J’ouvre les yeux au cimetière de Highgate, à Londres, où je reposais depuis près de cent cinquante ans. La pluie, le froid et la proximité avec le stade d’Arsenal (je suis supporteur de Tottenham) m’ont lassé. Il est temps de frotter ma cervelle à l’époque. Le capitalisme, qui portait en lui les germes de sa propre destruction, est-il tombé ? Je me dirige vers la taverne la plus proche, où j’avais coutume de retrouver John Stuart Mill (nous rigolions bien malgré les désaccords), les Charles (Dickens et Darwin) ou les Friedrich (Engels et Hegel). Leur absence emplit mon âme d’une mélancolie douloureuse. On me conseille d’aller en France, où je pourrai me lier d’amitié avec un certain Gabriel Zucman.

Dans l’Eurostar, je constate, rassuré, que personne ne lit les pavés ridicules d’Adam Smith ; à la place, chacun consulte des photos d’une certaine « Sydney Sweeney » sur son téléphone. Quel est ce nouvel opium du peuple ? Mon voisin lit un livre de Christophe Guilluy sur la France…