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Les adhérents des Républicains (LR) ont été amené à élire leur nouveau président. Ici, pas de ligne tranchée, d’orientation stratégique choisie au lieu d’une autre : les deux adversaires, le député Laurent Wauquiez et le ministre Bruno Retailleau ont, pendant des semaines, mené une course à la proposition la plus raciste, réactionnaire, outrancière. Déportation des personnes […]
Les adhérents des Républicains (LR) ont été amené à élire leur nouveau président. Ici, pas de ligne tranchée, d’orientation stratégique choisie au lieu d’une autre : les deux adversaires, le député Laurent Wauquiez et le ministre Bruno Retailleau ont, pendant des semaines, mené une course à la proposition la plus raciste, réactionnaire, outrancière. Déportation des personnes sous OQTF à St-Pierre-et-Miquelon pour le premier, dissolution d’organisations antifascistes et pro-palestiniennes pour l’autre, le tout sous le regard bienveillant des médias mainstream.
Le parti revendique près de 100 000 votants : il a pris l’habitude de faire voter les morts et les chiens, sans préciser si ceux-ci ont préféré Retailleau ou Wauquiez. L’enjeu n’est pas tant la présidence du parti en elle-même, mais bien qui pourrait porter les couleurs de la droite extrémisée à l’élection présidentielle de 2027. A 74 %, score écrasant, les « Républicains » ont confié les clés du parti au sénateur vendéen, tenant d’une ligne réactionnaire (en bon disciple de Philippe de Villiers), libérale économiquement, et très autoritaire. Notre article.
« Je n’avais pas d’adversaire » (Retailleau)
Une humiliation, une raclée… Les commentateurs n’ont pas manqué de qualificatifs à propos du score de L. Wauquiez, 26 %, et on peut difficilement bouder son plaisir, surtout après son débat face à Manuel Bompard une semaine avant le vote. On ne peut que sourire du pathétique et du manque de flair politique de l’ancien président de la région Auvergne-Rhône-Alpes : il est, depuis 2019, constamment brisé dans ses élans vers la présidentielle. Il imaginait en septembre avoir un boulevard pour prendre la tête du parti… C’était sans compter ses nombreuses erreurs et une sombre affaire de dîners onéreux payés par le contribuable à ses amis.
C’est aussi sans compter sur le nouveau ministre de l’Intérieur, B. Retailleau, qui ne boude pas son plaisir après son écrasante victoire : en entrant au gouvernement, il a relancé (et gagné) la « guerre des chefs » à droite, dans un parti cependant fragilisé après le départ de Ciotti et ses fidèles en juin 2024 pour s’allier au Rassemblement national. Dans son allocution de victoire, le nouveau président de LR a déclaré ne pas avoir d’adversaires : une manière de dire que L.Wauquiez et lui sont dans le même camp… mais aussi de rappeler le score minable de ce dernier : il n’y a pas eu de match.
Pour aller plus loin : Jean-Luc Mélenchon en meeting de soutien à la Jeune Garde et Urgence Palestine ce soir à Paris
Quelle place pour LR sous Retailleau ?
Le ministre de l’Intérieur est-il capable de réaliser de fait une « union des droites » ? Dès dimanche soir, Retailleau a assumé que sa principale adversaire était la « gauche mélenchonisée », signe que c’est bien une gauche de rupture qui est la seule à réellement effrayer la droite et l’extrême droite. Tandis que la gauche molle, bourgeoise, sociale-libérale n’a aucune chance dans un contexte de droitisation de l’échiquier politique « classique » : tenter d’amener au centre-gauche des électeurs macronistes en pleine droitisation ne sert à rien.
Autre signe de possible convergence, la main tendue à Retailleau par Edouard Philippe, président du parti Horizons, centrale de recyclage d’anciens élus LR macronisés. Mais des obstacles se dressent entre l’ancien Premier ministre et l’actuel ministre de l’Intérieur, notamment celui, encore une fois, de la « guerre des chefs », mais aussi un enjeu plus politique.
En effet, si les cadres du Rassemblement National (RN) se montrent relativement indulgents avec Retailleau, c’est bien par crainte que celui-ci ne siphonne leur électorat, séduit par sa ligne autoritaire, raciste et réactionnaire, mais aussi libérale économiquement. D’autant que les lepénistes se trouvent eux-mêmes divisés sur la stratégie à suivre : alors que Marine Le Pen tente d’élargir son socle électoral, Jordan Bardella tente de séduire les électeurs de la droite plus classique, plus bourgeois et autrefois tentés par Macron et/ou Fillon.
Or, Retailleau ne peut prétendre à se rallier d’un côté des électeurs centristes, tentés par Edouard Philippe ou Gabriel Attal, et d’un autre côté les partisans de Le Pen ou de Zemmour. C’est bien ces derniers que le vendéen a prévu d’aller chercher, au vu de sa ligne idéologique et de ses déclarations, pour se poser en champion des conservateurs et réactionnaires (et des racistes) face à la « gauche mélenchonisée ». Chiche.
Pour prétendre à être une candidature « de synthèse », d’union des droites, B. Retailleau devrait entamer une profonde restructuration de son parti (un changement de nom en vue ?), pour le transformer en écurie pour le lancer dans la course présidentielle. Et ces transformations internes, déjà pas une mince affaire, devront s’accompagner par un renouveau idéologique et programmatique capable de satisfaire des centristes/macronistes aux électeurs du RN les plus fraîchement convertis à l’extrême droite.
Pour un parti qui n’a pas brillé par son apport idéologique ces dernières années, mener un tel chantier en 2 ans paraît impossible. D’autant que Retailleau n’est pas à une contradiction près.
Retailleau entre deux chaises
Pendant toute sa campagne interne, le ministre a tenté de se faire passer pour… un opposant à Emmanuel Macron, alors que depuis septembre, il est à la tête de l’appareil répressif, dans un gouvernement nommé par le même Président Macron. Il n’est que le symptôme de la radicalisation (à droite toute) du bloc bourgeois, de cet extrême centre qui resserre les vis autoritaires d’une hégémonie de plus en plus contestée.
Ainsi, s’il veut espérer incarner une droite plus néolibérale, plus réactionnaire, plus autoritaire, en un mot plus « efficace » pour le capitalisme que Macron et ses héritiers, Retailleau devra résoudre cette contradiction. Soit en attendant que le gouvernement Bayrou se fracasse sur une opposition parlementaire (si le PS se décide à censurer Bayrou par exemple…)… soit en provoquant carrément la chute du gouvernement, du haut de sa stature de président de LR, quand l’occasion se présentera. Pour cela, il devra passer par les députés de son parti, dirigés par un certain… Laurent Wauquiez.
Bruno Retailleau affiche ses ambitions : être le candidat de la droite extrémisée à la prochaine élection présidentielle. Et même s’il ne parvient pas à la magistrature suprême, une autre de ses ambitions est de reconstruire un parti entre les macronistes et le RN suffisamment solide pour continuer à jouer les « faiseurs de rois », même après une hypothétique prise du pouvoir par le RN.
Mais jouer avec le feu, en proposant ses services à l’extrême droite en faisant valoir une « expertise technique » que le RN n’a pas, est dangereux. Les droites italienne et allemande d’il y a un siècle s’en sont mordues les doigts.
Par Alexis Poyard