfants européens, dont 26 000 en France, ainsi que 2,4 millions de jours d'arrêt maladie, principalement en raison de l'augmentation du risque de maladies cardiovasculairesmaladies cardiovasculaires, de maladies respiratoires, de cancers et de diabète. Le coût pour la France serait de 146 milliards d'euros (1 200 à l'échelle de l'Europe).

Si l'impact va continuer à se faire sentir, c'est parce que de nombreux véhicules équipés de ces moteurs frauduleux sont encore en circulation. Selon l'iCCT, il y en aurait 19 millions au niveau européen, dont 3 millions en France, pas seulement des Volkswagen, mais également Fiat, Peugeot, Renault, etc. Il s'agit des véhicules qui ont été vendus entre septembre 2009 et août 2019, qui étaient homologués Euro 5 et Euro 6, avant que des tests en condition de conduite réelle soient imposés.

Mettre fin au désastre… rapidement

Une intervention des gouvernements et des constructeurs automobilesautomobiles pour rappeler ces véhicules frauduleux encore en circulation en vue de les mettre aux normes ou encore pour les remplacer pourrait atténuer les conséquences sanitaires et économiques du dieselgate. À ce jour, ceci n'a pas été fait en France, à la différence des États-Unis. Selon les scientifiques du CREA, si la France contraignait les constructeurs à mettre ces véhicules en conformité ou à rembourser les propriétaires pour qu'ils puissent acquérir des véhicules aux normes, on pourrait éviter d'ici 2040, 8 000 décès prématurés, 8 000 nouveaux cas d'asthme chez les enfants, 800 000 jours de congé maladie et 45 milliards de pertes économiques.