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Vers la fin du processus de création de Boost, son nouvel album, Robert Robert a senti « qu’il manquait quelque chose ». Il faut dire que la lourdeur des nombreuses dérives de notre époque plane au fil des premiers titres. « J’me sens comme un golden dans une meute de loups / élevé à coups d’Pixar dans un monde de fous », entonne-t-il dès le début du premier titre, Isa, donnant le ton pour la suite. « Y faut qu’ça s’arrête / C’est trop pour mon petit cœur de crevette », poursuit-il sur la chanson suivante, Kia Rio, qui évoque le sentiment d’être continuellement dépassé. « Sens-tu comme la Terre tourne pleine de pollen et de rage », illustre-t-il sur le troisième titre, Sisi, qui fait écho à l’indifférence généralisée face à tout ce qui ne tourne pas rond.
Ce qu’il manquait, c’est un rayon de lumière. C’est alors qu’il a eu la brillante idée d’inviter sur Boost une voix familière aux usagers de TikTok, celle de Sami Landri, drag queen acadienne qui cumule des dizaines de millions de visionnements grâce à ses capsules humoristiques subversives et pleines d’esprit. À mi-parcours de l’album, sur l’interlude Futur, l’alter ego de Samuel Landry intervient telle une coach de vie flamboyante venue nous rappeler que « le moment présent est iconic ».
Cette touche de légèreté et de ludisme apporte une véritable bouffée d’air frais à l’album. « Les thèmes que j’aborde sont quand même un peu dramatiques, concède en entrevue Robert Robert — Arthur Gaumont-Marchand pour les intimes. Pourtant, je suis beaucoup dans la dérision, dans la vie. J’ai besoin d’humour. Son speech m’a permis d’avoir accès à cette énergie positive et rassurante. »
Comme de fait, tout juste après les sages paroles de Sami Landri, qu’il a rencontrée après le spectacle de lancement de son précédent album, Bienvenue au pays, le musicien semble gagné par un certain laisser-aller. « Oh God / j’peux-tu juste vivre », répète-t-il comme un mantra sur le refrain de la chanson suivante, Oh God.
Tout est chaos
Robert Robert s’inscrit ainsi dans la mouvance de l’optimisme radical. « J’ai une fille de trois ans et trois quarts — le “trois quarts” est très important pour elle — et le monde est un peu crazy. C’est difficile de savoir sur quel pied danser par rapport à ce que le futur va amener. C’est difficile de comprendre vraiment quelle est notre place. Ce que j’ai appris récemment, en grandissant, c’est qu’à travers tout ça, peu importe le chaos dans lequel on se trouve, l’amour qu’on ressent pour nos proches, nos amis et notre famille ne change pas. »
Imprégné de ce mélange doux-amer entre espoir et désenchantement, Robert Robert a plongé tête première dans la création de ce nouvel album en se délestant de toute distraction. « Ça prend de l’adversité pour que l’espoir apparaisse, poursuit-il. Je ne voulais pas célébrer la détresse, je voulais plutôt célébrer l’espoir qui en découle, faire en sorte de se rappeler que, peu importe ce qui se passe, il y aura toujours quelque chose pour nous réunir, nous faire sentir bien, nous donner de l’énergie et nous permettre de continuer à faire partie de ce monde de fous. »
Résolument rassembleur, Boost débute en force par ses titres les plus entraînants, question de rendre invitant cet album soigneusement réfléchi, explique l’artiste trentenaire. « Si tu commences avec quelque chose de vraiment fort, après ça, tu peux te permettre ce que tu veux : les gens sont déjà dans ton univers et ils embarquent. »
À cet égard, Robert Robert compare la progression de son album à celle d’un film : on y découvre d’abord des personnages, on suit un arc narratif, puis on s’imprègne d’une atmosphère. C’est pourquoi, malgré son rythme enivrant, l’irrésistible chanson Pourvu, en duo avec Virginie B, s’est glissée parmi les derniers titres. « Elle est clairement plus énergique, mais je trouve qu’il y a un petit côté dark dedans, dit-il. Si elle était arrivée plus tôt, ça aurait créé un mood plus sombre. Elle feel plus mélancolique en étant à la fin. »
Faire la paix avec l’électro-pop… et avec Ke$ha
Voilà maintenant quatre ans et trois albums solos — en plus de la trame sonore de la série L’air d’aller — que Robert Robert a troqué ses platines de DJ pour se consacrer à la chanson. « Ça a plus de sens pour moi de faire ça », réfléchit-il à voix haute, se disant heureux d’avoir réussi à se tailler une place dans l’écosystème musical québécois.
Sur Boost, il continue d’innover sur le plan musical. « J’ai vraiment fait beaucoup de musique sur mon ordi dans la vie. J’ai été obsédé par ça pendant genre plus de dix ans. À un certain point, j’étais comme : bon, il faut que je me challenge. Il faut que j’aille à quelque part de nouveau. Comment je fais pour que ce soit différent ? » La réponse est passée par l’échantillonnage ainsi que par l’expérimentation en studio avec son coréalisateur Benoit Parent, ce qui lui a permis de superposer des couches d’instrumentations acoustiques à ses textures électroniques pour former un tout cohésif qu’il préférerait qu’on qualifie autrement que par le terme « électro-pop ».
En effet, dans une précédente entrevue au Devoir, Robert Robert a fait part de son aversion pour cette appellation fourre-tout. Sans y avoir pris goût, il accepte davantage que sa musique soit qualifiée ainsi. « Quand je pense à l’électro-pop, je pense à Ke$ha, dit-il avant d’étayer sa pensée. Ceux qui font du techno ou du punk ont plus tendance à assumer leur genre, mais dès que tu rentres dans une certaine sphère indie, ça se complique. Moi, je puise dans une palette de styles pour essayer de créer quelque chose de différent, d’unique. Dans ma tête, ce n’est pas un genre spécifique, mais, en même temps, c’est de l’électronique et c’est de la pop. Au final, je ne pense pas que le public trouve que ma musique sonne comme du Ke$ha de 2011. Et c’est nice, du Ke$ha de 2011, j’adore ça ! »
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